Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Un ange autour de Tout


Ce texte est une fiction inspirée d'un peu de philosophie, je ne prétends pas en faire moi-même. Mais c'est tout de même sacrément barré.



Ai-je eu une enfance ? Ai-je seulement vécu ? Sûrement puisque je meurs aujourd'hui. Mourir est forcément la preuve d'avoir vécu. Mais vivre, est-ce exister ? Certains ont remis en cause l'idée même de l'existence. Ainsi, rien ne serait ? Un homme nommé Descartes a lié la conception à l'existence. D'après lui, être capable de penser, et surtout penser, garantit d'exister. Il y avait un auteur aussi, et son chevalier inexistant, ou l'histoire d'un homme dont l'armure tenait autour de rien parce qu'il pensait constamment afin d'exister même sans corps. Beaucoup de poésie pour un homme aux yeux des hommes. Dieu en a-t-il pensé autant ?

Ce Descartes avait essayé de prouver son existence ainsi que celle de Dieu. Avait-il donc si peur de n'être rien ? Avait-il donc si peur d'être sans savoir même ce qu'il était ? Qu'il devait être donc rassurant de penser qu'on est la créature du Dieu Tout puissant ! Tout remettre en cause, l'ordre et les lois, la physique et le mystique, la beauté et la laideur, l'émotion et la connaissance, tout remettre en cause pour finir par admettre que tout est vrai, que tout est tel que les écrits saints le rappellent depuis qu'ils sont. Mais ne sont-ils pas nés de la main de l'homme ? Oui, Descartes, au cours de son raisonnement, a faiblit en essayant d'envisager la grandeur et les conséquences d'une non-existence, ou d'une existence due au simple hasard d'un fait anodin dans un espace immense et synonyme d'inconnu dont il faudrait pourtant remettre également en cause la grandeur. L'espace est-il l'infiniment grand ? Ou n'est-il qu'un petit Tout, infiniment petit dans une portion d'infini. Il était plus simple d'admettre qu'un dieu, être parfait, l'a créé à son image. Alors Descartes a admit à un moment que ce qui était conduisait à ce qui devait être. Qu'en savait-il ? L'esprit humain n'est pas prêt à envisager une autre forme de Tout. Il a fallu à son espèce des millions de génération pour aborder une notion de la réalité née de ce qu'il voyait... Mais voyait-il ? N'a-t-il pas interprété ou été conduit à interpréter ?

Mais qu'il soit rassuré : il avait raison sur au moins un point. Dieu existe. Et dieu a créé l'homme... quand au reste... le langage n'existe pas pour exprimer la vérité du Tout tel qu'il m'est connu. D'ailleurs ma connaissance du Tout s'amenuise à mesure que je meurs. Mon existence baisse. Déjà je suis moindre qu'avant puisque je dois m'exprimer pour communiquer, ou alors ne fais-je que penser ? Et personne n'entend mes pensées... J'étais autre, je n'avais nul besoin de langage ou de savoir. La conscience qui m'était donnée contenait ce que l'homme appellerait sa connaissance et sa raison. Cette conscience était telle qu'il n'existait nulle parole qui puisse s'entendre ou se traduire pour mes semblables. Chacun communiquait avec Tout et Tout communiquait avec chacun. Et Dieu contrôlait Tout.

Je suis un ange. J'étais. Déjà ma conscience n'est plus celle d'un ange. Dieu a fait de moi un soldat des ses armées il y a de cela un temps qui n'existait pas tant que je fut ange. J'étais ange et les époques des hommes n'étaient rien pour moi. Je ne me souviens pas avoir été autre qu'ange. Mais puisque Dieu m'accueillit au sein de Tout, il y avait déjà Tout avant moi. Pourquoi Dieu m'a-t-il fait ange ? Et de quoi m'a-t-il fait ? Ne suis-je donc le fruit de rien d'autre que de la Volonté de Dieu ? Suis-je donc issu de Rien ? Si Tout est réellement Tout, je ne peux être le fruit de Rien. Je suis le fruit de la Volonté de Dieu, ce n'est pas Rien. Mais Tout est également le fruit de la Volonté de Dieu et Dieu lui-même fait partie de Tout, et ainsi en est-il de sa Volonté. Car si Dieu n'en faisait pas partie, Tout ne serait pas infini et Tout ne serait donc pas Tout. Ainsi donc Dieu m'a fait à partir de Tout. Je suis portion de Tout, et je le fut donc également avant d'être ange. Qu'étais-je ?

Toutes ces questions n'existaient pas tant que j'étais ange. La conscience ne les envisageait pas. Du moins, elle ne le devait pas. Fut un jour, pourtant, où ma conscience s'adressa à Dieu et lui demanda :
"Dieu, Tout est ton œuvre et ainsi en est-il de moi. Tu es Etre unique et omnipotent en Tout. Mais moi qui ne suis que portion de Tout, que suis-je pour toi ?"
Et Dieu répondit :
"Tout est mon œuvre infinie et Je l'aime. Tu es portion de Tout et tu es mon œuvre et Je t'aime. L'infini n'est pas assez grand pour moi pour que je t'y perde. Je te connais qui que tu sois dans Tout.
- Peux-tu donc être si grand que l'infini n'est pas infini pour toi ?
- Je suis Dieu et Je suis Tout autant que Tout est mon œuvre et pour cela je suis infini moi-même."

Un autre jour, ma conscience fit preuve d'audace et demanda encore à Dieu :
"Dieu, Tout est ton œuvre. Mais Tout fut-il toujours Tout. ?
Dieu répondit
"Avant Tout, était le temps de Rien.
- Puisque Tout est ton œuvre, il faut qu'il y ait eu quelque chose avant Tout.
- La Volonté de Dieu a fait Tout à partir de Rien, répondit Dieu agacé.
- Maître, cela ne se peut. Comment ta grandeur, aussi infinie soit-elle, pourrait créer Tout avec Rien ? Rien est le néant. Tu as dit toi-même que Tout et toi ne faites qu'un. Ainsi, si avant Tout était Rien, Dieu n'était pas non plus.

Dieu fut surpris et écouta. Ma conscience s'enhardissait.
"Maître, tu n'as pas créé Tout. Tu es né en même temps que Tout. Ainsi le temps de Rien n'était pas car s'il avait été, il serait encore. Rien est le néant. Un Tout infini ou même fini ne peut pas naître de Rien. Rien n'est pas Rien mais il est le temps que tu ne connaît pas. Et comme il n'y avait pas Rien avant, Tu fut créé par un être plus grand que Toi, et ainsi en est-il de Tout. Mais tu ne le savais pas donc le vrai Tout ne t'est pas connu. Tu es partie du vrai Tout, et le Tout que tu connais également. Je suis ta création à partir de ce dont tu es le Maître, mais Tu n'es pas le maître de Tout. Ainsi, pour chaque Tout infini que tu pourrais envisager, imagine un autre Tout plus grand encore et dont tu ne sais qu'une chose : Tu es portion de lui. Alors quand ton Esprit s'arrêtera car il ne pourra plus grandir sa notion du Tout. Pense que Tu es loin de la réalité et de l'infiniment grand et regarde nous, Toi et moi, ton esclave et ta créature, devant ce grand Tout. Nous serons si petits que tu ne verras pas la différence entre nous. Alors, Maître, puisque tu ne m'as pas créé de Rien mais à partir d'un Tout dont tu n'es pas maître, et devant ce vrai Tout, je prétends être ton égal.

La colère de Dieu fut telle, qu'il me condamna à la déchéance. Et c'est pourquoi je meurs depuis un temps inconnu, perdant tour à tour, chacun de mes degrés de conscience jusqu'à son extinction totale. Mais je n'ai pas peur puisque je suis déjà portion de Tout. Bientôt je serais autre encore et ma déchéance s'arrêtera. Et alors je pourrais renier l'existence Dieu puisque je l'ai déjà tué. Car Dieu réalisa qu'il n'était pas parfait à cause de son ignorance et il mourut puisque sa Volonté, perdue par les nouveaux tourments de l'Esprit de Dieu, ne pu maintenir la réalité du Tout dont il était le maître. Et puisque Dieu était lié à ce Tout, il se disloqua avec lui. Cela dit, peut-être tout simplement que nous n'existons pas.

...

"Et si la réalité n'était à Tout que ce que la cellule humaine est à la réalité ?..."
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