Good bye, Lenin

Alex et sa famille vivent en RDA. Quand son père les abandonne pour se réfugier en Allemagne de l'Ouest, sa mère, traumatisée, s'engage avec passion dans le communisme. Mais, en Octobre 1989, elle tombe profondémemnt dans un coma de 8 mois... A son réveil, elle doit être protégé à tout prix de tout choc émotionnel qui pourrait la tuer. Et pour une communiste convaincue, la chute du Mur et l'arrivée brutale du capitalisme, ça peut être rude comme nouvelle ! Alex va donc tout faire pour faire revivre l'Allemagne communiste pour que sa mère ne se rende pas compte des changements révolutionnaires en Allemagne.

Un film allemand est toujours un mini événement en France, vue la rareté de la distribution de ces films en France : servie par une bande annonce alléchante, un sujet intéressant (la chute du mur est est une des révolutions majeures du XX ème siècle), et une critique qui s'enflamme, "Good by Lenin !" semblait être un des films à voir de la rentrée ! Et de fait, c'est une grande réussite...

15 ans après la chute du Mur, révolution à la fois spectaculaire et très rapide, le cinéaste allemand Wolfgang Becker choisit de traiter de ce sujet sur un ton à la fois nostalgique, humoristique et intime, en se concentrant sur les répercussions de ce bouleversement au sein d'une famille typique de l'Est. C'est également pour cela que le film est très intéressant, en décrivant la vie des Allemands sous le joug communiste (violence, répression, mais aussi travail pour tous) puis l'arrivée brutale du capitalisme et le nettoyage en quelques mois seulement de toutes traces du communisme. Cette vision est cependant très nuancée, sans tombée dans un manichéisme facile entre communisme et capitalisme : le réalisateur ne sombre pas dans une nostalgie d'une Allemagne de l'Est idéalisée, ne critique pas non plus bêtement le capitalisme, mais montre seulement la rapidité du changement entre les deux régimes, et les espoirs et désillusions qu'il a entraîné.

Mais cet aspect "documentaire" n'est qu'une petite partie du film, qui se concentre sur la volonté du jeune Alex de cacher à sa mère la vérité au sujet de la chute du communisme. S'enfonçant avec son entourage dans un mensonge de plus en plus difficile à préserver, il va imaginer des stratagèmes de plus en plus complexes pour préserver sa mère ! Le film est donc léger, fait sourire sans être hilarant, et l'on s'amuse à voir comment les protagonistes vont éviter la confrontation entre l'ancienne communiste et le nouveau régime.

Beaucoup de thèmes sont abordés dans le film : les rapports parents-enfants, avec la présence d'une mère dévouée à ses enfants qui le lui rendent bien, et le retour émouvant du père après de longues années d'absence. Le thème du mensonge est évidemment central, avec la question de la nécessité ou pas de mentir à sa mère, le danger d'un tel comportement et les renversements de situation qu'il peut entraîner. Enfin, la confrontation communisme/capitalisme est intéressante également, avec le parallèle entre une société où tout le monde a un travail mais peu de libertés et une société ou la consommation de masse débarque mais dans laquelle les inégalités se creusent. Le pouvoir des médias, la manipulation des images télévisées sont aussi des thèmes traités, et cette manipulation des masses est valable pour les deux régimes... Mais si le film aborde tous ces thèmes, c'est toujours subtilement, loin des théoriques lourdingues qui plombent parfois un film...

La mise en scène est très bonne également, avec plein de petites trouvailles qui dynamisent de temps en temps le film, sans que le réalisateur n'abuse de ces effets. Les acteurs sont également parfaits dans leur rôle. Quant à la musique, signée Yann Tiersen ("Amélie Poulain" !), elle colle très bien à l'histoire et comblera les fans (même si on reconnaît un des thèmes utilisés pour le film de Jeunet : canaillou va !)
Le film parfait alors ? Il y a bien quelques défauts qui viennent un peu gâcher notre plaisir : de nombreuses longueurs viennent ralentir le film, principalement quand la mère est dans l'appartement : le réalisateur insiste un peu trop lourdement sur les stratagèmes du fils, qui deviennent un peu lourd à force. De même, si le film comporte quelques passages plutôt touchants, on est rarement véritablement émus : ainsi, le première rencontre entre le père et le fils ne fait pas autant d'étincelle qu'on l'aurait imaginé. Enfin, ne vous fiez pas à la bande annonce qui présente le film comme une comédie plutôt nerveuse et drôle : le film n'est pas hilarant, bien au contraire. Plutôt nostalgique, il prend tout son temps dans le développement du récit...

Cependant "Good bye, Lenin !" reste un film très intéressant, à la fois dans son aspect historique et dans l'originalité de son scénario, et intelligent sans être chiant : une oeuvre à découvrir !