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Au fond de tes yeux ... |
Quand on a seize ans, on n'accepte encore pas ces choses là. Ces choses que les gens trouvent particulières et déplacées. Ces pensées qu'on voudrait oublier. Mais si cela était inévitable ? Et si Mathieu était vraiment attiré par les garcons... ? |
Les rayons de l'astre du jour se diffusent lentement dans la pièce et les premiers murmures de la ville innondent les rues de Lyon exortant ainsi Mathieu de la pénombre. Son regard dénoué d'émotions se pose lentement sur le réveil l'obligeant difficilement à quitter le silence de la nuit. L'esprit encore engoudit, Mathieu se dirige vers la salle de bain. La gorge nouée, il s'observe dans le miroir ou une pensée le frappe soudain : ce n'est plus moi. Non, le reflet en face de lui montre un garcon trop maigre, le visage dur, le teint pâle, le regard vide ... Oui, vide. D'un geste tremblant il passe négligeament sa main dans ses cheveux noirs de jais ne songeant plus qu'a la honte et l'oublie... Ses pas retentissaient le long du couloir où une étrange atmosphère régnait sur les murs froids du lycée St-Antoinne. Parcourant rapidement les trois étages qui le séparaient du cours de francais, Mathieu arrêta sa course devant la salle 308. Haletant, il entra dans la pièce toute aussi chaleureuse que les sombres couloirs du lycée et une voix sèche l'ordonna de s'assoir. Baleyant la pièce du regard à la recherche d'une place libre il trouva rapidement celle du fond à côté de Théo Délèssa qui semblait absorbé dans une lecture d'Emile Zola. S'asseyant à ses côtés, où Théo ne paraissait toujours pas l'avoir remarqué, Mathieu sortit une feuille prenant rapidement note de ce qui était marqué au tableau. Quelques minutes plus tard, il entendit la voix de Théo lui murmurant un << Tu pourrais noter tout cela pour moi aussi >> Mathieu tourna ses yeux vers lui, indigné. Théo rit doucement et ses yeux noisette l'observèrent avec amusement. << je plaisantais ...>> Mathieu aurait voulu répliquer mais la sonnerie stridante annoncant la fin de l'heure l'en empêcha. Théo, un sourire au coin des lèvres quitta rapidement la pièce sous le regard noir de Mathieu. Puis à son tour, il se précipita à l'extérieur de la salle. Soudainement étouffante... Les jours défilent lentement comme si le temps paraissait s'être figé sous le manteau blanc de l'hiver. Obligeant le monde à observer la beauté des matins de décembre. Mais les visages toujours durs, sévères, sous ces écharpes en laines nous dévoilent chaques secondes un masque d'indifférence, d'intolérence, de désespoir ... Le désespoir grandissant de ne plus pourvoir avancer, continuer à marcher sous les regards meurtris de cette terre... notre terre, depuis si longtemps condamnée. Tourmenté, Mathieu regarde avec amertume les flocons blancs immaculés recouvrirent la route. Où parfois, un véhicule en passant brisait le silence envoûtant de cette chambre sombre, aussi obscure que ses pensées. Puis, une carresse lui éfleure doucement la peau. La carresse d'une image depuis peu inscrite dans sa chair. Une image honteuse et douloureuse... Son visage. Depuis cette instant il avait compris. Ce monde, il n'en fesait depuis longtemps plus partit. Mais maintenant, les regards sévères et meurtris n'était plus pour ce monde... mais pour lui. Quittant la pièce pour oublié ses doutes, Mathieu enfila rapidement un manteau et passa le pas de la porte. La neige tombait drue sous la ville de Lyon et traversant le parc où quelques rires d'enfants résonnaient le long du chemin. Il l'apercut. Théo semblait perdu dans ses pensées regardant les enfants jouer avec une certaine mélancolie sur son visage. Soudain, Mathieu sentit son coeur battre beaucoup plus fort dans sa poitrine. Il s'assit à ses côté, en silence. La voix grave de Théo brisa ce moment singulier. - Pourquoi es-tu là ? demanda t-il d'une voix calme. - J'avais besoin de respirer ... répondit Mathieu d'un ton rempli d'amertume. Maintenant ses yeux noisettes se posèrent sur lui. Comme pour y lire toutes ses peurs, sa vie ... - Moi aussi ... dit-il après un long moment où seule leur respiration sacadée les envellopaient dans l'air glacial de décembre. Je sais pourquoi tu souffres... ajouta Théo plongeant son regard sombre dans le siens. - Tu ne sais rien du tout ! lâcha Mathieu d'une voix tremblante. - Si, tu as peur ! Peur d'affronter qui tu es, d'affronter ta vie... J'ai peur aussi, tu sais... dit-il sentant les larmes glisser le long de ses joues. Mathieu sentit son coeur se serrer sous l'émotion. Il a raison ... - Com ... comment tu sais ? demanda Mathieu difficilement. - Tu es mon reflet. et quand je vois ton regard, je vois le mien. Il n'y a pas à avoir honte. Tu n'as pas choisit...Pas choisit... tu comprends ? Puis Théo pris la main de Mathieu la posant doucement sur son coeur. - Tu le sens battre ? je suis humain, comme toi... dit-il se raprochant plus près de son visage FIN |
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