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Ce n'est qu'un cauchemar... |
Où suis-je ? Mais qu'est ce que je fais là ? Je ne me sens pas bien... Je ne suis pas dans mon corps ! Et mon esprit n'est pas dans ma tête ! Aïe ! Je n'aurais pas du boire hier soir ! |
Soudain, j'ai un mouvement de recul : que vont dire mes parents quand ils verront à quel point j'ai changé ? Puis, me raisonnant, je me dis que je n'ai sûrement pas changer plus que ça ! Et, que si c'est vraiment le cas, mes parents seront les personnes les mieux placées pour me comprendre, ils sauront ce qui m'arrive, ils m'expliqueront tout et tout rentrera dans l'ordre, qui d'autres qu'eux, me connaissant par cœur, pourraient mieux me guider ? Alors je descends les escaliers, j'ai l'impression qu'ils craquent beaucoup plus que d'habitude ! Qu'ils craquent comme le bois craque quand il brûle dans la cheminée... Les bruits de ma maison sont sourds, mats, comme figés mais présents tout de même... c'est étrange... Je me laisse tomber dans la neige... elle est délicieusement tiède... pourtant, je ne suis vêtue que d'une nuisette blanche... d'ailleurs, cela doit faire drôle si on me voit de là-haut, on ne doit distinguer que mon visage, mes bras et mes jambes... Pourquoi ? Ce sentiment de bien être et de mal être ? Ces bouffées de chaleurs, ces frissons le long de ma colonne vertébrale... ces picotements, dans mes jambes, dans mes pieds... pourquoi donc ? Pourquoi moi ? Et pourquoi cette impression si étrange d'énergie débordante, cette impression de pouvoir gommer les horreurs de ce monde d'un seul geste de ma main... Pourquoi ai-je été épargnée ? Je rentre dans la salle d'eau, tout est noir par terre. Crasseux. J'écarte la porte et m'appuie contre la vitre glacée de la douche, prend le tuyau dans mes mains et arrose la pièce. Puis, je me lave. Je laisse couler ma tristesse, ou plus exactement mon mal être avec l'eau sur ma peau. C'est comme si mes sens étaient amplifiés, je suis très réceptive... le moindre courant d'air, la moindre odeur, le moindre mouvement... Un mouvement, c'est bien ça que je viens d'apercevoir... alors, sans prendre le temps d'essuyer les gouttes d'eau qui glissent le long de mon corps nu, j'enfile un long t-shirt et je me lance à la poursuite du "mouvement". Ma tristesse remonte en moi comme un raz de marée et ma colère fait surface. Il n'y a plus que moi, je n'ai plus que moi. Je m'envolerais s'il le faut mais je frapperais ce mouvement jusqu'à ce qu'il crève des mille et unes souffrances que je lui aurais fait subir. Je veux qu'il connaisse la souffrance comme je l'ai connue, à cause de la vie... peut-être, après tout, que je le laisserai vivre, car c'est bien ça la pire des souffrances. Vivre sans aimer la vie... Sans avoir envie de vivre ! Mais si cette chose n'était pas vivante, ni même morte ? Je réfléchis trop. Je m'essouffle ! Maman. Alors c'est vrai, je ne te verrais plus jamais ? Je tombe toujours. La neige est froide. Mon petit frère aimait bien manger de la neige. Avant. La chose voit tout ça dans ma tête. Je le sens toujours. Mes yeux sont redevenus secs. Je la regarde. On dirait un petit animal, une fouine, ou une belette... avec des yeux rouges, méchants, cruels. Je n'ai pas peur. Je ferme juste les yeux. Et je pénètre dans ses pensées. Ses pensées sont les miennes. Cette chose immonde se nourrit de mes pensées, elle s'en délecte. Se nourrit avec mon souffle et ma haine. Je la vois sourire. Alors j'ouvre les yeux. Elle a perçu le mouvement de mes paupières. Maintenant, je perçois de la crainte dans ses yeux. Je peux ressentir la peur glisser le long de son échine. Je peux fermer les yeux, afin que mes larmes roulent le long de ma peau... Si seulement elles pouvaient entraîner dans leur longue chute ce cauchemar... Je peux fermer les yeux... Je peux m'endormir. Je peux rêver. Je suis dans une chambre immense. Les murs sont nus, blancs, froids. Je suis allongée dans un lit chaud. Le velours des draps caresse ma peau nue. J'ouvre mes yeux. Le plafond au-dessus de moi est une immense coupole de verre avec des arcades dorées. Je peux voir le ciel. Je tends le bras, comme pour le toucher, le caresser. Le ciel est bleu, bleu électrique : presque surnaturel. Puis, il s'éclaire, il devient de plus en plus clair, lumineux : bleu, bleu clair, bleu pâle, blanc ; il éblouit. On dirait que le soleil a remplit le ciel tout entier. Est-ce normal d'avoir peur de la lumière ? Elle s'approche. Mes lèvres sont sèches. Mes yeux humides. Elle attrape ma main. A son contact, j'ai très froid, j'ai très peur... Je me débats. Je crie. "Non ! Je ne veux pas ! Tu n'es pas ma mère !" Sa main se met à saigner. Comme si mes mots l'avaient blessée ; puis, c'est son corps entier qui saigne. Je pleure. Ses yeux me fixent, ses lèvres s'ouvrent et se referment, en un souffle : "Leukos... aloneleukos..." "NON ! Non ! Laisse-moi ! Tu n'es pas elle ! Nooooon ! J'ouvre les yeux : je suis toujours dans l'immense chambre mais elle semble moins froide. Et la coupole n'est pas brisée. Pourtant, je sens toujours un contact sur ma peau : mais ça n'est pas le spectre ensanglanté qui me secoue. C'est un jeune homme : "C'est fini ! Ce n'est qu'un cauchemar... " |
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