Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Elisa


Elisa a 16 ans. Sa vie s'écoule lentement entre le lycée et chez elle, monotone. Mais un jour, tout va basculer.



Elisa marchait, le ciel était gris, il pleuvait. Elisa marchait en pensant à ses amies et au garçon qu'elle aimait. Les larmes qui coulaient le long de ses joues se mélangeaient aux gouttes de pluie. Elle aimait cette sensation. La pluie semblait l'isoler du reste du monde. Elle adorait sentir ses cheveux mouillés se coller à ses joues. Elle était tellement seule derrière ce rideau mouvant dont l'odeur lui rappelait des souvenirs d'une époque aujourd'hui révolue. Son coeur lui pesait terriblement et elle se demandait comment ses souffrances, ses déceptions, pouvaient à ce point la paralyser.

Elle lui écrirait une lettre. Demain, Pierre saurait pourquoi elle n'osait jamais parler en sa présence, pourquoi elle avait l'air tellement déchirée à chaque fois qu'il la voyait. Elisa n'avait aucun espoir autre que celui de se libérer de ses sentiments qui l'affaiblissaient de jour en jour. La douce mélancolie des premiers temps s'était transformée en un malaise physique insupportable, insurmontable. La gare était proche, le train n'était pas encore en gare. Le soleil soudain paru entre les nuages, innondant ainsi la rue de sa clarté lumineuse. Ses rayons se reflétaient sur le goudron humide, dévoilant à ses yeux un spectacle fantastique qui semblait hors du temps. Ces rares moments de bonheur intense donnaient seuls à Elisa le désir de rester en vie. Elle s'interrogeait cependant : " N'est-ce pas plutôt un manque de courage de ma part ?". Elle retombait toujours bien vite dans les turpitudes de la mélancolie. Elisa avait l'intime conviction de tout ressentir de façon excessive et trouvait les autres bien insensibles à ce qui était pour elle des désastres ou des joies éclatantes.

Mais elle ne savait pas que sa vie allait cesser si brusquement. Christian l'avait suivie depuis qu'elle était sortie de chez elle. Il serrait dans sa main droite un marteau de taille imposante dissimulé sous son manteau. Il avait repéré Elisa au lycée et avait décidé de tuer cette petite idiote qui ne se préoccupait que de son petit nombril, qui ne comprenait rien à rien et qui ne se rendait pas compte de la misère intelectuelle dans laquelle elle se trouvait. Il la frappa une fois, fort, sur le dessus du crâne. Les os craquèrent et le sang s'écoula par les fissures causées par le choc. Elle mourut les yeux dans le vide, son visage inerte exprimait avec une intensité insolente la stupidité d'Elisa.

Ouf.
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