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William Irish |
Penchons-nous sur cet écrivain, solitaire et mal-aimé, mais néanmoins l'un des grands maîtres du suspense, qui tint en haleine l'Amérique et l'Europe pendant plusieurs années. Il a su cultiver les atmosphères étranges, inquiétantes, et a été considéré grâce à son don pour l'écriture comme le "Edgar Poe du XXème siècle". |
J'ai choisi d'inscrire la postface de Michael Avallone (dans le livre "la rançon du hasard"), qui concerne William Irish : Cornell Woolrich est mort le 25 septembre 1968 en laissant de nombreux romans policiers qui lui assurent l'imortalité. Egalement connu sous le pseudonyme de William Irish, il restera pour nous celui qui eut la vie la plus misérable depuis Edgar Allan Poe. Pourtant Woolrich est mort millionnaire et il a légué presque un million de $ à la Columbia University, son université, pour qu'elle vienne en aide aux écrivains. Cependant, parmi ceux qui ont réussi, il en est peu qui aient été aussi seuls, aussi tristement tournés vers eux-même que cet auteur incroyablement doué. Voici quelques faits qui donneront une idée du caractère pitoyable de son existence : il a vécu près de 40 ans dans une chambre d'hotel, il n'a jamais eu de vrais amis, il n'a jamais connu le grand amour. Certains de ses plus beaux livres sont dédiés à des objets sans âme - machines à écrire, chambres d'hotel - ou alors à l'infinie tristesse de la condition humaine. Et quand il a découvert le whisky, ses jours et ses nuits désolés ne furent plus que ce long cauchemar que connaisent tous les alcooliques - rendez vous manqués, harangues paranoïaques, auto destruction - se terminant par l'inévitable et larmoyant "mais qu'est ce que j'ai fait pour en arriver là ?!"... Combien de murs ont du assister, indifférents, au spectacle de cet amer géant en pleurs et n'ont pu lui fournir de réponse ! Et cependant, c'est à ce personnage demeuré dans l'ombre que l'on doit quelques uns des plus grands romans policiers et tant de nouvelles qu sont devenues des classiques du genre. Jusqu'au dernier moment, la malchance a été sa plus fidèle compagne. Ceux qui vinrent poser sur lui un dernier regard furent son avocat, son médecin, son banquier et ses notaires. Dans sa rubrique nécrologique, le new york time a écorché deux fois son nom (cornell Wollrich !) et a fait une erreur quant à la date de la cérémonie. L'article du Times n'a cité ni Lady Fantome ni La mariée était en noir, qui sont, de loin, ses 2 romans les + connus ; aucune organisation d'écrivains n'a envoyé de fleurs de messages de condoléances, même pas la MWA (Mystery Writers of America). Seule la présence de Robert Fish, de Herbert Brean, de Hans Stefen Santesson et d'un membre sympathisant de la MWA du nom de John Reynolds aurait pu témoigner qu'il existe bien un lien entre les mots écrivain et roman policier. Béatrice Radin vint à son enterrement parce qu'elle pensait que Cornell Woolrich était un vieillard pauvre et solitaire dont personne ne se souviendrait. Elle se trompait seulement sur sa pauvreté. Pour moi, c'en était trop. [... ] Nous étions quelques uns, moi même et d'autres encore, à refuser que l'histoire de Cornell Woolrich se terminât d'une façon aussi sordide. Nous qui avions parlé et bu avec lui, qui avions essayé de le soutenir un peu pendant ses 10 dernières années, de lui faire prendre conscience de ce qu'il était et de ce qu'il représentait, nous étions au supplice. C'était vraiment la fin d'un géant. Fallait-il que cela se termine ainsi ? Est-ce qu'un homme aussi doué, longtemps ignoré par la MWA, est ce que cet Irish/Woolrish qui avait tenu en haleine deux générations de lecteurs américains de romans policiers et Dieu sait combien d'Européens, est ce que cet homme, qui avait permis au metteur en scène français contemporain Truffaut de récolter les fruits de son talent avec les adaptations cinématrographiques de "la mariée était en noir" et de "la sirène du Mississipi", est ce que cet homme devait descendre au tombeau avec une fortune d'un million de $ et pas un seul mot de ses semblables, de sa vraie famille, les écrivains ? Plus tard, après le départ du somptueux corbillard, nous sommes tous allés au café restaurant le plus proche, passant les heures qui ont suivi à essayer d'oublier, chacun à sa manière, que même si tout est vanité, il y a peut être une bien, bien meilleure façon de dire adieu à un grand écrivain. Et c'est ainsi que s'est terminée l'histoire de Cornell Woolrich, être solitaire et mal aimé. Mais ce qui importe, c'est le mot, l'intrigue. A cet égard tout au moins, Cornell Woolrich a réussi d'une manière fabuleuse. - Manhattan love song (1932) - La mariée était en noir (1940) [adapté au cinéma] - La sirène du Mississipi (1947) [adapté au cinéma] - J'ai épousé une ombre (1948) - J'ai vu rouge (1950) Il a écrit également grand nombre de nouvelles, l'un de ses recueils se nomment "La rançon du Hasard". Il contient : ~ Invitation à la valse ~ Fiez-vous à la balistique ~ Un livre d'aventures ~ L'homme au pic à glace ~ Un meurtrier bien distrait ~ Vous avez dit sans mouvement ? La dernière nouvelle est de loin ma préférée : un jeune homme de 26 ans, pauvre et démuni, se fait passer pour quelqu'un d'autre (disparu dans un incendie) pour pouvoir récupérer de l'argent sur son compte dit "sans mouvement" depuis 15 ans. Ce jeune homme tombe sur une énorme somme d'argent, l'empoche et entame une semaine de plaisirs. Mais sa vie luxueuse se révèle semée d'embûches... Les histoires et nouvelles sont chargées de suspense, d'intrigue. Je trouve cet écrivain très doué, il n'a pas été gaté par la vie, mais il mérite le respect par ses superbes oeuvres, que je vous conseille, bien sûr ! :) |
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