Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Le Monde de Némo


Le film qui a explosé le box-office US cet été arrive enfin sur les écrans français... et Pixar a encore fait un chef d'oeuvre !



A la mort de sa compagne, Marin le poisson clown se retrouve seul pour élever Nemo, son fiston à la nageoire défaillante. Complètement flippé par l'océan et ses dangers, Marin surveille le moindre mouvement de son fils, quitte à l'étouffer complètement... Jusqu'au jour où Nemo va se rebeller, et filer en douce... avant d'être capturé par un plongeur et finir dans un aquarium ! Marin va alors parcourir l'océan, et tout faire pour retrouver son fils, aidé par une bande de bêtes, plus ou moins déjantées !

Voici donc le fameux film qui a tout écrasé sur son passage, ne manquant pas de dépasser allègrement Neo et ses amis avant de devenir "le plus gros succès du film d'animation" devant "Le Roi Lion". Après les 2 "Toy Story", "1001 Pattes" et "Monstres et Cie", le nouveau film de Pixar méritait-il donc ce succès ? Oui oui oui !!! Ce film est un pur bijou, magnifique esthétiquement, rythmé, émouvant, monstrueusement drôle... bref : parfait !

Dès l'ouverture du film, on en prend plein les yeux : les couleurs explosent sur l'écran et alors qu'on aurait pu craindre une tonalité générale dans le bleu, les graphistes de chez Pixar n'ont pas hésité à utiliser les couleurs les plus flashys. Les paysages sous-marins sont splendides, aussi bien dans leur esthétique que dans leurs tons. Evidemment, "Nemo" n'est pas "Final Fantasy", et le but du film n'est pas de coller à la réalité, bien au contraire : les quelques humains que l'on voit sont très "cartoonesques" et les poissons ont des têtes et expressions humaines. Quant aux décors, ils s'inspirent de la réalité sans chercher une reconstitution précise... Mais qu'est-ce que c'est beau !

Evidemment, depuis les premiers films Pixar, mais également "Shrek" ou "L'age de glace", l'animation par ordinateur en elle-même ne surprend plus, et ses progrès, pourtant spectaculaires, ne sont plus aussi hallucinants pour le spectateur qu'il y a quelques années ("Final Fantasy" s'était légèrement lourdé en misant sur une esthétique absolument magnifique au détriment d'un scénario faiblard). Et dans "Nemo", le rendu sous-marin, avec ses jeux d'ombre et de lumière, ou les mouvements des éléments en fonction des courants, sont très bien rendus. Difficulté technologique majeure, cette vision du monde sous-marin est pourtant magnifique. Et là où "l'age de glace" décevait par son utilisation d'énoooormes ordinateurs pour des décors pauvres voire moches, "Nemo" utilise pleinement toutes les potentialités de cette technologie.

Bon, les ordinateurs, c'est cool et ça fait des trucs mignons ("merveilleusement et hallucinamment magnifiques" serait le terme approprié en fait), mais quand il n'y a rien derrière, ça s'essouffle vite... Oui, mais "Nemo" est signé Pixar, et après quatre films très réussis, on commence à se dire qu'à l'instar d'un Miyazaki, tout ce que touche Pixar devient or... A cet égard, le court métrage diffusé en première partie de "Némo" (j'sais pas si c'est le cas dans tout les cinémas) et très révélateur : "Knick Knack", réalisé en 1986, est assez "simple" dans son graphisme... mais complètement ouf dans son histoire ! Un petit bonhomme de neige, enfermé dans une boule de neige souvenir d'Alaska va tout faire pour s'évader de sa prison de verre (des simples coups donnés au verre, à la méga explosion à coups de dynamites) : une idée toute bête, et pourtant génialement exploitée.

C'est ça la touche Pixar, trouver constamment une petite idée, souvent à partir de détails, et la rendre géniale ! Parce qu'il est évident que le scénario de "Nemo" n'a rien d'original : un trauma initial, un kidnapping et une longue quête pour retrouver la personne aimée, on l'a déjà vu et revu. De même, l'ensemble baigne dans des valeurs, certes très défendables (courage, famille, amour, solidarité, gnagnagna), mais encore une fois peu originales a priori... Et pourtant ! Pixar offre un lifting décapant à toutes ces recettes et arrive à les adapter à notre époque avec succès. Il est impressionnant de voir à quel point, malgré le succès et la pression que doit subir le studio, Pixar arrive à se renouveler constamment et à développer de nouveaux concepts à la fois simple et terriblement efficace.

Loin de la lourdeur que l'on peut reprocher à la grosse boîte qu'est Disney, Pixar ose : le bestiaire du "monde de Nemo" ne ressemble à rien, et chaque héros a son handicap... En vrac : Marin est trouillard à l'extrême, Nemo a une nageoire atrophiée, on a droit à un poisson qui n'a aucune mémoire a court terme, une bande requins qui souhaitent devenir végétariens, une tortue de 150 ans totalement djeuns dans sa tête, bref, ça part vraiment en vrille... et ça marche (et y a aussi des mouettes débiles, des crabes qui font du kung-fu, un banc de poissons indicateurs... arg ! c'est génial !) ! On s'attache très rapidement à tous ces personnages déjantés, tour à tour émouvants ou hilarants.

De même, cette faculté à raconter des histoires propre à Pixar est éclatante dans "Nemo" : sur une trame classique, les réalisateurs enfilent avec une facilité déconcertante de nombreuses scènes, chacune meilleure que la précédente. De l'action, avec de nombreuses poursuites dans l'eau ou dans l'air, de l'émotion, avec les rapports difficiles entre Marin et Dory et surtout, une blague mortellement drôle toutes les 30 secondes ! Le personnage de Dory (qui oublie tout ce qui s'est passé il y a moins d'une minute) est certainement le personnage le plus drôle de Disney depuis longtemps (depuis toujours ?) et la séquence du dialogue avec la baleine est un énorme moment de déconnade. Mais le moindre détail, la moindre ligne de dialogue est prétexte à une blague : que ce soit l'étoile de mer collée à la vitre de l'aquarium, la crevette française, ou le passage dans les abysses, Pixar ne se relâche jamais et ne perd pas la moindre occasion de faire rire le spectateur.

Une fois que le film commence, l'histoire démarre sur les chapeaux de roues et ne s'arrête pas une seule seconde. Les morceaux de bravoure s'enchaînent et le spectateur garde pendant plus d'1h30 un énorme sourire béat collé sur la gueule. Les scènes d'action sont spectaculaires et ultra-rythmées, que ce soit au milieu d'un banc de méduses, spectacle subjuguant mais un chouilla dangereux, en nageant dans un courant marin à grande vitesse à dos de tortue ou en volant dans le bec d'un pélican. Niveau rythme, Pixar ne débande pas une seconde (et le spectateur non plus).

Et si certains pourraient faire la fine bouche devant les valeurs sous-jacentes au récit, il faut reconnaître qu'elles passent quand même très bien, puisqu'elles découlent simplement du récit, et ne sont pas lourdement assénées aux spectateurs et sans le moindre gramme de niaiserie... Et c'est toujours plus fun d'apprendre la tolérance à un enfant en lui montrant un poisson sympathique presque amputé d'une nageoire ou une amnésique optimiste qu'en lui présentant une beauté fatale (Pocahontas, trop dur pour toi). Et en étant moins con ("mouais, attends, Disney, c'est nul..."), on peut aussi reconnaître qu'on n'a pas souvent eu à faire à un tel étalage de bizarreries dans un dessin animé, et que des rapports conflictuels enfants/parents ont rarement été traités de façon aussi touchante.

"Nemo" est donc une merveille, d'autant plus surprenante que Pixar passe son temps à surpasser ses propres limites et à faire preuve d'inventivité... Même si les deux films sont difficilement comparables tant leurs différences sont grandes, je pense que "Nemo" surpasse "Shrek" : là où ce dernier optait pour une critique, réussie mais facile, de la maison Disney, "Nemo" ne rejette en rien son héritage, mais se l'approprie au contraire, n'en garde que le meilleur, et en fait une synthèse jouissive, aussi bien dans le fond que dans la forme. On ressort du cinéma 1h40 plus tard avec un grand sourire de pur bonheur. Le succès de Pixar est amplement mérité, et "Le monde de Nemo" devient immédiatement un grand classique de l'animation...
J'suis ému. :'-)
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