Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Combien de temps pour se faire tuer ?


Comment la vie de trois collégiennes peut basculer en quelques secondes... Simplement à cause d'un homme qui tire dans le vide...



Ce matin, comme tous les jeudis matins, je commence par une heure de maths. Mais ce matin, ma voisine n'est pas là. Comme les deux autres absentes, pour la même raison. Il y a un drôle de silence dans la salle. Le brouhaha infernal qui est coutumier de la première heure est anormalement inexistant. La prof de maths ne pose pas de questions. Elle qui s'intéresse toujours de savoir pourquoi les élèves sont absents, ne dit rien. Elle sait déjà ce qui c'est passé. A 8h20, nous sommes tous en salle de conférence. Lycéens et collégiens ont été réunis pour une réunion exceptionnelle. Beaucoup ne savent pas ce qui les attend. Mais moi je sais, et ça me hante. Pourquoi elles trois et pas moi ? Une fois que tout le monde s'est tant bien que mal installé, le proviseur prend la parole. A peine a-t'il commencé à expliquer que toutes les images me reviennent à l'esprit...


Mercredi, 9h55 : Je me souviens maintenant, elle ne voulait pas aller en sport. Mais je ne voulais pas qu'elle m'abandonne à ce supplice alors elle est venue.
10h45 : Nous avions fini l'échauffement. La prof de sport prenait nos temps au saut de haie. Elle voulait qu'on se dépasse. Elles sont parties toutes les trois. Les trois premières. T., qui était ma voisine, passait sur la plus basse, O. était au milieu et A. sur la plus grande. T. n'était pas très douée pour le saut de haie, ni pour le sport en général, mais elle se forçait. Elles étaient presque arrivées. Et, tout à coup, on l'a entendu. Une première détonation, qui a touché T. en plein saut de la dernière haie. Une deuxième, et O. s'est effondrée sur la ligne d'arrivée. Une troisième, A. est tombée aux pieds de la prof. Mme B. a levé les yeux et l'a vu. Elle s'est jeté à plat ventre par terre en nous ordonnant de faire pareil. Les 2nd qui faisaient saut en longueur juste à côté nous ont imités. Le tireur a été immobilisé par les ouvriers qui travaillaient sur le toit. Puis tout s'est passé très vite. Les ambulances ont emmené les trois blessées. On nous a renvoyé chez nous, en prévenant nos parents de ce qui c'était passé...



Nous revoilà enfermés dans cette salle, alors que T. se meurt dans un lit d'hôpital. Le proviseur a presque fini. Le verdict tombe : " Une des élèves est gravement blessée, la balle l'a touchée près du cœur et elle est entre la vie et la mort. Les deux autres sont blessées à la jambe et à l'épaule, elle devrait revenir en cours d'ici peu de temps.  " Alors c'est ça, ça qu'on ne voulait pas nous dire ! Un silence religieux s'est abattu sur la salle. Une voix s'élève, je la reconnais, c'est G., la meilleure amie de T., elle veut savoir qui sont les trois élèves. A l'annonce des noms, on entend des cris de peur, ou d'indignation, je ne sais pas. Toute cette histoire, ça ne les touchait pas, mais là ! C'est arrivé à leurs amies ! Tout ça prend une autre dimension...


Tout ça, ça aurait pu arriver dans votre collège. Mais on se dit toujours : " Ca n'arrive qu'aux autres, ce genre d'horreur ". Jusqu'au jour où ça vous tombe dessus sans prévenir, et là, c'est une autre histoire...
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