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A la vie, à la mort... |
Une jeune fille part en vacances avec son petit ami, Marc... Tout se passe bien pour l'instant, elle est sur son petit nuage, bercée par l'amour et la joie de vivre... Mais celui-ci s'assombrit en quelques instants, l'inimaginable se produit : alors, la vie de notre héroïne devient dangereuse et tumultueuse. Si tentée qu'elle subsiste toujours... |
Marc est à mes côtés, sourire aux lèvres. Nous avons garé la voiture à quelques mètres de là, puis nous nous sommes rapprochés de la falaise. A présent nous apercevons la mer en contrebas, qui vient lécher avidement les rochers scintillants. Le soleil se reflète sur ces roches escarpées, recouvertes de coquillages par endroit. J'ai une folle envie de sauter comme un cabri jusqu'en bas, puis me jeter dans l'eau tiède, répandre mon corps de sel... Mais a descente est trop abrupte, je ne m'y risquerai pas. Je me penche cependant avec un sourire espiègle, mais Marc me tire la main doucement avec une moue attendrissante. Je comprends par les expressions de son visage tout ce qu'il veut me dire. Il sait me faire comprendre tous ses sentiments, me faire ressentir ses moindres émotions en un frémissement. J'ai appris à le connaître, et maintenant nous formons un couple magnifique. Son mutisme ne m'a jamais dérangé ; je ressens sa douceur et sa gentillesse à travers ses caresses. Il est énormément sensible, et même sans mots, j'entends ses murmures me frôler l'esprit. Au début, mes parents n'ont pas compris pourquoi j'avais choisi Marc. "Il est muet !" ont-ils dit, ahuris. Ils se focalisent trop sur l'apparence, sur l'image qu'ils rendront aux autres. Moi, je ne m'en soucis pas. Marc est le plus beau cadeau que la vie m'ait offerte, et je ne laisserai personne prendre des choix à ma place. Je veux choisir ma vie, et j'ai décidé qu'elle serait à ses côtés. Le bonheur. J'embrasse Marc longuement pour lui faire part de ma joie de vivre en sa présence et ma reconnaissance. Tout est parfait quand il est là, et dans ce milieu paradisiaque, je vais pouvoir oublier mes parents envahissants et mes problèmes quotidiens. Au moins pendant deux courtes journées... Marc s'écarte doucement et me fait quelques signes pour que nous nous redirigions vers la voiture. Il connaît parfaitement le langage des signes ; j'arrive à saisir les gestes qu'il fait le plus souvent, qu'il utilise dans la vie de tous les jours. Pour le reste, nous nous comprenons tout de même. L'amour a aussi son propre langage, qui n'est pas fait de mots maladroits et impropres, juste de tendresse, de douceur et de passion. Nous n'avons besoin de rien de plus... Nous montons dans la voiture après un dernier regard vers l'horizon. La pénombre s'installe peu à peu, et Marc préfère rejoindre l'hôtel avant la nuit. De plus, je commençais à avoir faim... Je m'installe à ses côtés et pose une main sur son genou. Il se concentre sur sa conduite, car la route est sinueuse. Pendant ce temps, je pense à lui, à nous, encore et toujours. Je me regardais souvent dans le miroir, me fixant sur des formes inexistantes mais qui me rongeaient de l'intérieur. Je me trouvais énorme. Et ma peau ? Elle était grasse, épaisse, trop terne... Mes cheveux étaient banals, châtains clairs et longs comme la plupart des jeunes filles. Je n'avais pas beaucoup de poitrine, mes fesses étaient plates et mes hanches trop larges... Pourquoi le bonheur aurait-il pris place dans mon cœur ? Pourquoi m'aurait-il choisi ? Et pourtant il l'a fait... Je bénis encore cette journée où je flânais à la bibliothèque, cherchant un livre de Barjavel qu'on m'avait recommandé. Et soudain, Marc apparut, un sourire aux lèvres, comme à son habitude. Je l'avais croisé plusieurs fois mais j'évitais son regard, pensant qu'il se ficherait de moi comme tous les autres. Il était différent, solitaire, silencieux. Mais un garçon comme lui n'aurait jamais pu s'intéresser à une fille comme moi, c'était l'évidence même. Puis nous avons appris à nous connaître... J'ai vu combien il souffrait, mais combien il était fort. Tous les jours ils supportaient les remarques déplaisantes des autres ; je me suis reconnue dans son histoire. Mon silence habituel s'accordait parfaitement à son mutisme, nos douleurs et nos peurs étaient les mêmes, nous étions fait pour nous entendre... Je jette un regard vers lui, sourcils froncés, fixé sur la route. Ses lèvres charnues sont pincés et dénotent la concentration. Soudain elles se détendent et il sourit. Il sent mon regard posé sur lui, l'admirant, le contemplant avec plaisir. Il est vraiment l'homme de mes rêves, l'homme de ma vie. Je ne peux toujours pas croire à tout cela. Il y a quelques années, je n'aurais jamais cru pouvoir... Non, je ne dois pas me retourner vers le passé. Je dois regarder l'avenir, notre avenir, si prometteur. Nous avons fait différents projets, nous pensons déjà au mariage même s'il était un peu tôt... Nous aurons des enfants... Ce sera grandiose... La nuit est déjà tombée. Tout va très vite à cette période, le soleil s'est enfui en quelques secondes. Marc gare la voiture devant l'hôtel et m'ouvre la portière comme une princesse. Il fait toutes sortes de mimiques et de révérences comiques. Je lui propose une dernière ballade avant de rentrer. Marc adore les bains de minuit, celui-ci ne respectera pas l'horaire donné par la tradition, mais mon chéri se fondra tout de même dans la pénombre liquide avec un bien-être insolent. Je connais ses habitudes et ses désirs... Le sel se fait ressentir de plus près : nous arrivons à la crique. Marc connaît les lieux par cœur, il a passé une partie de son enfance ici, et me fait partager ses souvenirs. Soudain, des voix étouffées nous parviennent. Marc me regarde, surpris. D'habitudes, les lieux sont déserts à cette heure-ci. Les touristes, peu nombreux à connaître cette crique, se retirent avant la tombée de la nuit, n'ayant plus aucun intérêt à rester ici puisque les derniers rayons du soleil, bénéfiques pour leur bronzage habituel, disparaissent en quelques instants. Une des personnes qui dansait et sautait entre les dunes stoppe net et le fixe de ses yeux sombres. Il doit avoir environs une vingtaine d'année. Son acolyte virevolte dans les airs, titube quelques instants en grommelant, puis s'arrête net après avoir aperçu Marc. "Hey regardez les mecs !" lance-t-il aux autres. Les deux garçons allongés auprès du feu redressent la tête et cessent leurs mouvements. Ahuris, ils dévisagent Marc de haut en bas. "Qu'est-ce qu'il fout là ?" balancent-ils d'une voix unanime. Leur surprise permet au chaton de prendre ses jambes à son cou. J'observe le spectacle de loin, ne lâchant pas Marc des yeux. Alors, les deux garçons debout, qui paraissent les plus sobres malgré leurs visages rougeauds, s'avancent vers Marc avec un sourire malsain... {La suite bientôt}... |
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