Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Philosophie, le lundi matin


Cette année ça a été pour moi la découverte d'un univers impitoyable, hors de l'espace temps : celui des cours de philo... Qui permettent effectivement une meilleure conaissance des autres et de soi.



Lundi de 8 à 10 c'est cours de philo
8h05.

A peine assis, chacun choisit la position la moins désagréable pour les deux heures de philosophie matinales, un peu comme pour les voyages par avion. Les gros sacs à dos servaient donc d'oreiller pour les uns, de haie pour ceux qui avaient quelque chose à cacher tandis que les petits sacs se voulaient des cales-dos.

Habitué, je m'appliquais à ralentir les battements de mon cœur afin de limiter au maximum mes dépenses d'énergie durant les 120 minutes (plus précisément les 7200 secondes) à suivre... Je pris donc de grandes bouffées d'oxygène, à intervalle de plus en plus espacé et lorsque j'atteins un état somnolent quasi-comateux, je me tournai discrêtement vers mon voisin.

Celui-ci avait une petite goutte de sueur qui entama lentement sa descente le long du front, sillonant à travers les rides et jouant avec les boutons pleins de pus, avant de se réfugier dans ses sourcils broussailleux. Le temps d'une hésitation interminable, nul ne sut ce qui allait advenir de cette gouttelette ; rythmé par l'impitoyable TIC-TAC de nos montre, le suspense fut mordant. La goutte oscilla légèrement et sembla un instant pouvoir échapper à la loi de la gravité ! Soudain elle se mit à glisser le long d'un poil brun et tomba dans une superbe chute libre pour exploser sur la table dans un subtil "Plof" qui me fit sourire. Que d'émotions en ce matin d'automne...

Lassé d'observer de tels phénomènes naturels, je prit alors un bout de papier, et me mit à griffonner avec application dessus, bien que dérangé dans mon expression artistique par le son trop grave et désagréable du cadavre enseignant ainsi que par les ronflements rauques et profonds de mes camarades qui en profitèrent pour allonger leurs nuits trop courtes. A ce moment, le cours était sûrement presque terminé. Imprudent, je jetai un œil anxieux et plein de sollicitude à ma montre...

Avant de sombrer dans une sombre dépression. Ô Malheur, Ô Destin, Ô Désespoir... Ô Satan, qu'ai-je donc fait pour mériter ça ?

Il était 8h06.
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