Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Un temps de chien


Bah que dire à part "j'espère que ça vous plaira et que vous comprendrez la fin" ? (heu oui pasque yen a qui on pas compris !)



Le ciel est bas, les nuages lourds et menaçants. La pluie bat la campagne et un vent fort balaie le paysage. Je frissonne de plaisir : j'aime ce temps.
Il me rappelle ma jeunesse, lorsque, avec mes frères et soeurs, nous courions dans les flaques sous des abats d'eau, avant de nous faire rappeler à l'ordre.
Tandis que je contemple l'orage, je me tiens assis derrière une fenêtre. Une douce chaleur émane d'un feu qui craque dans la cheminée derrière moi. Je soupire : ce temps des courses dans les champs est loin, je me fais vieux et mes articulations préfèrent maintenant la tiédeur de la maison aux grandes balades humides dans la campagne. Comme ce temps-là était agréable. Lorsque, à cause des aléas de la vie, mes frères et soeurs et moi fûmes séparés, j'ai cru que tout s'arrêtait. Et puis j'ai croisé la route de Louis. Ce bon vieux Louis. C'est plutôt lui qui a croisé ma route, entre Paris et Clermont-Ferrand, devant un café. Depuis on ne s'est plus quitté et on a tracé un bon bout de chemin ensemble.
Au début, sa femme n'a pas trop apprécié que son " crétin de mari " se soit pris d'amitié pour " un pouilleux des rues ". Il faut dire qu'à ce moment-là, mon aspect était des plus repoussants, je vivais de poubelles et dormais sous les ponts. J'ai cru à une plaisanterie quand Louis m'a tendu la main. Et puis j'ai senti et vu la sincérité dans ses yeux. C'est ainsi que nos destins se sont liés.
Oui, je sais, c'est un peu mélodramatique comme histoire, mais, maintenant que je suis à la retraite, je n'ai plus rien à faire que méditer sur ma vie. L'arthrose de mes articulations m'empêche de faire de gros efforts. J'habite chez Louis et sa femme. Je leur ai été tellement précieux durant toutes ces années qu'ils ont accepté de partager leur demeure avec moi.
Que de bons moments passés ensemble, à faire de grandes balades dans les bois, à sortir en ville. Un profiteur, moi ? Non, je prends ce que la vie me donne, je m'adapte, et, tous les trois, on a toujours été très heureux.
Si j'ai partagé aussi sa femme au vieux Louis ? Oui, mais les caresses de cette dame n'avaient rien à voir avec celles de toutes les autres qui ont croisé ma vie. La dernière, notamment, est restée gravée dans ma mémoire, car, lorsqu'elle m'a aboyé qu'elle désirait rester avec moi et me donner au moins sept marmots, j'ai reculé et me suis enfui, " la queue entre les pattes " ont dit certains. J'ai préféré rester tranquillement chez Louis.
Mon dos m'élance. Je me lève et fais quelques pas devant le feu puis retourne me planter devant la fenêtre. Une voiture ballottée par le vent violent passe au ralenti. Je plains ceux qui sont sous cette pluie et qui n'aiment pas ce...
" Temps de chien !  "
Ah ! Louis et sa femme viennent de rentrer.
" Où il est le pépère ?  "
Une onde de plaisir me parcourt. Je force mon vieux corps à se lever, et, tout en remuant la queue et en esquissant une grimace, j'avance péniblement vers mon maître. L'homme est bien le meilleur ami du chien, Louis en est le plus bel exemple. Ce bon vieux Louis.
"Bon chien, bon chien" dit-il...
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
Tous droits réservés