Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Mon Utopie


Chacun à un avis différent de la cité idéale, il est intéressant d'étudier comment les autres imaginent la perfection dans notre société. C'est pourquoi je vous donne ma version, à vous de me donnez la votre par la suite. Une minute de rêve utopique est toujours bon pour s'évader un peu des problèmes actuels.



Cela faisait bientôt un an que Louna avait fait naufrage sur l'Ile et elle avait déjà pris goût à la vie des Gwayadiens. Elle se souvenait du jour de son arrivée, alors qu'elle ne s'appelait pas encore Louna, comme si c'était la veille.

Lorsqu'elle s'était réveillée, elle était allongé dans le sable chaud de la plage Est de Gwaya. Elle se leva doucement, encore pas très bien remise de son malheureux périple en mer, et avança instinctivement sur un petit chemin en pierre menant à l'intérieur de l'Ile. Après dix minutes de marche inquiétante mais sans encombre, elle aperçu une haie de gigantesques palmiers s'ouvrant sur une ville magnifique. En effet, elle surplombait une ville de toutes les couleurs (comme ses habitants pourra-t-elle remarquer par la suite) et très fleurie, avec des maisons semblant venir des quatre coins du monde. La jeune fille fut impressinnée par le calme qui semblait y régner. Une sensation de paix l'envahit, et elle entra le coeur léger, étonnée devant tant d'ordre et de propreté. La ville était bien organisée, les maisons ne se chevauchaient pas et paraissaient avoir été construites avec une harmonie inexplicable. Elle passa devant plusieurs habitations ; une villa bleu ciel, un tipi rouge, une hutte couleur blé et une cabane aux tons vert amande. De cette dernière, deux petites filles, apparemment de nationalités différentes, interpellèrent Louna.

Depuis ce jour elle avait appris que les deux enfants se nommaient Cerisa et Clémise, selon leur bon-vouloir, car sur l'Ile chaque personne choisissait elle-même son prénom et pouvait en changer à tout moment. Dans cette fabuleuse cité, rien n'était interdit et aucun problème ne survenait car la société était basée sur la tolérance et le respect. Ceci, Louna l'avait vraiment compris le jour où elle était entrée pour la première fois dans le bâtiment central, communément appelé le Salon des Religions. Elle rencontra dans ce lieu de prière un musulman, un juif et un catholique, avec lesquels elle partagea un repas, avant de prier ce dieu unique portant tant de noms différents. Qu'il se nomma Allah ou Dieu, peu importait son véritable nom car, que ce fût sous forme de chansons ou de prières, ils s'adressaient toujours au même, ensemble et dans la foi.

Elle connaissait maintenant tous les habitants et savaient bien qu'aucun d'entre eux ne pourrait faire de mal à quiconque. Tout le monde se côtoyait et s'aimait profondément. Il était inconcevable de croiser un voisin sans discuter joyeusement avec lui et l'inviter chez soi, à moins qu'il ne le fasse avant vous. Il n'y avait pas d'école, car on apprenait des autres et chacun passait son savoir au premier intéressé. C'était une sorte d'auberge espagnole, où la richesse était ce que chacun y apportait. A plusieurs reprises, Louna avait croisé se tout petit garçon nommé Lécrobystol apprenant à ses parents, ses amis, ou à son entourage comment parler le Téglinois, langue qu'il avait inventé lui-même et qui semblait se chanter plutôt que se parler. Elle aussi avait appris ce langage avec joie, puis elle avait offert une couronne de fleur à son nouvel ami qui, émerveillé par sa création, se fit promettre qu'elle lui enseignerait son secret de confection. Les gens s'offraient aussi beaucoup de présents entre eux et donnaient avec bon coeur, sans obligatoirement espérer un retour. L'argent n'existait pas, ni le troc, car tout s'offrait et était fabriqué par soi-même.

Ce qui perturba aussi Louna au début, c'était l'absence totale de calendriers et de montres, car l'heure comme le temps n'importait guère ici. On vivait à son rythme, en ne se souciant que de ses envies et des envies de ses compagnons. Si le grand-père avait sommeil alors que les autres mangeaient, il allait se coucher sans que cela ne dérange personne, et tout se régissait ainsi, selon les besoins du corps et les envies de l'esprit, qui suivait toujours l'esprit collectif. On s'habillait, ou pas, et personne n'aurait eu l'idée de contester lorsque Tichou ou son petit frère se promenaient en robe et en dentelle. On montrait son amour sans honte, sans gêne et comme tous ses voisins, on accordait beaucoup d'importance à l'affection, aux baisers, aux câlins, et cela avec tous. Le contact corporel était indispensable et personne n'en était choqué. Ainsi on allait bien, même mieux que jamais. Tout était d'un naturel parfait, rien n'allait de travers, et même si des erreurs avaient été un jour commises, la mauvaise conscience tortura tellement ceux qui les avaient faites que Louna, elle, n'en remarqua jamais après son arrivée.

Elle oublia ce qu'était les maladies et vécut heureuse, respirant un air plus pur que partout ailleurs, et vivant bien plus longtemps que tous les êtres qui ne connaissaient pas l'Ile. Elle ne se souvenait plus ni du mal, ni de la violence, ni de la peur, ni de la haine, ni de la jalousie, et jamais elle n'avait pensé à repartir ; elle ne savait même plus d'où elle venait. Sa famille, et toute sa vie, serait désormais les habitants de Gwaya.
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