Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Le baiser mortel


Encore une histoire de vampires qui m'est venue pendant un cours de francais...



Pour commencer je ne suis pas comme vous. J'ai 24 ans. Jusque là rien d'étonnant. Sauf que je ne suis pas vivante. Pour autant je ne suis pas morte. Disons que je suis une non vivante. Votre race appelle la mienne : les vampires.

Ce soir je suis assise sur le rebord du vitrail d'une église. Et j'observe. En bas au loin, d'immenses tubes de plastique et de métal vomissent leurs passagers sur des trottoirs bondés et puants. A chaque arrêt, le tramway déverse son lot de voyageurs pressés.
Je vous trouve minuscules, insignifiants, voire même ridicules. Regardez cette femme en bas, celle avec son chien. Grande bêcheuse campée sur ses talons hauts. Elle est fière ! Mais de quoi ? De sa dernière conquête amoureuse ? De son nouvel appartement grand standing ? Quel en est l'intérêt ? Quel en sera l'intérêt quand je fondrais sur elle ? Quand je planterai mes dents nacrées dans sa gorge douce ? Elle va mourir sous l'assaut de mes canines. Elle ne s'en soucis pas. Elle ne le sait pas. Elle tente d'extraire son chien au tas d'immondices qui l'obsède. Le pauvre chien. D'ici quelques heures, peut-être une journée, il sera ramassé par un employé de la voirie pour être emmené dans une cage humide et sombre. Le pauvre chien...
Je donne la mort et j'offre l'après vie. Et je l'ai choisie comme victime. Sans voler, sans tomber, je descends auprès d'elle sans qu'elle ne me voie. Je me colle contre le mur de briques rouges. Elle passe à côté de moi, ne me regarde même pas. Son chien vient sentir l'ourlet de ma jupe et détale avec un petit couinement.

Je la suis dans cette ruelle étroite et sans lumière. Elle a du mal à marcher. Elle a perdu cette assurance qu'elle avait tout à l'heure dans la grande rue. Je l'imagine butant contre une bouche d'égout. Elle se tordra probablement la cheville. Elle chercherait probablement à alerter les passants à grands cris. La grande rue est loin. Il se passerait forcément une dizaine de minutes avant que quelqu'un ne vienne l'aider. Je me soulève de deux mètres, en lévitation, fais demi tour et atterris devant elle. Elle est paralysée par la peur. Elle ne s'enfuit pas. Je la fixe. Je vois mon visage dans ses pupilles. Le chien vient de se défaire de son collier. Mes yeux sont rivés sur les siens. Une larme perle de son œil gauche, roule sur sa joue, entre dans la commissure de ces lèvres. Je l'intercepte du bout du doigt. Je prends son visage entre mes mains. J'approche mes lèvres des siennes. Mon contact la fait frémir. Elle sursaute lorsque ma langue pénètre le barrage de sa bouche. Elle me rend mon baiser. Sa langue joue avec la mienne. J'aime quand ma victime entre dans mon jeu en espérant sa rédemption. J'avale ses lèvres. Enfin, disons que je les aspirent. Elles sont sucrées avec un arrière goût de rouge à lèvres. Je décide de mordre dans ce fruit offert. J'exerce une pression légère pour que le baiser soit plus intense. Elle retire sa langue pensant avoir sauvé sa peau. Je profite du contact ultime de mes lèvres pour appuyer mes dents sur la muqueuse. Mes canines pénètrent sa peau fine et s'enfoncent davantage. Un léger filet de sang me parvient. J'aspire toujours plus avidement. Son corps tremble, son visage devient pâle. J'ai les trois quarts de son sang en moi. Elle s'affaiblit, se laisse tomber contre moi. Les yeux grands ouverts, le regard vide, elle ne lutte plus. Elle glisse contre moi et choit à terre, morte.

Je me retourne et marche en direction de la grande rue, à la recherche d'une nouvelle proie, une autre victime.
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