Extrait du site https://www.france-jeunes.net

En manque d'un MP...


Qui, parmi les toxicomanes du virtuel, ne connaît pas cette angoisse ?... Elle peut faire son apparition au milieu d'un repas de famille ou entre deux cours, aussi ennuyeux l'un comme l'autre... Voici un exemple de cette forme de dépendance.



Ceux qui ont aimé connaissent les douceurs et les horreurs de l'amour entre un homme et une femme, entre deux hommes ou entre deux femmes, surtout s'ils viennent juste de tomber amoureux. Sans doute partageront-ils au moins partiellement l'inquiétude, pour ne pas dire l'angoisse qui fut la mienne lors d'un simple éloignement d'un site Internet que je ne tarderai pas plus longtemps à narrer.

C'était par un beau jour d'été et sous un soleil ardent. La ville de Nantes, presque vide à cause de départs en vacances, semblait frappée par une explosion atomique. Mais qui était-ce, là, qui me pressait davantage de seconde en seconde ? Encore une pensée obsédante pour me persuader malgré moi, de que je me sentirais beaucoup mieux ailleurs ?... Je me vis cernée de monstres fabuleux... Ils n'avaient rien à envier aux gnomes, orques, nains maléfiques, et autres ogres de jyféria. On eût dit leurs canines aiguisées par un boucher professionnel. Pâles et morbides, ils me persécutaient tandis que j'éprouvais de plus en plus quelque chose qui, parmi mes sensations connues, pouvait se comparer assez à l'attente dans un tribunal du verdict "innocent" ou "coupable"...

Les monstres étaient armés avec tout ce que vous pouvez imaginer. Que portaient ces griffes en guise de bouquet de magnolias ? De sabres en acier japonais ? Pour me faire entrevoir sans doute ce qui serait pour moi la traversée de l'enfer, ils me brûlèrent plusieurs fois de leurs langues flamboyantes avec un rare acharnement. Leur vingtième coup m'arracha un soupir abyssal. Je marchai lentement, mais d'un pas sûr, plus résignée qu'enthousiaste, à travers les artères désertes de la métropole vers l'endroit convoité : mon appart.

Après plusieurs minutes de marche, encore toute angoissée, tandis qu'une fraîcheur agréable envahissait le cage de mon escalier, j'ouvris (O Dieu !) ma merveilleuse porte... Mon PC était toujours à sa place, dans la pièce qui me sert de bibliothèque. Là ! Sur la table en chêne massif...

Un doigt d'une pâleur cadavéreuse s'approcha tremblant du bouton POWER : c'était mon index...
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