The Magdalene Sisters

L'Irlande, au coeur des années 60. Alors qu'elle assiste à un mariage déroulant son folklore ordinaire, Margaret, une adolescente, est violée par un cousin. Mortifiée, elle se confie à une proche qui, à son tour, avertit la famille de la jeune fille. Le lendemain, le père de Margaret convoque le curé de sa paroisse, qui prend en charge la demoiselle et l'emmène dans un des nombreux couvents des Soeurs de Marie-Madeleine, institutions spécialisées dans le "traitement" de ces "cas" difficiles. Objectif : cloîtrer la jeune fille et, surtout, sauver la bonne réputation de sa famille...

Dans le couvent-prison, Margaret rencontre d'autres femmes qui, comme elle, ont pour seul tort d'être des victimes. Victimes de viol. Victimes d'être "tombées" enceintes. Victimes d'une société gangrenée par l'hypocrisie, le puritanisme extrême et ses alibis religieux. Rejetées par leurs proches, contraintes de travailler quotidiennement sans le moindre salaire, les jeunes filles croupissent dans les couvents durant des années. Certaines deviennent folles ; d'autres, soumises corps et âme à l'ordre délirant régnant sur place, finissent par être convaincues de leur culpabilité. Toutes souffrent de mille maux.


Maître d'oeuvre de "The Magdalene Sisters" : Peter Mullan. Acteur réputé (lire ci-contre), l'homme confirme aujourd'hui, quatre ans après le prometteur "Orphans", qu'il est aussi un réalisateur talentueux. Pour mener à bien son projet, s'inspirant de faits réels, le cinéaste a effectué un scrupuleux travail de documentation.

"Je voulais que cette histoire soit connue par le plus grand nombre, explique Peter Mullan. Quand j'ai commencé à évoquer ce sujet, je me suis aperçu que presque personne n'avait connaissance de ces faits. Cela a accru ma motivation... Après avoir écrit le scénario, je l'ai soumis à des femmes qui ont vécu sur place. Je leur avais promis de ne pas tourner si elles trouvaient l'histoire excessive. Depuis le tournage, j'ai pu rencontrer d'autres victimes. Et ce qu'elles m'ont raconté est souvent pis que ce que je montre dans le film."


Sobrement intense, "The Magdalene Sisters", justement récompensé par un lion d'or au dernier Festival de Venise, échappe aux pièges redoutables du film à thèse. Si la fiction dénonce une certaine réalité de l'Irlande moderne (le dernier couvent-prison a fermé ses portes en... 1996), Peter Mullan fait avant tout oeuvre de cinéaste. Rigueur des cadrages, excellence de la direction d'acteurs, minutie de la construction dramatique... "The Magdalene Sisters" crée une tension permanente, en accord avec la psychologie dévastée des héroïnes.

"J'ai refusé le mélodrame et le chantage émotionnel, explique Peter Mullan. Mes comédiennes savaient qu'il ne fallait pas en rajouter, ne pas délivrer de performances. L'histoire de ces filles n'autorise pas le cabotinage."
Lors de sa présentation à Venise, "The Magdalene Sisters" a provoqué un scandale, le Vatican ne goûtant que fort peu l'entreprise de Peter Mullan... En Irlande, par contre, le clergé a adopté un profil bas.
"Leur silence a été assourdissant, poursuit le cinéaste. Je pense qu'ils espéraient secrètement que le public serait choqué et protesterait. Il n'en a rien été. Le film a rencontré un formidable succès : 1 Irlandais sur 10 l'a déjà vu et il est en train de battre des records. C'est une sorte de reconnaissance pour toutes ces femmes qui ont été victimes durant des décennies." (Cf Premiere du mois de Février 2002)
Pour les amateurs de cinéma, je vous conseille un site assez complet et bien fait sur le 7e art : http://www.quillhill.fr.st