Extrait du site https://www.france-jeunes.net

J'ai décidé de changer de sexe !


Voici le témoignage exceptionnel d'une personne qui, après une enfance douloureuse et hors du commun, décide de passer de l'autre côté. Changer de sexe est le désir qu'elle va réaliser sans hésiter...



Voici l'interview d'une jeune fille qui souhaite devenir un garçon...

"Je vais avoir 28 ans en septembre prochain. Et aussi loin que je me rappelle, j'ai eu le sentiment que l'on s'était trompé d'enveloppe. Quelqu'un s'était trompé dans la distribution. J'avais l'impression d'être un objet dans un mauvais paquet. Physiquement tout était là, mais l'intérieur ne correspondait pas à l'extérieur. J'étais alors toute petite. Je dis petite alors que je n'ai jamais parlé de moi au féminin, même enfant. J'ai toujours pensé être un petit garçon dans le corps d'une petite fille.

Depuis tout petit : Ma mère m'a raconté qu'elle se souvenait que très tôt je lui disais que j'étais un garçon. J'avais une grand-mère couturière qui jouait à la poupée avec moi (souliers vernis, collants blancs à petites fleurs, robe avec jupon) quand je ne rêvais que de grimper dans les arbres et mettre le nez dans un moteur. Du jour où j'ai dit à ma mère de ne plus m'habiller comme une fille, elle fit encore quelques tentatives puis renonça. Elle m'a raconté qu'à 18 mois le médecin est venu pour je ne sais quelle maladie enfantine, et me demanda ce que je voulais pour Noël. Je lui aurais répondu que comme cette année j'ai été très sage, je voulais être un petit garçon. Et il a eu beau m'expliquer que ceci que cela, je n'en démordais pas. Ceci dit, j'avais une vie chaotique. J'ai été ce qu'on appelle un enfant battu, sans compter un grand-père violeur. De 6 ans jusqu'à 13 ans, j'ai été victime de l'inceste. Comme je ne supportais pas les parents qui me tapaient dessus, j'étais tout le temps malade et donc souvent chez mes grands-parents.


A l'école : Avec ma coupe au bol et le fait que je dégageais une masculinité très prononcée, aux yeux de tous, j'étais un garçon, jusqu'à ce que la prof m'appelle par mon prénom. A un moment, une psychologue scolaire convoque mes parents pour leur dire qu'il était préférable que j'aille en internat. Et ainsi donc en 6éme (à 11 ans) je me retrouve en internat dans un dortoir tout en longueur. J'étais impatient que mes parents s'en aillent, histoire d'avoir la paix. Une fois partis, alors que j'étais en train de déballer mes affaires passe un père de famille accompagné de la directrice, qui me voyant, dit "tiens cette année les garçons sont mélangés avec les filles" et la directrice lui répond "Non, c'est Astrid"... Et cela a été ainsi tout le temps. C'est à cette époque que je suis tombé amoureux d'une autre fille. C'était une de ces histoires de cœur qui durent sans qu'il se passe quoi que ce soit. Je lui écrivais des mots, on se prenait la main. C'était quelque chose de très joli, de gentil, par rapport à ce que j'avais vécu et ce que je vivais encore.


Mon grand-père : C'est une fois en internat que je me suis rendu compte que ce que je vivais avec mon grand-père n'était pas vraiment normal. Toutes les filles se posaient des questions à propos des garçons, alors que je ne m'en posais aucune. Mais, naïvement, je croyais que c'était normal de savoir. J'étais dans un internat tenue par des Soeurs à une époque ou l'on commençait à parler de la sexualité, et chaque année il y avait des ateliers où on parlait de la reproduction, de sexualité, du sida aussi. Tout le monde alors se marrait, ricanait, ce qui est normal quand on est gosse, mais moi je ne ricanais pas du tout, c'était quelque chose que je vivais au quotidien depuis des années. Cela me perturbait de me rendre compte que tout le monde ne vivais pas la même chose que moi, et j'ai commencé à me dire qu'il y avait manifestement quelque chose qui clochait.

Mon grand-père a fait la même chose avec ma petite sœur (dont je suis l'aînée de 3 ans), et je suis intimement persuadé que mon père a subi la même chose. Il a fait de même avec ses apprentis (il était artisan peintre). Alors que mes parents étaient jeunes mariés (il y a 28 ans) il s'est retrouvé en procès car il s'était attaqué à une Maison de Jeune, et un des gamins a porté plainte. Il n'a pas été cru bien que mon grand-père était fiché par la police. Plus tard, cette personne s'est suicidé. Et c'est à l'âge de 14 ans que j'en ai parlé à mes parents. Cela s'est passé en deux temps. D'abord, suite à une altercation avec ma mère (à l'occasion de la fête des mères). Puis à l'occasion de la visite de mes grands-parents en vue de se réconcilier avec mes parents, suite à une précédente dispute. Ma mère proposa que nous (moi et mes sœurs) passions les prochaines vacances scolaires chez eux. Ce à quoi je répondis que c'était hors de question, que si j'y étais obligée je tuais mes sœurs et après je me suicidais (c'est du moins ce que ma mère m'a raconté).


Là-dessus elle me demande des explications et face à mon silence, comprend. Je n'ai jamais dit le moindre mot sur toute cette histoire. C'est ma petite sœur qui malgré son jeune âge a dit avec ses mots ce qui s'était passé. Lorsque ce fut à mon tour de déposer, je n'ai pas pu articuler le moindre mot. Les gendarmes ont relu la déposition de ma sœur, et je hochais de la tête pour dire oui. Suite à cela, ma mère décide d'en informer mon père. Il s'est alors rendu au poste de police de l'endroit où résidaient alors mes grands-parents, a expliqué aux forces de police la situation leur disant que maintenant qu'ils savaient ils n'avaient aucune excuse pour ne pas agir. Je n'ai jamais fait d'analyse ou de thérapie. La parole n'étant pas mon fort, je ne me voyais pas parler de tout ça avec quelqu'un que je ne connaissais pas. Par contre j'ai fait de la musicothérapie.


La vie reprend son cours : Sur ce, je reprends l'année scolaire comme si tout était normal. Pendant un temps, la violence que je connaissais depuis toujours a cessé. Entre temps, le médecin de famille explique à ma mère que ce serait bien que mon autre sœur soit au courant (j'avais alors 14 ans, Alice 11 ans et Axelle 8 ans). Elle nous prend toutes les trois dans le salon, raconte ce qui s'était passé avec moi, et Alice s'effondre alors en larme. J'étais convaincue qu'il s'était passé la même chose avec elle. Et avec ses mots d'enfant, du haut de ses 11 ans raconte son histoire. Elle a été suivie par des associations, lesquelles à l'époque se contentaient de lui faire raconter son histoire et de voir si cela peut leur rapporter quelque chose. Bref, on vous balade. Mon père nous dit qu'il ne se sentait pas de mettre en route un procès pour nous (dans la mesure où cela pouvait intéresser un avocat), puisque c'était notre histoire, que si on voulait s'en occuper il fallait attendre d'être majeures. De sa part, j'attendais une autre réponse.

Donc la vie se passe, bon an mal an. Je vivais une jolie histoire d'amour, sans qu'il se passe quoi que ce soit. Mais cela me convenait, et d'une certaine façon me rassurait parce que je n'étais pas contraint à quoi que ce soit. Mais deux jours avant mes 18 ans, la gendarmerie appelle pour nous dire qu'une grand-mère a porter plainte contre mon grand-père, l'ayant surpris sur le fait avec son petit-fils (de 5 ans). Et me voici à me demander si je portais plainte ou non, ma petite sœur étant encore mineure. Donc convocation, déposition, expertises et contre-expertises. Ma première visite chez le gynécologue ne fut pas facile. Et une fois de plus, c'est ma petite sœur qui passe en premier. A la sortie de l'expertise, la gynécologue s'adressant à ma mère lui dit qu'elle ne peut pas dire ce qui n'est pas. Selon elle, toute cette histoire était inventée. Et une fois de plus, j'entends un discours du style "est-ce que c'est bien vrai ? Etes vous sûr que ce n'est pas un mensonge ?". J'étais complètement terrassée, on me disait que j'avais menti. Donc bien évidement, grosse dépression. Ma mère communique les résultats au juge. Ce dernier explique qu'avec de tels éléments il est impossible d'aller en procès. Et donc re-expertises. On attend des heures et des heures. Je n'arrête pas de me dire que l'on va encore m'accuser de raconter n'importe quoi. Et là un mec vraiment très sympa qui visiblement avait l'habitude de ce genre d'affaire me sort "tu as de la chance, tu es en bonne santé. Des fois je vois des bébés de trois mois auquel on a fait la même chose qu'à toi. Trois mois". Bref, suite aux conclusions de ces expertises, le procès est relancé. C'était une histoire qui durait depuis longtemps, depuis mes 13 ans. Je ne savais plus s'il fallait que je continue, d'autant qu'à 18 ans, à l'occasion de la fête des mères, mes parents m'ont foutu dehors avec une trempe magistrale (la dernière), tout en espérant en leur fors intérieur que j'allais revenir. Je n'avais même pas 10 balles en poche et encore moins de compte en banque. Ceci dit, je suis revenu beaucoup plus tard, après avoir réglé beaucoup de choses.


Le début de la vie active : En dehors de ça, je descends à Marseille afin d'y suivre des études d'éducateur sportif profitant du fait que l'on m'avait accordé un prêt étudiant. C'était pour moi évident que j'allais être enseignant, j'avais toujours fait du sport. Lorsque j'étais en internat, ne supportant pas les études, je passais mon temps à faire du sport. C'était ma thérapie. Et donc à 18 ans, me voilà prof. Et je me retrouve face à des femmes de 35 à 45 ans (l'âge de mes parents) qui m'identifiaient comme une fille. Ce qui m'embêtait beaucoup. Certes physiquement parlant j'en étais une (120 de poitrine) bien que je dégageais tout de même quelque chose de masculin en ce sens ou j'étais assez baraquée. De ce fait, je me retrouve en situation quelque peu conflictuelle avec la gent masculine, un homme étant assez réticent à recevoir des conseils de la part d'une fille. En tant que prof de musculation, la seule manière de s'imposer consistait à faire la même chose qu'eux, à soulever les mêmes poids. Dès qu'il y avait un gros bras qui passait la porte avec plein de muscle et de testostérone, j'allais directement vers lui. Et même si je n'ai pas fait pareil, je peux comprendre cette attitude, d'autant que j'ai moi-même été attiré par le côté volumineux de la personne. Mes 10 ans de métier qui m'amènent à penser qu'il y a une déficience du volume intérieur compensée par une forte croissance du volume extérieur. Donc j'étais en conflit avec la gent masculine par rapport à ceci. J'étais en conflit aussi parce que Astrid et... étaient la même personne, je n'ai jamais changé de coupe de cheveux. J'avais alors un visage un peu plus fin et la mâchoire un peu moins carrée (du moment où on prend de la testostérone, c'est d'abord la mâchoire inférieure qui prend. Ce qui permet d'identifier ceux qui en prennent).

Amoureux, mais pas lesbienne : Donc je me suis beaucoup battu par rapport à ça, jusqu'au moment où je me suis rendu compte que cela n'avait finalement pas trop d'intérêt que je me batte pour prouver qui j'étais. Je savais que j'étais un garçon. De plus, je vivais une histoire d'amour, comme tout le monde. J'étais tombé amoureux de la meilleure amie de ma mère (qui était son prof de danse), qui avait 14 ans d'écart avec moi. Et le côté drôle de la chose, c'est qu'elle débarque dans ma vie en me disant qu'elle a été mariée sans savoir ce que c'était l'homosexualité, et qu'elle retrouve homosexuelle avec un garçon. J'étais avec une femme tout en n'étant pas lesbienne. En aucun façon j'étais homosexuelle. Mais malgré tout, les gens me voyaient comme lesbienne, même si au niveau comportemental je faisais plutôt garçon. Et tant que j'avais la bouche fermée on me disait jeune homme, alors que dès que j'ouvrais la bouche c'était "oh pardon mademoiselle".

C'était quelque chose qui me rendait très agressive. Genre au restaurant on avait droit au "monsieur-dame" puis quand le serveur se rendait compte du truc, nous adressait tout fier en présentant l'addition un "mesdames". C'était le genre typique de situation qui me décidait à ne plus remettre les pieds dans ce restaurant. Je me suis beaucoup battu contre ça, parce que dans ma famille et autour de moi il était évident que j'étais homosexuelle. On m'avait toujours dit que j'étais un garçon manqué, qu'à l'adolescence tout allait changer, que lorsque l'on est une petite fille il faut jouer à la poupée... Je voulais jouer non pas à la poupée mais aux voitures. A l'adolescence cela n'avait pas changé, et des années après je me retrouve prof de sport.


Je suis un garçon : La situation était assez rocambolesque, du fait que c'est un métier où il y a beaucoup de femmes (dès qu'un homme apparaît, il est le centre de tous les regards). En plus je ne me cachais pas, ma copine venait me chercher au boulot. Et avec mes parents (avec qui entre temps j'avais repris contacts) j'ai agit de la même façon, à savoir que je les ai mis au pied du mur. Mes papiers sont toujours au nom d'Astrid, ce qui provoque des fois des situations assez cocasses. Dans le genre, je suis allé faire mon passeport, et là grande animation dans les bureaux. La fille à l'accueil me dit que c'est impossible; je lui réponds qu'il n'y a pas d'erreur, chuchotements dans tous les coins, j'ai l'habitude.

Mais comme j'avais envie de construire quelque chose dans ma vie (sans pour autant fantasmer sur la voiture, la situation et les enfants), que j'en avais assez de vivre au jour le jour, je décide de m'engager dans l'armée. Ce à quoi je réfléchissais depuis longtemps. Donc je pose ma candidature, et me retrouve conducteur poids lourds au sein d'une unité de transport. C'est à dire une équipe de 30 hommes et pas les moindres (il n'y avait que 3 filles). Ceci dit, je fais l'école où durant deux mois tout le monde m'appelait Rambo, vu ma carrure. Puis j'arrive sur la base d'Istres, déguisée en jupe bleu marine avec un truc sur la tête comme les hôtesses, des talons. C'était carnaval. Pendant des mois je n'ai rien dit, cela faisait rire tout le monde. Dès que j'avais un moment de libre, j'allais en salle de musculation. Je n'étais jamais dans la salle de repos des chauffeurs qui ne savaient que fumer et boire. Bref au bout de 6 mois je me suis disputé avec le major, ne cessant dès lors de lui répondre dès que l'occasion se faisait sentir. De plus, en étant une femme et n'ayant que des hommes autour, j'étais ou homo ou salope. Donc bonjour l'ambiance, c'est pourquoi j'ai cassé mon contrat. C'était en mai.


La transformation : En janvier je pris la décision de changer de sexe, ne voulant plus continuer à être Astrid. Au sortir de l'armée je me suis dit que c'était le moment de mettre tout ça au clair. Il se trouve que un an auparavant j'avais rencontré une personne dans la même situation que moi, puis cette personne a resurgi dans ma vie, et je lui demande alors de m'expliquer comment cela se passe, les médecins, les traitements... Depuis longtemps je savais que j'allais sauter le pas, même si je n'étais pas vraiment fixé sur la date. Je savais aussi que les techniques n'étaient pas vraiment au point, que le parcours était difficile, très dur. En fait cela dépend de la façon dont la personne le vit. Pour ma part je le vis bien. Ceci dit, une fois la décision prise, j'ai contacté un médecin sur Marseille spécialiste de la chose.


Là il m'explique que je dois d'abord suivre une analyse (pendant 2 ans), ce à quoi je lui réponds que je ne me sentais pas malade. Mais comme cette étape est incontournable, tous les vendredis en sortant du boulot je consulte. Et le cirque dure pendant 3 mois, Et là j'explique que sachant très bien où j'en étais, et je passe directement aux tests psychologiques (alors que c'est normalement au bout d'un an). Mais là j'ai une altercation avec la personne qui devait me les faire passer (150 Frs la séance, non remboursé). Et dans la lancée, j'apprends de la part d'une amie qu'ils sont en fait sans réelle valeur. Comme par hasard, je n'ai plus jamais entendu parler de ces tests. Je lui explique que je ne voyais plus trop l'intérêt de poursuivre ces séances, qu'à part lui raconter mes recherches d'emploi, les problèmes de fric (j'avais le RMI), je n'avais pas grand chose à lui dire. Puis elle m'oriente directement sur le chirurgien qui s'occupe de ça. Suite à cela je le rencontre, j'insiste fortement pour qu'il m'opère le plus rapidement possible.


Et début septembre, je suis opéré. Cela s'est fait assez rapidement parce que pour chacune des personnes que j'ai dû rencontrer, la situation était dès plus évidente. Par exemple, au premier rendez-vous avec la thérapeute, elle m'a immédiatement rempli le formulaire de demande à la Sécurité Sociale. Bien sûr, pour la forme elle est allé chercher dans l'enfance les raisons ou le pourquoi de la chose. Contrairement à ce qui ce fait habituellement, puisque normalement on doit suivre un traitement hormonal avant de subir l'ablation des seins. Je me réveille sans problème, je passe une semaine à l'hôpital le temps que cela cicatrice. Je me suis senti léger, conforme à l'image que j'avais toujours eu de moi.


Nouveau départ : Et au sortir de l'hôpital je reprends contact avec différentes personnes afin de trouver un emploi. Ainsi j'ai réussi à donner quelques cours, sans plus. Dans le même temps, je vois une annonce pour faire du théâtre. Je me dis pourquoi pas, après tout j'avais passé ma vie à jouer, par obligation. Et surtout c'était aussi une façon de combattre ma timidité, de m'affirmer. C'était au gymnase Gaby (où je rencontre Robert Capomazza qui est aujourd'hui mon patron). Ainsi donc j'intègre le groupe avec une dizaine d'autres personnes. C'est une expérience qui m'a beaucoup apporté, j'y ai rencontré des gens vraiment intéressants, ouverts. Par ailleurs, durant l'année dernière je me suis amusé à être Astrid ou..., que ce soit au téléphone ou au travail, j'alternais entre ces deux personnages. Mais au fur et à mesure... Prenait le dessus aidé en cela par le traitement hormonal que j'avais entrepris. Et à la rentrée 99 j'ai cherché du travail en tant qu'... (avec des papiers au nom d'Astrid). Sur la région, c'est en tant qu'Astrid que j'étais connue, puisque depuis 10 ans je formais des profs et j'aidais à la préparation des compétiteurs. Pour ma part je me sers du sport comme d'une thérapie, apprendre à être dans son corps, à se servir de son corps. Et il me semble que si l'on veut aller mieux, il faut d'abord s'occuper de l'intérieur. En tout cas c'est une attitude qui m'a permis de me soigner, de soigner ce corps qui avait été abîmé.

Ceci dit, j'ai presque l'impression d'avoir changé de corps. Tant entre celui d'Astrid et celui d'..., il y a une certaine différence. Astrid avait un corps de fille. Dans le genre, je faisais un 120 de poitrine il était donc difficile de me prendre pour un garçon, malgré la coupe de cheveux (dont je n'ai pas changé). Seulement, la projection que j'ai de moi est maintenant conforme à celle que j'ai toujours eu de moi. Et ce dès ma petite enfance. Jamais, à aucun moment je ne me suis pensé en fille. Même dans mes rêves, je me voyais en garçon, en homme. Et jusqu'à ce que je discute avec des homosexuels masculins, j'étais jaloux de ne pas avoir ce qu'ils avaient, du fait qu'ils étaient des mecs, et surtout je ne comprenais pas qu'alors qu'ils ont ce que je n'ai pas, qu'ils aillent chercher autre chose.


Lorsque l'on me disait que j'avais un problème de libido, que je n'étais pas vraiment situé, je répondais que non. Là-dessus, j'étais très clair dans ma tête. Au-delà du changement de sexe, il est important de se poser des questions par rapport à sa sexualité. A un moment, j'ai été en balance vers l'identité lesbienne. J'avais un corps de femme et j'étais attiré par les femmes, mais je me sentais hétérosexuel. Depuis que je suis un homme, il m'arrive parfois de fantasmer sur les mecs, alors que cela ne m'était jamais arrivé auparavant. C'est quelque chose qui m'a beaucoup surpris, beaucoup interrogé. En tous cas, indépendamment de cet épisode, je me définis comme hétérosexuel.


La question de l'opération : C'est un peu à la tête du client. Le changement de femme en homme est très probant, extérieurement parlant alors que dans l'autre sens, vu l'âge, c'est souvent assez triste. Il y a quelque temps, j'ai assisté à une réunion, et malgré ma situation, j'ai été choqué. Tout était dans l'excès, la grossièreté. Pour un homme qui a vécu 35 ans dans un corps d'homme, ce n'est vraiment pas évident de passer de l'autre côté. Tu en retrouve les trois-quarts en train de se prostituer.


Quant au niveau chirurgical, il est plus facile de faire un vagin avec un pénis, que le contraire. Simplement parce que dans un cas il y a de la matière et que dans l'autre il faut l'inventer. Je ne serais plus jamais une femme (le processus est irréversible) et je ne serais jamais un homme. C'est une question de connexion nerveuse. Je ne pourrais pas avoir d'érection, ou alors de façon mécanique. Aussi je suis assez critique sur l'idée de se faire opérer afin de parfaire le changement de sexe. S'il s'agit de se faire charcuter pour avoir un faux pénis, je vois pas trop l'intérêt. Parce qu'au final ce n'est pas un vrai même si cela y ressemble, c'est un bout du muscle de la jambe. Certes les techniques chirurgicales ont grandement évolué. Au Danemark, il y a une cellule de recherche qui n'a rien à voir avec ce qui ce passe ici. En la matière, la France est le dernier des wagons. C'est une véritable mafia, que ce soit au niveau des médecins ou des avocats. En plus l'opération coûte 200 000 Frs. Bonjour. Ceci dit, je comprends que certains veuillent faire l'opération, d'autant que c'est pris en charge par la Sécurité Sociale. Enfin, le jour ou je déciderais de sauter le pas, il est évident que je ne ferais pas opérer en France. "



J'espère que vous comprendrez cette personne ; se mettre à sa place est difficile car son choix est plutôt hors du commun, mais réfléchissez bien, et faites-nous part de vos impressions à ce sujet...
Changer de sexe : Intéressant, Envisageable, Extravagant, Loufoque, Idiot, Impossible, Inacceptable,... ? Qu'en pensez-vous ?...
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
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