Ah, ces Français !

Bon, faisons un test. Parmi vous chers compatriotes suisses, qui aime l'équipe de France ? Et qui se réjouit sincèrement de ses triomphes ? Ne levez pas tous le doigt en même temps. Allons, s'il vous plaît, un petit effort. Comment, vous n'êtes qu'une poignée à soutenir les Bleus ? Voilà bien la confirmation qu'en Suisse romande nous avons un problème avec le football français. Et ça n'ira pas en s'arrangeant car, mercredi 27 août, es Bleus ont mis une pâtée à notre sélection nationale.
Pourtant, en matière de ballon rond, nous sommes beaux joueurs. Tenez, nous admirons l'Italie. Redoutons l'Allemagne. Aimons l'Angleterre. Respectons l'Espagne et le Portugal. N'avons rien contre la Belgique. Et encore moins contre l'Autriche, qu'il n'est plus très difficile de battre. Les Français, dans tout ça ? C'est là que ça coince.
Oh, bien sûr, il nous arrive de les aimer. mais de préférence quand ils perdent.


Pas de Juve, pas de Real

En temps normal, cependant, notre antipathie reprend le dessus. Pour nous, rien à faire, la France n'est pas un vrai pays de foot. Elle n'a pas de Juve, de Real ou de Manchester. Pas non plus de passé renversant. Leurs joueurs, passerait encore. mais leurs supporters, leurs commentateurs, leur public et leurs délirants de service, non, ils nous courent sur le haricot.
Le problème vient de là, il vient naturellement d'eux. Ces Frousiens habitent à côté de chez nous, parlent la même langue que nous et sont donc comme nous. En même temps, ils ne sont pas tout à fait comme nous. C'est leur grand tort. Nous, quand nous nous emballons, nous le faisons comme il faut. C'est-à-dire un peu, mais pas trop. Eux, à l'inverse, vous les avez déjà vus ? La vie qu'ils font, en 1998, lorsqu'ils gagent une malheureuse petite Coupe du monde ! Ces gens-là sont incapables de retenue. Passent leur temps à se vanter. N'ont pas de chauvinisme discret. Ne se contentent pas d'être contents, il fau aussi qu'ils le montrent.
Bref, ils ont l'âme catholique. Nous avons des moeurs protestantes. D'où ce mur qui nous sépare. On rétorquera que les Italiens e les Espagnols possèdent leur exubérance, eux aussi, et qu'on n'en fait pas tout un plat. Oui, mais avec ces cathos-là, c'est différent. Ils sont venus construire nos routes et nos maisons, naguère, alors on peut bien leur accorder le droit d'être bons en foot. Les Français n'ont jamais été nos manoeuvre. Non seulement ils ne sont pas fichus de nous ressembler, mais ils ne font rien comme tout le monde.