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Naissance...


Histoire d'une vision bien personnelle...



Tout était si noir. Tout était si sombre. Comme un gouffre sans limites, elle restait dans les ténèbres. La peur régnait presque en maîtresse absolue. Une torpeur, un mal s'installait. Peut-être fallait-il rester. Peut-être fallait -il partir. La question sans fin, cette question sans réponse allait t-elle changer l'humanité ? Allait-elle avoir une conséquence dramatique ou simplement rester dans l'oubli... ? Mais c'est maintenant qu'il fallait agir. Oui, maintenant, pas après ou jamais, tout de suite, à cet instant précis. Car cet acte allait changer le monde. Peut-être serait –il regrettable. Peut-être serait-il enviable. Mais qu'importe, il fallait le faire.

Ses lourdes paupières closes firent mine de s'agiter. L'univers autour d'elle bougea. Une porte s'était enfin entrouverte... une porte magnifique laissant échapper un halo de lumière magique, une lumière si forte et si scintillante, une lumière qui promettait tellement de choses sublimes... Un éclat lui transperça le regard et l'éblouit. Quand ses yeux eurent repris conscience, rien n'était pareil. Un nouveau Monde l'attendait. Elle balaya d'un souffle le décor... d'un souffle admiratif et émerveillé. Des parois intouchables l'entouraient, des murs bleus remplis de douce chaleur, parsemés de quelques taches blanches qui ondulaient telles les vagues à la surface d'un océan turquoise, tels des oiseaux se déployant de tout leur envergure, voguant dans les airs, telles des gouttes de pluies qui tombent délicatement sur le visage des enfants rieurs. Le plafond était si vaste, représentant si bien l'immensité et la grandeur, mélangeant harmonieusement un dégradé de couleurs superbes, et expirant des parfums multiples qui lui remplissaient maintenant doucement les narines. Au centre, une boule de feu brûlait, imposante, protectrice, encadrant de ses bras emflammés le globe sur lequel elle reposait. Ce globe gigantesque, couverts de terre et de chair, de montagnes froides et de mers transparentes, de blocs de glace et e'îlots perdus.

Ainsi, elle découvrit sa nouvelle maison. Son nouveau domaine. Elle vit elle aussi cet endroit immense qui allait bientôt être sien, qui l'était déjà. Un territoire occupé par le Malheur, par la Haine, et par tous ces mots horribles que l'Homme a inventés. Elle ressentait ces mots ; elle sentait leur présence négative leur aura maléfique. Et elle comprit. Compris qu'ils étaient tous comme hantés par ces termes affreux, telle une malédiction qui avait germé au fond de leurs cœurs, un mauvais sort qui les auraient atteints de l'intérieur, les envahissant malgré leur pâle résistance, s'incrustant dans chaque recoin de leur faible esprit. Peut-être étaient-ils comme ça dès le départ, dès le commencement de Tout et de Rien. Ils s'était mis à exister, et a se reproduire, avec ce mal profond les habitant déjà, se nourissant d'eux et eux lui offrant leurs enveloppes charnelles et leurs âmes, inconscients, persuadés d'avoir raison d'agir raison, confiants, fous. La Folie. Elle la ressentait aussi. La folie de croire, d'observer, de penser même, la folie de vivre, de vaincre, de pleurer, la folie de l'amour ou plus simplement, la folie d'exister.

Alors les pâles murs qui l'encerclaient s'assombrir. Elle crut retomber dans ce gouffre, dans le noir infini. C'était juste le noir visqueux du Monde qui dégoulinait devant ses yeux, comme la nuit qui arrive subitement privant les Hommes des éclats précieux du soleil. Et la peur l'envahit, comme les Hommes lorsqu'ils perdent leur lumière. Comme les Hommes. Elle en était un, un humain. Elle percevait leurs sentiments qui passaient lentement en elle, coulant dans ses veines, l'empoisonnant parfois, la guérissant juste après, car l'équilibre est important. Elle sentit alors le désespoir et la tristesse. Elle imagina ces vies qui s'éteignent, une par une, seconde par seconde, ces vies qui plongent peut-être dans un gouffre sombre aussi. Elle sentit le souvenir de ces vies, et aussi leur réveil divin, qui surgissait comme un espoir, comme un scintillement de plus parmi tant d'autres. Elle sentit la rage et l'agressivité, elle sentit la vengeance et l'orgueil.

Et quand ce noir étrange eut fini de couler, des brillantes lucioles se collèrent à lui, l'empêchant d'avancer sur le chemin qu'il menait tranquillement, insouciant des dégâts qu'il causait. Des étoiles ! Elles jaillirent toutes de nulle part, éblouissantes, magiques, amenant la joie et le bonheur. Un sentiment bizarre envahit son petit organisme, et un sourire léger glissa sur ces lèvres, laissant échapper ensuite un rire, des notions de bien-être, mais aussi de fragilité, de sensibilité et d'amour. L'amour si présent.

Il était bien là, puissant, comme une fleur qui n'espérait qu'éclore dès qu'on le lui permettrait. Alors elle le lui permis. Et un visage angélique se dessina devant elle, des grands yeux bleus la fixaient, elle vit une bouche tendre, des traits fins. Et de la tendresse. Une fée arrivait, la protégeant de ses ailes étincelantes de tous les maux qu'elle avait pu ressentir auparavant. Cette fée c'était son créateur. Sa mère.

Ce dernier terme lui fit alors tout comprendre. Enfin elle avait réussi. Elle avait atteint ce but si longuement recherché. Elle existait. Elle avait une vie... Humaine, certes, mais une existence neuve, pleine de mystères, de surprises, et de déceptions. Elle réalisa alors l'ampleur des premiers mots qu'elle voulait dire, mais qu'elle ne parvenait pas encore à articuler. Elle voulait les hurler, mais juste un son strident sorti de sa gorge. Elle les dira, plus tard ; elle apprendrait à les dire.

A dire qu'elle était née, aujourd'hui. Et qu'elle pensait déjà. Oui, elle leur dirait à tous ce qu'elle avait vu, ce qu'elle avait rêvé, elle leur dirait qu'à la première seconde où l'air avait empli ses poumons, elle pensait, et que cette force de penser elle ne la cacherait pas. Jamais.

La plus grande puissance de la galaxie et la plus précieuse existait en elle ;elle n'avait pas le droit de la gâcher, elle le savait. Alors, dans son esprit si jeune, si pur et si innocent, elle se répéta, déterminée, qu'elle n'oublierait pas ce moment, et qu'on ne lui bloquerait pas la possibilité de penser.

Mais elle oublia. Comme tous les autres.
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