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Bien-Aimée, toi qui portes si bien ton nom !
Posté par fuchinran le 20/08/2004 07:48:34
Ljubljana, capitale méconnue aux multiples visages, au carrefour de deux Europes...

Si la Slovénie mérite sans conteste cette qualification « d'Europe en miniature » par la multitude de ses facettes chatoyantes et sa verte nature, sa capitale Ljubljana - prononcez le j « i » - en est sûrement l'un des plus séduisants et curieux condensés d'influences. Certes, ceux qui ont eu le bonheur de la parcourir dans ses coins profonds et ses incontournables références touristiques, pourront légitimement lui préférer le charme vénitien de petits bouts d'Adriatique nommés Piran et Kopper, les barrières du vertige du légendaire mont Triglav (« u » aux crêtes abruptes qui sont tout un symbole au coeur des Slovènes désireux d'y voir la source mythique de la Carniole, le monde des géants sublimes, « Palais des merveilles des profondeurs », que constitue l'univers souterrain de Postojna ou encore le féerique cadre de Bled avec son château médiéval accroché à une falaise surplombant un superbe lac aux eaux d'émeraude dont le miroir reflète les montagnes ! Mais Ljubljana, c'est bien autre chose encore ; une petite capitale originale dans la mesure déjà où elle est, comme tout le pays d'ailleurs, à dimension vraiment « humaine » - chose rare ! - avec à peine 280 000 habitants ce qui en fait l'une des plus petites capitales d'Europe ; une capitale-carrefour marquant de manière étonnante la frontière entre l'Europe méridionale et l'Europe centrale et surtout l'immersion dans une histoire omniprésence qui se dénote au détours d'une rue, des façades colorées et bien-sûr de chaque monument greffant çà et là des morceaux d'événements comme le passage de Napoléon, l'emprunte des dominateurs Autrichiens ou Allemands éternisés sur quelque place, statue ou colonne !


Nichée en plein coeur de la vaste plaine danubienne, à la croisée des chemins menant vers la Méditerranée, l'Europe Centrale et l'Est, tournée vers les cimes des Alpes Juliennes dressant au-dessus des sapinières, leurs pointes de roc et leurs coulées de neiges éternelles, Ljubljana donne spontanément le sentiment d'une cité ouverte et encore paisible au petit matin. Il est 9h en ce 26 Août 1998 quand nous abordons par l'autoroute venant d'Italie la dite capitale qui sera la première escale d'un séjour de 3 jours en ces terres méconnues. Et comme elle porte bien son nom... « La Bien-Aimée » ! Elle fut le lieu de résidence des Celtes, des Illyriens, des Romains qui la nommèrent Emona, puis des Slaves ; elle fut successivement sous autorité des Austro-hongrois, des Yougoslaves, des Italiens, puis à nouveau des Yougoslaves. Mais les Slovènes préférèrent tisser le mot amour dans le nom de leur capitale ! Ljubjana, il est vrai, par sa seule signification, est déjà tout un poème, ville d'amour plus que de désamour qui a conquis son indépendance sans grand fracas, ni stigmate de combats lorsque la Slovénie s'est libérée du joug serbe en 1991.

A l'instar de la plupart des villes d'Ex-Yougoslavie et notamment Zagreb, la capitale de sa voisine croate, Ljubljana, avec ses airs de ville de province, découvre la toile unique de toutes les cultures qui s'y sont mêlées depuis quelques 5000 ans... Toutes s'alternent, laissant leur marque et retraçant ces contours, vous ne pourrez qu'apprécier la Statue du Citoyen d'Emona sur la Place du Congrés ou bien les vestiges du Mur Romain près des eaux de la Ljubljanica. Cependant, Ljubljana a surtout conservé nombre de traces de la longue domination austro-hongroise et n'a pris son vrai nom que lors de la création de l'état fédéral, puisqu'elle s'appelait Laibach au temps des Habsbourg. Restée visiblement jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale une petite ville blottie au pied de son château, elle est née de lui, s'étendit sur l'éperon qui le supporte, mais a pris aujourd'hui des allures de métropole dynamique, gaie, animée dont les buildings géométriques dominent les vieux toits de tuiles brunes sans toutefois créer une impression d'anarchie ou d'écrasante modernité. Sans doute Ljubljana a-t-elle perdu de fait un peu de son charme romantique ? Quoiqu'il en soit, le touriste qui connaît un peu Vienne, Prague et Budapest, ne serait-ce que par cartes postales, retrouvera assurément en son centre quelques échos du cachet suranné Baroque et «Rococo» signant ces trois splendides cités et les vieux monuments de Ljubljana où le baroque se mêle au classique sauront, à n'en pas douter, retenir votre attention.


D'un point de vue pratique, l'un des principaux atouts de Ljubljana est son accès facile en voiture jusqu'au coeur historique, sa petite taille et sa concentration de monuments sur un périmètre réduit qui permettent de l'explorer rapidement et presque entièrement à pied, après avoir laissé votre véhicule dans l'un des parkings (comptez 5F/h environ) proches du centre. Ainsi, attaque-t-on le périple avec le fleuron de la ville, son château, bâti au sommet d'une colline abrupte de quelques centaines de mètres qui est le premier de tous s'imposer dès que l'on pénètre dans Ljbljana... Rude est l'ascension vers cette forteresse médiévale datée du XIIème s dont les fondations et bâtiments actuels trouvent leurs origines vers la fin du XVème et XVIème s et sont ouverts à la visite pour quelques 400 Tolars par personne (25F). Comptez une ronde demie-heure dans des intérieurs assez dépourvus de richesses et donc décevants pour les 4 ou 5 salles proposées, mais une fois vaincues les 150 marches de l'imposante tour, après une promenade sur une plate-forme qui fait le plaisir des amoureux, vous y jouirez d'un panorama impayable de la cité, de très belles vues des Alpes de Kamnik et au-delà sur les crêtes dentelées des Alpes Juliennes !

A l'ombre du puissant Château, véritable fierté de Ljubljana, la Vieille Ville de pavés se prélasse confortablement, sur les bords de la tranquille Ljubljanica, où les saules pleureurs, un rien mélancoliques, penchent leur verdoyante chevelure ... Ljbljana a conçu ses berges apainsantes, pour la promenade, les ponctuant de bancs propices aux discussions ou aux rendez-vous de tourtereaux. Dès le printemps et en été, dans ce poétique et charmant cadre longeant la "Spika", fleurissent à côté des bateaux- restaurants, les petits cafés bondés dès 10h qui donnent lieu à une valse de déménagements comiques de tables, chaises et parasols un peu sur le modèle des cafés de la capitale autrichienne s'improvisant chaque matin dans les rues ! Outre le délicieux thé au sipak (hibiscus) assorti de sa rondelle de citron, je vous suggère de déguster un « kava », café à mi chemin entre le viennois et l'expresso italien agrémenté de sa noire mignardise chocolatée (3-4F) qui ravira les amateurs avec son goût légèrement corsé et sa petite mousse onctueuse ! Aux alentours, rues et ruelles évoquent un décor d'opéra qui là aussi ne va pas sans rappeller Vienne et cette impression que le temps a marqué les murs et s'est presque arrêté pour que l'on en capte son emprunte ineffable. Non moins évidente, l'influence austro-hongroise se dénote à chaque coin de rue, au travers, par exemple, de l'architecture de l'Hôtel de Ville, sa tour d'horloge restaurés au XVIIIème s dans le style baroque qui côtoient la Fontaine aux Trois Rivières Carnioliennes de Francesco Robba, floraison du Baroque Italien, ainsi que d'anciens palais comme celui des Chevaliers de la Croix, les Palais Gruber et les anciennes demeures aristocratiques subsistant autour de la Stari Trg. Imaginez alors une grande place municipale dont les quatre coins sont formés par le Théâtre National, la Philharmonie, la Bibliothèque et le Musée National. Ajoutez-y encore l'Opéra, la maison centrale de la culture "Cankarjev Dom", le Musée d'Art Moderne, le Centre International d'Arts graphiques et une foule de cinémas. Voilà justement ce qui fait de Ljubljana une capitale à part entière dont les petites rues latérales abritent galeries d'art privé, lieux de concert improvisés et scènes expérimentales. Passage obligé, Presernov Trg, avec l'église de l'Annonciation et la statue de Preseren, relient le coeur ancien aux quartiers neufs. Charmantes, les églises dont les clochers à bulbes à l'autrichienne conjuguent leur esprit baroque à des façades à l'italienne, ponctuent le paysage du centre rappelant la prégnance du catholicisme dans le pays.

Depuis Presernov Trg, en franchissant le triple pont, vous découvrirez la colonnade Plecnik, passage couvert qui longe la rivière et mène à l'un des endroits à mon sens les plus pittoresques de la ville, le marché de la place Vodnikov, celui en plein air sur Pogarcarjev Trg où l'on peut avec un peu de chance découvrir les habitants en costumes d'époque proposer pour pas cher leurs productions naturelles. D'ailleurs, peut-être est-ce sur ce marché que nous (mes parents, ma grand-mère et moi) avons le mieux apprécié les contrastes d'ambiance qu'offre la capitale slovène. Ce qui surprend, à vrai dire, devant ces rustiques scènes si représentatives d'un quotidien ayant bien peu cédé à la modernité, c'est précisément le décalage que l'on éprouve au contact du peuple slovène entre l'atmosphère froide et presque méfiante qui nous avait assaillis dès le franchissement de la frontière jusqu'aux portes de Ljubljana et celle, tellement plus chaleureuse, qui émane de cette fourmilière de monde s'agitant, piaillant autour des étals et se livrant à un sympathique racolage pour faire découvrir les spécialités locales de fromages, charcuteries fumés, légumes, gourmandises ou divers champignons ! Arrêtez vous surtout auprès de l'une des marchandes de 4 saisons pour vous offrir pour quelques Tolars un petit bouquet d'herbes fraîchement cueillies au parfum enivrant ! Nulle part ailleurs vous n'en trouverez de pareilles !


Je ne saurais trop dire que Ljubljana est Belle avec un grand B, ni exceptionnelle sur un plan strictement esthétique comme je le dirais de Vienne ou de Prague où chaque page d'histoire semble métamorphosée en oeuvre d'art et chaque pierre nous parle pour nous faire rêver, mais « La Bien-Aimée », il faut le reconnaître, est une ville pleine de curiosités qui a tout pour séduire du fait surtout de sa vie intérieure grouillante de monde, favorisée par une circulation majoritairement piétonne ! L'Histoire est vivace à Ljubljana. On en sent l'emprunte partout, presque à chaque pas, serais-je tentée de dire et avec un peu d'intérêt et quelques connaissances de l'histoire de ce pays, vous apprécierez, je pense, la densité du contraste qui semble la signature des villes ex-yougoslaves - sentiment que j'ai aussi gardé, d'ailleurs, de Zagreb et de Split en Croatie - ! Ainsi, trouve-t-on notamment sur la bien-nommée « Place de la Révolution française » le souvenir des quelques années de présence napoléonienne qui libéra illusoirement Ljubljana de la tutelle autrichienne et fit jaillir un obélisque avec les cendres d'un soldat inconnu de l'armée impériale et l'épitaphe de son sacrifice « pour la gloire de ton empereur et pour notre Liberté ». Il semble, de même, évident que vous ne puissiez quitter Ljubljana sans avoir traversé, au moins une fois, l'un des symboles de la capitale et son plus fameux pont : le pont du Dragon où une vieille légende prétend que de dernier remue la queue chaque fois qu'une vierge traverse ce pont ... Donnerez vous raison ou tort au mythe du gardien de la Bien-Aimée ? Je n'ose imaginer au lendemain de ses fiançailles l'amoureux traversant le pont du Dragon avec sa bien aimée à lui et constatant que la bestiole ne bronche pas d'un pouce ? Ah ! la ! la ! Première scène de ménage en perspective ;o)))

Cependant, le hasard est encore le plus sûr moyen d'être surpris par les petites rues et l'architecture si variée où l'on lit sur les ponts quais, statues et multiples colonnes les noms fameux de Plecnik, Fabiani, Vurnik et autres ! Laissez vous aussi charmer par les façades blanches, jaunes et rosées dont la remarquable façade de la banque coopérative dans la « Ulica Miklosiceva Cesta » (1922), les nombreux commerces traditionnels ayant conservé leurs vieux blasons ou encore les cafés et petits restaurants, où sur le coup de midi, vous pourrez casser la croûte pour une vingtaine de francs avec quelque Ajdovi Struklji, une entrée en guise de bûche de pain et de fromage, saupoudrée d'une sorte de cassonade non sucrée et arrosée d'un ( ou deux ?) ballon de Laski Rizling bien frais - un blanc sec « Sauvignon » de Maribor -! Et si l'estomac vous en dit encore, dans ce terroir riche de spécialités culinaires, cédez à la tentation d'un goulash de pleurotes ou de boeuf accommodé de Drobtinice (environ 50-60F), grosses boules de pain mouillé ou d'une succulente assiette de « janjenita », cette viande de porc ou d'agneau cuite à la broche que l'on retrouve sur toutes les routes d'Ex-Yougoslavie et qui sera parfaite avec une chope de Blonde «Union » pour les amateurs !


Quelques heures suffisent à sillonner le centre de Ljubljana. Autour des vieux quartiers, le baroque cède, ensuite, la place au style austère germanique du XIXème s dans les bâtisses et les universités - la première université yougoslave trouvant à ma connaissance ses origines à Ljubljana avec 40 Instituts -, tandis que les vieilles maisons disparaissent devant l'assaut des immeubles. Le parc Tivoli, silencieux, et plus loin les bois vierges de Roznik, vous arracheront à l'animation de la ville neuve. Celle-ci n'a guère d'attrait. A mon goût, du moins. Froide et peu surprenante même si le style ne ressemble pas vraiment aux images que l'on a des villes d'anciens régimes communistes, constituée de grandes artères sans relief et encombrée qu'elle est déjà par la circulation, il faut la parcourir néanmoins pour mesurer la relative prospérité d'un pays qui aspire à intégrer l'Europe Unie dont il semble si représentatif par la mosaïque de ses paysages. Au croisement, d'ailleurs, des deux principales et plus longues avenues de Ljubljana, aux noms symboliques de Trieste et Vienne, je pense que vous éprouverez, comme moi, ce mélange étonnant entre la riche tradition qu'offre le vieux centre et la pétulance des nouvelles idées et des affaires caractéristiques de toute capitale... !



Située à 1000km de la frontière de Nice-Menton et 1400 de la frontière suisse, reliée par tous les trains et compagnies aériennes européennes, accessible sans passeport, sans le moindre danger et d'un niveau de vie très raisonnable y compris pour les petites bourses, Ljubljana se veut une ville de caractère à la situation exceptionnelle aux carrefours des Europes, capitale riche de contrastes et amalgame d'influences ne laissant de surprendre. Attachante et plaisante à découvrir, fasse que « La Bien-Aimée » trouve les arguments pour conquérir les amoureux de voyages qui allient pittoresque, histoire et culture ! Bien que Ljubljana ne soit pas, il me semble, la destination la plus touristique de Slovénie, elle jouit d'infrastructures d'accueil très performantes avec de nombreux hôtels à tous les prix (entre 100F /nuitée /personne avec petit déjeuner de type autrichien et 400F pour les hôtels de haut standing). Selon de nombreux guides, la nuit à Ljubljana ouvre la porte aux oiseaux de toutes sortes, oiseaux tranquilles, amateurs de restos chics et cafés "art" héritiers des anciens cafés avec service discret et musique douce ou de discothèques animées jusqu'à l'aube ! Toutefois, je ne saurais trop vous conseiller de quitter la ville pour préférer les abords et les auberges de campagne et chambres d'hôtes (50F par personne en moyenne) à une vingtaine de kilomètres à peine en directions du Nord-Ouest ou de Maribor (vers la Croatie) qui vous offriront, dans le brouillard des marais, un cadre plus typique encore et une véritable immersion dans la Slovénie profonde, à la rencontre de ses habitants et de ses spécialités (je vous renvoie, si je puis me permettre à mon avis général sur la Slovénie) ... Alors, vadrouilleurs impénitents, prêts à embarquer ? Croyez-le bien, au coeur de la belle saison, vous ne regretterez sûrement pas d'avoir choisi Ljubjlana pour découvrir de nouvelles émotions et je serai, on ne peut plus heureuse, que mes mots aient aidé à vous laisser convaincre !!



Précisions : Hormis le Slovène, proche du croato-serbe (serbo-croate étant en alphabet cyrillique alors que le croato-serbe est en latin), la langue la plus communément parlée est l'allemand. Cependant, l'anglais est encore assez répandu à Ljubljana même !

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Re: Bien-Aimée, toi qui portes si bien ton nom !
Posté par vanity le 20/08/2004 07:48:34
Très bon aperçu de la ville...Sinon j'y suis allé ya deux ans et c vrai ke cette ville ne manque pas de charme surtout après un pique-nique dans le parc Tivoli...

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