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Celui qui ne savait pas aimer


C'est un petit moment de vie, d'un homme qui se demande ce qui ne va pas chez, il se demande si il est capable D'Aimer. Mais en sommes nous tous capables ?



L'air était frais et vivifiant dans la forêt de Crécy. Le soleil effleurait juste la cime des arbres majestueux qui bordaient la clairière. J'avançais dans l'herbe encore humide de la rosée du matin. Je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Il était encore très tôt mais je savais que le sommeil ne m'aurait pas libéré de mes interrogations. Je venais souvent me retrouver, me ressourcer ici dans ce lieu encore intact. Je m'assis sur ce qui avait été autrefois un grand chêne. Le froid me traversait tout entier, malgré ma veste de cuir des frissons couraient le long de mon dos. Je m'adossais à une grosse branche pour mieux contempler le spectacle démesuré offert par la nature. Le soleil, rouge orangé au levant chassait les ombres immenses des arbres qui recouvraient la clairière, à mesure que ses rayons venaient réchauffer le tapis verdoyant qui recouvrait le sol, une légère brume s'élevait à la pointe des arbres pour former un halo de lumière diffuse dans l'azur matinal, ce qui donnait un coté un peu mystique à l'ensemble. En contemplant cet instant aussi magnifique qu'éphémère je me demandais s'il pouvait exister quelque chose de plus beau. Une réponse me traversa immédiatement l'esprit : Amandine.

Elle était la raison de mon insomnie, cela faisait quatre mois que nous étions ensemble et je ne comprenais toujours pas pourquoi elle en avait décidé ainsi. Quatre mois ! J'approchais de mon record. Mes relations sentimentales avaient toujours été vouées à l'échec à plus ou moins court terme. Après m'être interrogé à de multiples reprises, je me résolus à voir la vérité en face : J'étais incapable d'aimer.
Le sentiment qui prédominait le plus souvent dans mes relations, c'était le démérite. La sensation de ne pas mériter l'autre, justement parce que j'étais incapable de lui rendre ce qu'il m'offrait. Non pas que je n'avais aucune attention pour mes petites amies, au contraire je pense avoir toujours était attentif et à l'écoute. Seulement voilà j'avais toujours le sentiment de les trahir par manque d'amour. C'est pour cela que j'avais mis fin à mes précédentes relations sans raisons apparentes, alors que tout semblait allé pour le mieux. Provoquant l'incompréhension la plus totale de mon entourage. A tel point que je mettais décidé à ne plus m'engager dans une relation tant que je n'aurais pas compris ce qui n'allais pas chez moi.

Mais Amandine ne m'avait pas laissé le choix, elle est de ces filles qui ignorent leur beauté. Je l'ai immédiatement remarqué en arrivant sur le quai de la gare, elle avait une fraîcheur, une forme d'insouciance qui sautait aux yeux. Je vérifiais une dernière fois mon numéro de voiture et de place en montant les marches du wagon. Et alors que la sonnerie retentissait pour marquer le départ, j'avançais dans l'allée avec une certaine nonchalance tout en cherchant ma place. C'est alors que mon cœur eu une contraction violente et intense qui me sembla durée une éternité. Elle était assise sur la banquette que je devais occuper, En jetant un coup d'œil circulaire je me rendis compte que c'était la seule place encore libre dans cette voiture.
-"oh ! Excusez-moi, c'est votre place peut-être ?" Me demanda telle en me regardant de c'est grands yeux bleus.
Elle ajouta en esquissant un sourire timide :
-"j'ai pris la place cotée allée, je ne me sens pas très bien lorsque je suis près de la fenêtre."
Je lui rendis son sourire et lui répondit que c'était pour le mieux et qu'elle avait eu raison.
Après mettre installé à ses coté elle sortit un bouquin et se plongea dans sa lecture, c'était l'empire des anges. Je ne pus m'empêcher de la féliciter pour son choix et de lui faire par de ma passion pour ce livre. Elle semblait ravi de trouver quelqu'un à qui parler de ce livre qui l'enthousiasmait. Notre conversation naviguait dans le monde improbable des anges imaginés par Bernard WERBER, tout en effleurant notre perception profonde la vie. Elle m'écoutait parler de ma façon d'appréhender la vie le plus rationnellement possible avec un sourire enchanteur. Elle me transcendait littéralement par son regard. Et quand je lui expliquais qu'il me fallait me libérer de tous mes doutes et interrogations pour avancer. Elle éclata de rire, et m'expliqua que pour elle la vie était faite de coïncidences et de signes que l'on apprend à percevoir pour trouver la route qui est la notre. En l'écoutant parler, je me rendis compte qu'elle était très sensible et ouverte au monde. Elle semblait tenir son cœur devant elle, un peu comme un enfant porte un oiseau blessé dans le creux de ses mains, comme pour mieux s'ouvrir à la vie. J'aurais aimé que le train poursuive sa route sans fin, mais voilà la vie nous demande toujours de faire des choix et nous impose des concessions. Quand le conducteur annonça la gare d'Amiens, elle se figea avec dans ses yeux la même déception que moi lorsque j'ai compris qu'elle devait descendre.
-"Je dois descendre ici !" Me dit-elle simplement.
-"Déjà !! Les trains sont vraiment trop rapides de nos jours." j'avais honte de lui dire un truc aussi nul, j'étais réellement déstabilisé par ce que je venais de vivre et par son départ...
Elle me sourit !
Le train s'immobilisa.
-"Voilà, j'ai été très heureuse de parler avec toi et, qui sait, à une prochaine fois peut être..."
-"J'ai vraiment été ravi aussi..."
-"Eh bien au revoir alors."
Je lisais la déception dans ces yeux, j'étais pétrifié par le fait de ne plus la revoir et plus encore par le fait de lui dire
Et je finis par lui répondre ne sachant pas réellement quoi faire :
-"Au revoir..."
Comme si j'allais la revoir le lendemain.
Elle me sourit une dernière fois, traversa l'allée et descendit du train sans se retourner. Alors que je la voyais marcher sur le quai, je me rendis compte que je ne savais même pas son nom. Je me sentais tellement stupide ! Et sans réfléchir, je me suis levé et j'ai couru. A l'instant ou je mis le pied sur le quai, le signal de départ retentit et le train s'ébranla, plus rien n'avait d'importance. J'aperçus sa silhouette sublime et gracieuse au bout de la gare, je repris ma course et quand je fus arrivé derrière elle je lui pris le bras. Elle se retourna, surprise, je vis dans ses yeux qu'elle ne comprenait pas ce que je faisais là alors que le train était déjà parti.
Je la regardais un instant sans réellement savoir quoi dire. Puis avec un sourire :
-"je ne sais même pas ton nom..."
Elle répondit par un sourire mi-génée, mi-amusée.
-"Amandine..."
J'ai posé ma main sur sa joue, et je l'ai embrassé. Et depuis ce jour on ne s'était plus quitté.

J'humais l'air frais de la forêt à pleins poumons. Il était 7H30, la journée serait belle. Je me sentais bien, comme en harmonie avec le monde. Mais je savais que les réponses à mes questions ne se trouvaient pas ici. Et je quittais donc la forêt, empli de toute son énergie. Je retournais dans son petit appartement, au 4 de la rue Victor HUGO, que j'avais quitté très tôt ce matin. J'entrais dans la chambre, elle était couchée sur le coté, la couette laissait apparaître son épaule fragile et délicate, elle était encore endormie. Le soleil l'illuminait un peu à la manière d'un projecteur, ses longs cheveux blonds recouvraient en partie son visage, du bout de mes doigts je les replaçais en arrière pour mieux la contempler. Elle semblait heureuse et sereine, son visage était véritablement sublime et je m'assit à ces cotés pour mieux la contempler un court instant. Je lui caressais doucement la lèvre supérieure, à l'endroit précis ou se forme la petite gouttière, juste sous son petit nez. C'est la marque des anges, elle donnait à sa bouche une forme très particulière qui m'avait séduit au premier regard. Et puis, je me suis levé et je me suis approché au plus près de son oreille pour lui murmurer dans un souffle "je t'aime". Et sans qu'elle ne se réveille son visage se transforma en un magnifique sourire. Je me suis reculé pour mieux m'en imprégner et puis... et puis, je suis parti.
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