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Salle Blanche


Une salle blanche, un lit, un corps qui tente de vivre. La vie, produit inespéré de ces expériences, "expérience 26" en est la preuve ! kefka le regarde, elle savait qu'elle n'aurait pas du, il la comprend, il l'a toujours su... Mais pas avec lui, la chair de sa chair. Le symbole de la vie qui va détruire la sienne !



Salle blanche, néant blafard qui grésille faiblement. La pièce est vaste, sans fenêtre. Au centre, un lit sur roulette. Sous un drap blanc, on distingue la vague forme d'un corps étendu. Une femme s'affaire, bouge, remue, appuie sur des boutons, ouvre des tiroirs, fait claquer les portes des placards ... Effervescence.
Elle s'approche du corps, soulève le drap et pose sa main sur un front inerte, celui d'un homme d'une vingtaine d'année, un peu bronzé. Elle sourit, dépose un baiser sur ce même front livide et repose le drap à l'identique. Puis, elle sort, referme doucement la porte derrière elle, sans se retourner. La lumière s'éteint, l'atmosphère devient lugubre, presque malsain, un sentiment de vide emplit désormais la pièce ... Néant.

Elle sourit, elle est tellement heureuse. Par pudeur, elle n'a pas explosé de joie dans "la salle blanche", par respect aussi. Mais une fois la porte refermée, elle hurle, elle pleure ... Des larmes de joie, d'immense bonheur. Le cri dit souvent ce que les mots ne peuvent exprimer, trop plein de joie : hurlement ! Tristesse intense : hurlement ! Haine mortelle : hurlement !
Et elle crie, puis se calme, sanglote encore un peu en essuyant les dernières larmes au coin de ses yeux. La femme passe sa main sur sa blouse, la lisse, se recoiffe, respire et inspire profondément pour retrouver son état naturel. Elle prend un petit crayon dans sa poche et s'approche de la vitre, elle se remaquille. Un trait noir sous chaque œil qu'elle prolonge pour agrandir le regard. Puis elle retourne dans "la salle blanche".

La porte s'ouvre délicatement, comme lorsqu'une mère vient vérifier que son enfant dort paisiblement, sans faire de bruit de peur qu'il ne se réveille. Et elle le sait, il peut se réveiller, désormais il le peut. Elle prend une chaise s'approche du lit et s'assoie. Impatiente, elle se lève, recommence ses allers-retours dans la pièce sans quitter des yeux le drap blanc. Elle se rassoit et soulève un peu la tête de l'homme, elle lui caresse le visage. Elle est blanche avec le regard pétillant, il est bronzé, les yeux clos. Elle s'accroche à sa main, joue avec ses doigts souples, elle sourit, elle est heureuse. La porte s'ouvre un peu brusquement, elle sursaute, lâche la main de l'homme qui retombe, inanimée, dans le vide et se balance légèrement.

Il souffle avant de pousser la porte, il se calme. Cette salle le terrorise, l'atmosphère de mort qui y règne n'est pas du meilleur effet sur lui. La dernière fois qu'il s'est retrouvé face à cet homme, ce corps, il a fait un malaise et a du être escorté jusqu'aux urgences. Cette fois, il est prêt, il sait exactement ce qui l'attend : une salle, un lit, un homme, un mort.
Mais quand il ouvre la porte, il trouve une femme de dos, assis sur une chaise près du lit, qui tient dans ses doigts, ceux du corps. Elle sursaute en le voyant arrivé, il fait un pas en arrière. La surprise, la ressemblance, l'embarras de la situation... Malaise.

L'homme entre, salue la femme qui se lève immédiatement, elle bafouille quelques mots et se rapproche de la porte, l'ouvre et sort. Elle n'a pas le droit d'être là, elle le sait, ce n'est pas son tour. Mais elle ne supporte pas de le confier à une autre personne qu'elle, elle le savait pourtant que son heure était passé, que l'autre garde était arrivée puis repartie sur ses ordres... Elle le savait. Dans le couloir, elle cours, puis ralentit. Un bruits de pas précipités la suit, elle s'arrête et se retourne, le regard dur, elle affronte son erreur, elle le savait.

L'homme arrive enfin à la rattraper, il l'a prend dans ses bras et la serre fort, si fort. Il comprend, depuis le début il avait compris. Au fond le lui même, il l'a toujours su. Mais avec cet être là, lui la chair de sa chair, ça, il ne s'en doutais pas. Kefka, Kefka, lui murmure t'il à l'oreille, je t'en prie Kefka. Mais Kefka pleure, de tristesse cette fois, la mélancolie et la solitude s'abat sur elle, et ces bras qui l'entourent chaleureusement n'y peuvent désormais plus rien. Il a compris, elle le savait.
Ensemble, ils retournent dans "la salle blanche", il s'assoit sur la chaise, elle sur le bord du lit. Elle lui montre l'écran du bout du menton. Des chiffres y défilent sans cessent, ligne après ligne, page après page... Une suite de calculs, de nombres danse sur l'écran. Derrière, une imprimante sort au fur et à mesure des pages noires d'écriture. Kefka s'approche des dernières feuilles sorties et les ramène vers Pierre. Il regarde sans bien comprendre les feuillets puis lève le visage vers Kefka, croise son regard, il comprend, le corps est vivant.
Elle sourit, encadre le visage de Pierre dans ses mains et lui embrasse le front, de la même façon qu'elle l'avait fait auparavant sur le front inerte de l'homme. Il soulève le drap, le rabat sur la poitrine de l'homme et pose sa main dessus. Rien ne bouge, pas le moindre signe de respiration, de vie. Alors, Kefka attrape la main et la pose sur les yeux clos du corps. Et là, il sent, il ressent la vie, la volonté de survivre.

Ils sortent ensemble de "la salle blanche", elle sait que c'est fini, il comprend.

Les autres seront bientôt averti : il vit. Ils ont réussi, il vit. La pari à été tenu, le défi relevé, ils ont gagné. Les laboratoires "T'n C" vont être à l'honneur, prix Nobel, félicitations, médailles, remerciements ... Le centre de l'actualité va se focaliser sur leur exploit : il vit.
L'essor financier, la richesse, les congrès ... Tout est gagné, tout sera servi sur un plateau doré : il vit. Dans une semaine, toute la presse sera au courant, les médias s'empareront de la nouvelle, ils se disputeront les images, les interviews comme des bêtes sauvages. Leurs sens aiguisés comme ceux des vautours prêts à déchiqueter chaque phrases, paroles ou gestes. Des charognards qui se partagent la renaissance d'un homme.
Mais que va t'on dire quand le professeur Barra (directeur des laboratoire "T'n C") annoncera la nationalité du "miracle de la vie" ?... Un Arabe ... Bouleversements des mœurs.

Plan d'attaque, toutes les têtes dirigeantes ou influentes du laboratoires ont réunies dans le bureau du professeur. Comment annoncer la nouvelle ? Comment présenter l'événement ? Mais surtout, comment ne pas choquer la population ? Expliquer le choix : cet homme, un arabe, pourquoi lui ? Le peuple est-il prêt à entendre les vraies raisons de ce choix ?
"Expérience 26", le corps désormais vivant, a des circonstances atténuantes, ose un biologiste assis dans l'angle de la pièce : il n'est pas trop typé, juste légèrement, hâlé.
C'est surtout le fils de Monsieur Elrasahouid. Grande fortune, nom réputé au travers le monde. Sans tout cet argent, le projet n'aurait jamais pu être mené à bien, et l'expérience 26 n'aurai jamais existé aux yeux du grand public.
Kefka, isolée entre tous ces hommes, debout contre le mur, se redresse. Ici, tous sauf elle, semblent oubliés la véritable raison de ce "sauvetage". Pierre non plus ne l'oubliait pas, mais contrairement à Kefka, il refusait d'assister à ces réunions ou l'on parlait de son fils comme d'un objet. Mr Elrasahouid avait trop de respect pour son fils pour qu'il accepte que l'on dialogue ainsi de lui, et les professeurs étaient trop professionnel pour parler de ce corps comme d'un humain à part entière. Ils se tenaient donc le plus possible à l'écart et évitaient tout contact inutile.

Expérience 26 était morte il y a 2 mois. Lors des attentats de la Tour Eiffel. Quatre cents morts, plus de mille blessés, un pays choqué à vie, une Humanité bouleversée, un monde dégénéré...
Jamais on oubliera ce jour, le 26 août. Le monde pleure la Tour, pleure ses morts, hurle sa colère, sa haine envers le terrorisme et le fanatisme.
Expérience 26 était là, il a vu la Tour s'affaisser, trembler puis doucement s'incliner. Tout

c'est passé au ralenti, il a vu l'ascenseur se tordre en écrasant les touristes qui montaient admirer la vue du dernier étage. Il a senti la structure en fer se dérober sous ses pieds. Cet homme a assisté aux cris, à la panique, il a vu les lueurs d'effroi dans les yeux des enfants, il a touché la mort, elle l'a emportée. On l'a retrouvé au pied d'un pilier, soufflé. Recroquevillé sur lui-même au milieu du champ de morts. Il n'était pas broyé comme la plupart des autres cadavres, juste ses jambes étaient écrasées, son visage protégé par ses bras n'a subi aucune dégradations. Sa main droite était, par contre, complètement broyée, la chair pendait en lambeau autour des os du poignet. Les pompiers l'ont placé avec les autres, dans la tente réservé aux identifiables. Ceux qui avait encore un visage et qui pouvait être reconnu. Autour de lui, des gens écrasés par la cohue, les corps de personnes qui ont, dans un dernier sursaut, sautées des différents étages. Des enfants, des femmes, des familles mortes, alignées les uns à côté des autres. Des draps recouvrant les plus blessés pour les cacher de la vue du grand public.

Mr Pierre Elrasahouid, grand nom de ce monde vivait dans une villa près de la mer dans le Sud de la France. Sa vie bien que très luxueuse, n'était qu'une suite de malheurs, de frustrations qui l'avaient poussé à se consacrer entièrement à ses affaires et il devait son statuts ç ses échecs qui lui avaient apprit à se tenir droit dans toutes circonstances.
Originaire de Palestine, ses parents avaient immigrés en France il y a plus de 60 ans. Pierre n'était pas encore né. Ses parents vivaient selon le mode occidentale et il reçu l'éducation d'un petit français, jusqu'à son prénom. Issus d'un milieu modeste, il reçu les valeurs du travail, de la persévérance et de la perfection. Aimés de tous, la famille Elrasahouid vivait dans la paix et la sérénité. Pierre grandit, puis partit à Paris pour travailler dans le commerce, il rencontra Sarah, femme de 10 ans son aînée. Ils vivaient dans une petite maison près des côtes de la méditerranée, la vie était belle... Ils eurent un enfant, un seul : Khalid. Pierre voulut faire hommage à ses origines, à son pays en donnant un nom arabe à son fils, Sarah accepta. Elle trouvait ce nom magnifique et sa signification "Eternel" sublime. Khalid grandissait, toujours plus beau, toujours plus doué. Sa mère l'adorait, il était tout pour elle, elle était tout pour lui. Jamais ils ne sortaient l'un sans l'autre, pas un jour ne se passer sans qu'il tremble pour elle, sans qu'elle prie pour lui. Ils s'aimaient, se dévoraient, au dépit de Pierre qui se sentait rejeté, un obstacle à cette idylle extraordinaire. Elle ne le regardait plus, ne lui parlait plus, elle le tolérait chez elle. Elle acceptait sa présence entre elle et son fils. Pierre l'aimait, cette tolérance lui suffisait.
Sarah et Khalid partaient en voyage tout les deux, elle aurait pu être sa grand mère mais elle passait pour sa femme. Une croisière sur l'océan Atlantique. Sur le bateau, Sarah fut violée, égorgée et son corps jeté par dessus bord. Khalid ne se le pardonna jamais, ce soir là, il était allé au restaurant avec une amie. A son retour sur le bateau, tout le monde l'attendait, personne ne voulait manquer ce spectacle. L'amour qu'ils avaient l'un pour l'autre n'était pas passé inaperçu et les voyageurs étaient bien plus excités par la réaction de Khalid que par le meurtre de sa mère. Massés sur le pont, ils se poussèrent pour laisser Khalid avancer jusqu'à la brigade de police. Khalid ne dit rien, il ne bougea plus, ne répondit pas aux questions des enquêteurs. Les gens, déçu par cette attitude s'en allèrent petit à petit le laissant seul. Seul, oui il avait entièrement plongé dans la solitude, il ne la quitterait désormais plus. Sa soif de vengeance était tellement vive qu'elle lui apparaissait subtile, personne ne pouvait mesurer sa force, pas même lui. A son retour en France, quelques jours après, il avait entretenu sa haine, il connaissait les coupables, ils étaient en prison. Pourquoi elle ? Son corps doré, fin et gracieux ? Ses yeux noirs aux reflets d'or ? Ses longs cheveux sombres ?
Sarah était magnifique. Elle dégageait tellement de choses, que rares étaient ceux qui n'étaient pas troublés en croisant son regard. Aurait elle posé ses yeux sur ses agresseurs, est ce par attirance qu'ils l'ont violé puis par dégoût qu'ils l'ont tué ?
Son père avait pleuré, hurlé, il avait exprimé son amertume, sa colère était parti laissant place au désespoir. Son visage s'était creusé, des rides, fleuves de ses larmes entouraient désormais ses yeux. Il avait perdu sa vivacité, sa volonté. La vie lui avait pris sa femme, elle lui prendrait son fils, il le sentait. Aucun dialogue possible entre Pierre et son fils, seuls leurs regards qui se croisés en disait long sur ce qu'ils ressentaient. La liaison était aussi forte mais différente. Ils se comprenaient sans se parler. Mais ils ne pouvaient plus vivre ensemble, l'image de Sarah hantait les yeux de Khalid et Pierre ne pouvait plus supporter de voir ce fantôme dans le regard de son fils. Il lui offra donc un appartement à Paris pour partir comme lui même l'avait fait. Khalid partit, sans au revoir, sans embrassade ni accolades. Un matin, Pierre se réveilla, son fils n'était plus là. La famille Elrasahouid était éclatée, rongé par le chagrin, pourrie par le désespoir. Sans nouvelle depuis plus de 3 ans, il respectait ce silence et ne se risquerait sûrement pas à le briser. Les affaires reprirent, il oublia les fantômes du regard de son fils.
Jusqu'au 26 août, ou il vu au journal télévisé son fils. Le corps de son fils allongé au milieu des autres dans le champ de cadavres. La caméra s'était arrêtée une demi seconde sur le visage de Khalid, il l'avait reconnu, son fils était mort.
Ivre de douleur, il s'adressa aux laboratoires "T'n C" pour s'occuper de seul enfant, de l'autopsier. Mr Elrasahouid avait tout ce qu'il voulait, le laboratoire s'exécuta. Si il n'avait pas eu son fils vivant, il voulait tout connaître sur sa mort. Cela ne l'avancerait a rien, il le savait, mais il se sentait rassurer à l'idée de savoir les circonstances exactes de la disparition de Khalid.
"T'n C" lui proposa un marché, faire revivre son fils, essayé de lui redonner la vie. Bien sur aux frais de son père et en passant le projet sous silence jusqu'à sa totale réussite, si réussite il y avait.

C'est comme ça que Kefka connue Khalid. Devant la tristesse de l'homme qu'elle aimait et qu'elle avait rebâti, elle s'engagea à veiller sur son le fils de son amour jour et nuit, autant de temps qu'il serait nécessaire. Et c'est en voulant réconforter l'homme qu'elle aime, que Kefka le brisera à nouveau.


Petite

Donc voilà, j'voulais préciser un p'tit détail : si vous trouvez que cette histoire à un arrière goût d'inachevé, c'est relativement normal puisqu'elle n'est pas terminée, loin de là... Mon imagination hyperactive est entrain d'inventer la suite, très tordue d'ailleurs ! Enfinbon voilà si j'suis assez contente de moi pour la suite, j'la posterais là, sinon ben tant pis, j'vous laisse imaginez la votre !
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