Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Vie volée


Le cercle de feu que vous voyez ici m'enferme depuis maintenant dix ans. Et la petite ouverture par laquelle je pensais pouvoir m'échapper a disparu il y a quelques mois. En écrivant cet article, j'aimerai brisé le tabou qu'on a crée autour d'un crime terrible : le viol.



Bonjour... J'avais sept ans quand on m'a volé ma virginité. C'était le grand-père d'une petite fille que j'avais rencontrée lors d'un week-end en forêt avec une association. Lorsqu'il a posé ses mains sur mon corps, ces mains qui ont glissé sous mes draps comme des serpents perfides, et qui m'ont mordu au plus profond de mon âme, j'ai senti quelque chose se briser, j'ai senti ma vie s'échapper. Morte de peur, je n'ai même pas eu la force de crier, de me débattre. Je me suis laissée faire en pleurant silencieusement. Comme une poupée de chiffon sur laquelle on s'acharne. Cette épisode de ma vie est resté enfoui au plus profond de moi durant dix ans. J'ai tout fait pour l'oublier, et je pensais avoir réussi. J'avais refoulé ma culpabilité, et continué à vivre comme les autres petites filles.


Mais il y a une année, j'ai rencontré un garçon qui a su gagner ma confiance. Après trois mois, je l'ai laissé me toucher, et je l'ai laissé entrer en moi. A ce moment, mes souvenirs ont ressurgis, intacts, plus douloureux que jamais. Je lui avais parlé de mes problèmes au début de notre relation, et il m'avait dit "fais moi confiance... Avec moi ça sera pas pareil, car je t'aime". Et j'y ai cru. J'avais tellement besoin de tendresse et d'amour... Mais après notre premier rapport, j'ai été totalement bouleversée, et je me suis repliée sur moi-même, la tête et le coeur enfouis dans mes souvenirs. Je ne supportais plus ses caresses, chacun de ses gestes me replongeait dans le passé, et me paraissait suspect. Mais il n'a pas compris. Il s'est impatienté. Et un soir, ses mains aussi se sont transformées en serpents. A nouveau, sachant qu'il pouvait être très violent, je n'ai pas osé me débattre. Il m'a violée, m'a forcée à faire tout ce dont il avait envie.
Peu après, je lui ai juste écrit pour lui dire que c'était fini entre nous. Je n'ai plus eu de nouvelles.


Un peu plus tard, je suis tombée en dépression. J'ai aussi commencer à me mutiler. Mes amis m'ont beaucoup soutenue, mais je partais à la dérive, malgré tous leurs efforts. J'avais l'impression que mon âme était noyée, et que seul mon corps flottait encore vaguement au-dessus de flots. Par dessus tout, je me sentais sale. Je m'était mis en tête que je ne méritais pas d'avoir des amis, que j'étais faite pour la solitude...

Je commence à me remettre de tout cela, à comprendre que je ne suis ni fautive ni sale, mais j'ai du mal. Et puis j'ai un nouveau copain adorable, que j'aime très fort. Mais malgré moi je n'arrive pas à lui faire confiance. La première fois que nous avons fait l'amour, il a été si doux et si attentif que mes souvenirs sont restés tout au fond de moi et n'ont pas ressurgi. Mais j'ai perdu toute confiance en moi et j'ai peur de ne pas être à la hauteur, parce que mes blocages sont loins d'être dépassés. Et quand il me dit je t'aime, je n'arrive pas à le croire, parce que je ne pense pas que cela soit possible de m'aimer. Mais il m a déja apporté beaucoup et j'ai confiance (enfin j'essaie) en notre relation.

A tout ceux qui ont vécu ce cauchemar : oui, on peut apprendre à vivre avec. Non, on n'est pas coupable.
bisous
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