Extrait du site https://www.france-jeunes.net

La boulimie : témoignage


Pourquoi et comment c'est ressenti par les victimes de ce problème de société. Explications par la meilleure amie de l'une d'entre elles, qui vit ça en permanence...



Mon amie, K., est géniale. Toujours souriante, enthousiaste, chaleureuse, rayonnante... en bref, elle respire le bonheur. Quoi que, est-ce que cette apparence reflète vraiment son état d'esprit, sa vie ? Non, pas du tout. Ce n'est qu'une façade, un bouclier même pour se protéger des autres, de la pression médiatique. En effet, K. est boulimique. Et c'est une maladie, une vraie.


Certains diront que ce n'est qu'une mauvaise habitude alimentaire. Se faire vomir après s'être bourrée de nourriture, vous appelez vraiment ça une mauvaise habitude alimentaire ? Non, soyons réaliste, c'est bien plus grave. K. est obsédée par son apparence, son physique, son poids. Il y a 3 jours, je suis allée dormir chez elle. Elle vit dans une grande et belle maison, dans une résidence luxueuse, avec ses parents, ses frère et soeur, son chien... Bref, elle a tout pour être heureuse. Sauf qu'elle se trouve grosse. Pour votre information, sachez qu'elle pèse 44 kg pour 1m65. Effectivement, c'est énorme ! Quand elle est en maillot, on voit ses os, elle est toute frêle, toute maigre. Et ça me fait une peine terrible, parce que quand elle se regarde dans le miroir, je vois son regard qui défaille. Elle se voit grosse. J'ai beau lui assurer que non, elle est même « trop fine » (je ne voudrais pas la brusquer, alors je lui dis gentiment), elle me soutient qu'elle ressemble à un « boudin ». Merci la société et les médias de nous avoir imposé une image telle de la femme parfaite, que même une fille avec la peau sur les os est encore trop grosse par rapport aux « canons de beauté » (que je définirais plutôt comme des squelettes vivants) renvoyés par les mannequins ! Et voilà qu'elle va se peser... 44kg (en 24h elle se sera pesée 5 fois). Elle me dit : « Oh ! J'ai maigri ! Ma mère va pas être contente ! ». Sa mère ? C'est peut être elle le problème. Sa mère est obèse, son père a le ventre bien gras, tout comme son grand frère... A t'elle peur de l'image que lui renvoit sa famille, l'image de ce qu'elle pourrait devenir si elle mangeait ? C'est possible. K. doit aussi sûrement garder en tête son passé de petite fille « boulotte », affaiblie par le regard des autres (qui nous gâche la vie).


D'ailleurs en se plongeant dans son histoire, on peut découvrir de nombreux points qui ternissent le tableau de sa vie. La fille si joyeuse que le monde connaît a beaucoup souffert. Je ne citerai pas ce qu'elle a vécu parce que ça n'a pas d'intérêt pour l'article, mais sachez que c'est incroyable tous les drames qu'elle a connu, et elle arrive toujours à garder un sourire constant en société, à paraître heureuse. Mais à quel prix ?


Je ne connais K. que depuis septembre dernier, mais je me suis déjà énormément attachée à elle. Les filles boulimiques ont besoin de soutien, absolument. K. a perdu 6kg depuis le début de l'année, et je sais qu'elle en perdra encore. Et pourtant, tout le monde trouve qu'elle était beaucoup plus belle avec plus de « formes ». Je me sens souvent perdue et impuissante face à ce qu'elle endure. Quand je l'entends vomir après chaque repas, les larmes me piquent les yeux. Quand elle me dit qu'elle ressent un immense vide en elle-même, comme si elle avait l' « univers entier dans sa gorge », j'ai du mal à retenir des frissons. Que faire ? L'empêcher de recracher la nourriture qu'elle mange ? Non, je ne vais quand même pas aller lui sortir la tête de la cuvette des toilettes ! K. est suivie par des médecins, par un psychologue. Elle a subi plusieurs hospitalisations, quand sa vie était en danger à cause de carences. Mais tout ça ne la réveille pas, elle n'arrive pas à lutter contre cette maladie. Elle ne peut y arriver seule, et ce sont ses proches qui doivent l'aider.


Même si vous vous sentez seuls et totalement impuissants, sachez bien que votre soutien est très utile aux filles boulimiques. J'aime K. et je ne voudrais pas qu'elle meure pour des conneries comme ça. Ne les lâchez pas, même si vous en avez assez, même si vous vous dîtes « de toute façon c'est juste pour qu'on la remarque ». Oui, c'est pour qu'on la remarque, mais c'est parce qu'elle a besoin des autres. Soyez là, toujours présents pour ces filles. Assurez-les de votre soutien. Je sais bien, et j'espère d'un certain côté, que K. devra un jour partir dans un centre spécialisé, totalement coupé de ses proches, si elle ne veut pas mourir. C'est terrible, mais c'est la seule solution arrivé à un certain stade. Ce sera dur pour moi, pour sa famille, pour ses amis, mais c'est ça ou la mort. Alors, à choisir...La société nous engendre un tas d'obligations pour s'y intégrer, mais beaucoup n'en valent pas la peine. Pas besoin d'être mince pour être apprécié. Pas besoin d'être grand, ou musclé, ou avec une grosse poitrine pour avoir des amis. Il ne faut pas oublier qu'il y aura toujours quelqu'un pour écouter vos soucis, vos histoires, vos coups de coeur, cos coups de gueule. En tous cas, et ceci est un message pour tout le monde, fille ou garçon, en bonne ou en mauvaise santé : ne cachez pas vos problèmes, parlez-en, et détachez vous du regard des autres, il n'est rien à côté du votre. Que vous soyez ou non comme les mannequins des magazines, vous avez forcément un charme qui plaira à quelqu'un, sans avoir besoin de changer. SOYEZ VOUS-MEMES. Et vous pourrez trouver le bonheur.


K., si un jour tu tombes sur cet article, ne m'en veux pas de raconter ta vie ainsi, c'est pour que d'autres puissent s'en sortir comme j'espère tu le feras. Et sache que je t'aime et que je te soutiendrai toujours.
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