Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Les orphelins derrière les barbelés


Ceux qui vivent là où rien ne vie librement, ceux qui ne voit que le désert d'un côté, les barbelés de l'autre, ceux qui meurent pour que la Palestine soit écouté



Mohamed savait qu'il n'avait pas le choix.
Il l'avait su peut être au moment où sa mère est morte et où son père le lui avait dit. Ou peut être quand son cousin lui avait expliquer que dans les territoires occupés, comme les investissements étaient très limités, ils ne pouvaient y avoir de développement. Peut être l'avait-il su quand il a vu son père mourir de faim et de la maladie, ou quand son cousin avait décider de franchir la ligne pour faire parler au prix de sa vie du "peuple-de-derrière-les-barbelés".
Peu importait, mais à un moment précis, même s'il ne savait plus très bien lequel, il avait comprit le poids d'une vie humaine : aucun.
Une vie est un nombre, un nombre de tué, de blessé. Et c'était d'ailleurs ce que Aziz lui avait dit quand il l'avait invité à entrer dans le FLNP. Le but n'était pas de tuer des israéliens. Le but était de faire parler de ces israéliens. Si Allah leur avait donné leur vie sur cette terre en particulier, c'était pour se sacrifier afin que ceux qui viennent après aient leur propre terre.
Bien qu'on avait essayé de l'endoctriner avec ces inepties sur Allah et le Coran, Mohamed était une forte tête, et il avait pu échapper au lavage de cerveau qu'on leur faisait subir. Il savait pourquoi il mourrait.
Quand Mohammed regardait le sable, derrière le ghetto, il se sentait libre. Il n'y avait rien, ni Israéliens, ni Palestiniens, rien que le sable et le ciel bien tranquille au-dessus. Quand il regardait derrière lui sa maison, il voyait une espèce de bâtiment préfabriqué d'où son père l'appelait "Mohammed, à table". Il voyait son frère, couvert de cicatrice après une manifestation. Il s'était fait martyr l'an dernier. Il voyait son père pleurer sans cesse sa femme, sa fille morte jeune et son fils. Au fond, peut être que Mohammed lui en voulait un peu de toujours se tourner vers les morts.
Quand son père est mort à son tour, c'est Mahmoud, le voisin, qui l'a hébergé. Mahmoud était un homme très pieux. Il lui avait appris le bonheur qui réside dans le simple fait de vivre, le but que poursuivait Allah. Il l'avait amené à La Mecque l'an dernier. S'il y avait un Allah, là-bas dans le ciel, alors au moins, il aurait fait ça.
Non, ce que voulait Mohammed, ce n'était pas accomplir un devoir religieux d'aucune sorte, ni faire un massacre, ou en finir avec une vie qui ne lui avait rien donné. Il voulait qu'on voie un massacre à la télévision. Il n'aimait pas le sang, mais il voulait que tout le monde le voie.
C'était inhumain, de vouloir tuer pour faire du spectacle, ça il le savait, mais il ne voyait pas d'autre chose que lui-même pouvait faire. Il n'avait aucun espoir de vivre une vie dans la dignité et la richesse à l'occidental, cela lui aurait plu, mais pour les orphelins, il n'y a que la mort.
Inch'Allah. Le voici lancé dans un centre commercial israélien. Il y avait des gens partout. Ils avaient tous l'air heureux. Les vieux, les enfants avec leurs parents, ceux qu'il n'avait jamais eu, les couples qui marchaient enlacés et insouciants alors que lui n'avait rien eu de sa vie. Quand il appuya sur le détonateur, il savait que rien de tout cela n'existait. Seul le martyr répond à l'ignorance. Quand il sentit son corps exploser, son tronc se séparer du reste, ses bras de chaque côté, puis la tête du cou, sa dernière pensée se tournait vers son frère, qui lui disait : "Mohammed, mais tu feras toujours les mêmes conneries que moi ?!"
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