Les voitures passent, pressées d'arriver je ne sais où. Personne ne fait attention à moi, cela ne me gêne pas, je ne m'interesse pas davantage à eux. Je contemple le fleuve du haut du pont, c'est si hypnotisant, je pourrais regarder des heures l'eau couler. Elle donne envie d'y plonger, on ne doit plus rien entendre des tumultes de la vie, sous l'eau. Cela doit être calme, calme et reposant. Me reposer, ça me ferait tellement de bien, depuis le temps que je me bats.
Contre moi même, contre les autres...
Je lutte contre tout ce que la vie me fait endurer, je lutte contre les autres qui ne se rendent pas compte du combat que je mène et que petit à petit je perds...
Chacun mène sa vie, sa "bataille" et tout le monde s'enfonce en fait. Les gens se vengent de la vie sur les autres sans savoir ce que les autres vivent déjà mais tout le monde s'en fout... On a tous eu besoin de quelqu'un, certains le trouvent, moi je ne cherche plus, je ne veux plus.
Ce fleuve est si tranquille, tout va dans le même sens, il n'y a qu'à se laisser guider par le courant... L'eau est froide mais son contact si bon, si reposant. Je lève la tête, les gens me regardent alors qu'il y a deux minutes, ils ignoraient mon existence... Mes membres s'engourdissent, ma vie prend l'eau, mes poumons aussi. Le calme m'envahit, enfin je ne pense plus à rien. Un dernier regard pour ces pauvres fous qui se battent encore pour si peu, pour retarder leur échéance... La vie est si mouvementée parfois et quand elle ne l'est pas, elle nous tue quand même par manque d'évènement... J'ai trouvé comment lui échappé...
Soudain, l'eau devient mouvementée. J'ouvre à nouveau les yeux. Un homme a plongé, il vient vers moi. Pourquoi vient-il me chercher ? J'étais si bien, je ne pensais plus à rien, ni à personne... Je ne comprends plus ce qui se passe, l'homme me tire, je lève les yeux vers le pont, je vois ma mère en larme. Mon dieu, qu'ai je fait ? Les images de tous ceux que j'aime me reviennent, comment pourrai-je leur faire ça ? Comment ai-je pu ? Je les aime et j'ai voulu les quitter, les faire souffrir autant que j'ai souffert jusque là... Ce n'est pas à eux de payer pour ce que j'ai subi, ils n'y sont pour rien.
Puis mon esprit s'engourdit, les images disparaissent. Je me sens si bien, mais je me réveille dans les bras d'une femme en pleurs, toujours en pleurs, et je pleure à mon tour. Elle n'avait pas compris, pas vu ma détresse mais maintenant elle le sait m'assure-t-elle. C'est la première fois que je la vois pleurer, je l'ai pourtant souhaiter tant de fois, je lui en voulais tellement. C'est à moi que j'en veux maintenant, terriblement... Je me rends compte, petit à petit, en arrivant à l'hôpital, que c'était une erreur, je le vois au regard de ma mère, je le comprends aux souvenirs qui me reviennent, j'en aurai d'autres des bons moments, maintenant je le sais. Il me faudra du temps pour y arriver, ce temps que je ne voulais pas prendre. Mais maintenant, je sais que je ne suis pas seule, et même si les gens qui sont autour de moi ne peuvent faire disparaître mes soucis, je sais qu'ils m'aiment, je l'avais oublié et c'est pourtant ce qu'il y a d'essentiel... Alors pour eux, pour moi, je me battrais contre la vie ou plutôt pour la vie, il faut que j'ai la "rage de vaincre, la rage de vivre"... |
Rapport d'abus
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