Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Promenade dans la ville outrancière


Impressions d'impuissance, de haine et de poésie dans un décor bizarrement contemporain.



Promenade dans la ville outrancière, agitation du samedi et approche des fêtes. Je ne me sens pas du tout impliqué, hors société, hors jeu. Les lumières s'allument, s'éteignent. Il y a des gens, ils ont quelque chose à faire. Il y a du bruit, ça résonne à cause des immeubles. J'aimerais disparaître, ni vu ni connu. Mine de rien, c'est grand tout ça. Tiens au fait, je peux lever la tête. J'avais oublié ça. Il y a le ciel, là haut : la classe ! Je peux m'arrêter aussi, mais je risque de gêner. Il faut marcher. Je me dis que si je frappe l'arrêt de bus de toutes mes forces, ça fera peut-être apparaître un ami. Je pourrai lui dire des choses. Je ne lui demanderai pas ce qu'il pense de la guerre à la mode aux infos. Je ne lui demanderai pas non plus s'il a vu l'émission hier soir, où le présentateur se met un god dans le cul pour palier au vide universel. Merde, je vais lui dire quoi alors. Je ferais mieux de laisser l'arrêt de bus tranquille. En plus ce serait un acte de vandalisme relativement dégradant au regard de la société. Ce genre d'incivilité est peu recommandable, vous savez. Vous êtes sûr que vous n'avez pas oublié de fermer la porte à clé ? Le parking souterrain du centre commercial n'a pas été décoré. Les haut-parleurs diffusent la BO du film qui vous raconte l'histoire incroyable mais vraie d'une rencontre attendrissante entre un monsieur gentil et un enfant génial du ghetto, parce qu'il faut briser les tabous. Si ce film existait, j'en détruirais toutes les copies tel un justicier masqué. J'agirais surtout la nuit, comme Batman. Dans le zoo, les singes s'endorment après la piqûre. C'est juste l'enfer, c'est pas la fin du monde. Il doit bien y avoir de la poésie dans tout ça. Du simple, du vrai.

Oui.

Quand tu retires tes lunettes, tu sais, les phares des voitures deviennent de gros ronds dilatés qui se superposent. A droite, c'est rouge. A gauche, c'est blanc. Les ronds oranges clignotent. Les teintes défilent comme une boucle de musique sur le dossier du siège et les portières, quand la voiture passe dans un tunnel. Ca va vite, comme les motos dans Akira. Et les visages deviennent beaux. Car c'est rare, comme un lever de Soleil.
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