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Le voisin de train BIS


Aaaaaaaah... Le train... Ma seconde maison ! Mais quand les élements se liguent contre vous, que votre wagon semble maudit, et que vous avez pour voisins des créatures étranges aux moeurs bizarres, comment faire pour arriver a bon port ?



Il fait chaud dehors. Tres chaud. Et moi je suis en retard.
Alors je cours, je souffle, je sue, et je m'attire quelques inimitiés parmi les gens de la gare. C'est vrai qu'un bulldozer qui transpire se fait rarement des amis. Mais ça m'est egal, au moins je suis sur mon quai.
Toute joyeuse, je m'avance vers ma voiture quand soudain, c'est le drame : je me retrouve bloquée par le club du troisiéme age, entourée de vieilles dames leeentes... Très leeeentes.


Je passe en mode furtif et me faufile entre les cannes, ce qui est asez difficile lorsqu'on porte sur son épaule l'equivalent d'un demi élephanteau. Mais je touche au but et bondis, dans un geste aussi gracieux que possible, sur le marchepied. Re-bloquée. Le chevalier aux cheveux blancs et sa cour de retraitées campent entre deux wagons, dissertant sur la meilleure facon de positionner les valises de ces dames. Sujet de débat hautement passionant, et pendant ce temps, mon ordinateur mental calcule les chances que j'ai d'atteindre ma voiture dans un temps record, et sans entrer en collision avec l'un de ces monolithes.
Chances Faibles, voir inexistantes, claironne une petite voix dans mon moi même interieur, tandis que clignote "game over" en lettres de feu.
M'en fous, je passe, et j'entre dans le wagon. Deja une bonne chose de faite.
Mon siége est là, vide, et OH MIRACLE ! Juste au dessus se trouve une place pour ma valise, celle qui pèse un quintal.
Je me tends au maximum pour la poser quand retentissent des cris à mi chemin entre le gibbon et l'homme des cavernes. Je me retourne et apercois toute une armée de hockeyeurs. Oui, on a vu mon ventre. Oui, je suis une fille. C'en est deja trop pour eux.


Après cet interméde a la musicalité discutable, je m'asseois et me tasse dans mon siége, ésperant que la vision de cheveux feminins ne déclenchera pas un nouveau concert...
Je commence à lire le bouquin acheté pour la circonstance, 509 pages de cynisme au féminin, "Le Diable s'habille en Prada", Alleluia. Sauf que j'ai froid ; la climatisation dans les trains étant toujours aussi peu au point : coté fenêtre, on chope la créve, coté couloir, on transpire... Choisissez mesdames messieurs ! Youpi !
Je ne bronche pas quand je sens quelques relents de transpration, me disant que ça vient sans doute de moi. Je tente de me sentir discretement (mais avez vous deja essayé de vous mettre discrétement le nez sous une aisselle ?), et, n'y arrivant pas, j'oublie la discrétion pour réaliser que décidement, mon déo tient ses promesses. Appellez moi Fleur de Tiaré.
L'odeur s'accentue, elle s'assoit a coté de moi, elle a pour nom Michel. Car voyez vous, l'odeur en question a un propriétaire. Et il est plutôt du genre liant.
Michel porte une chemise bleue, à laquelle les auréoles de transpiration donnent un charme pour le moins particulier, Michel adore les voitures Citroen, mais Michel posséde une Golf. Il va a Rueil Malmaison pour faire aun Stage a Vincennes, et trés franchement Michel m'ennuie. Surtout avec sa manie de me choper constament l'avant bras aves son coude, et de faire semblant de ne pas voir que je tente de lire.
Michel me parle de sa thése, me dit qu'elle fait 509 pages, qu'elle est dans son sac, Michel se penche et moi, apeurée, avec l'énergie du desespoir, je dis a Michel que j'ai moi même 509 pages à lire, et que j'aimerais m'y consacrer.
Michel semble comprendre, tente encore trois mots.
Je n'entend pas JE N'ENTENDS PAS JE N'ENTENDS PAS
Je ne répond pas.
Michel comprend.
Et la, le train s'arrete.


" Mesdames et messieurs, suite a un incident de personne, nous sommes arretés en gare de Ruffec pour une durée d'environ 50 minutes. Merci de votre compréhension"

Et merde, encore un con qui s'est foutu sur la voie. Pourtant, les petites barrières rouges et blanches autour, c'est fait pour éviter ça non ?
Toujours est il que Michel y voit une occasion de renouer le contact. Non, non et non. J'ai envie d'une biére, et ça va me sauver. Je me léve et pars en direction du bar.
Mais j'avais oublié les hockeyeurs fous, et mon passage souléve une autre nuée de hurlements... Youpi... M'en fous j'aurais ma Kro.
Seulement, j'avais oublié un détail. 3euros20. Sympa le détail, pour une pauvre canette. Je fouille, je cherche je retourne mes poches et, OH Miracle, OH Joie, oh petits anges voletant tout autour de moi, je retourne victorieuse a ma place, dûment munie d'une canette. Les hockeyeurs, fidéles au poste, emplissent le wagon de leur clameurs barbares, Michel m'informe avec force détails qu'il se rend aux toilettes, mais moi, déesse victorieuse, je n'y prête plus attention et savoure ma biére. Comble du bonheur, le train repart.

A l'arrivée, je retrouve celui pour qui j'ai entrepris ce perilleux voyage et me jette dans ses bras, tandis que derriere moi, un hockeyeur ironique jette a son pote "Tu parles que t'avais un ticket !"...




Ah ? ! Par ce que en plus ils avaient crus ???
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