Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Jann Halexander : Songs


Chronique de l'album HALEXANDER SONGS, du pianiste chanteur Jann Halexander. Aux confins de la marginalité radicale et du piano-voix...



A la découverte d'un autre monde : l'univers Halexander.

10 titres. Courts. En tout une demi-heure. Une pochette d'un mauve onirique. Un visage flou, fixant le ciel.
L'album Halexander Songs est de ceux qu'on écoute qu'une ou deux fois. Pas plus. C'est trop dur, trop austère. C'est beau, certes, mais si rigide, la voix grave au ton dur, la froideur du piano. Jann Halexander, on aime ou on déteste, il ne peut pas y avoir de juste milieu. J'ai choisi : j'aime. Et même si je ne risque pas d'écouter L'Ombre Mauve ou Apoplexia au petit matin, histoire d'avoir la pêche avant d'aller au travail, ce cd sera intégré dignement dans mon étagère à disques. Halexander Songs ne se jette pas. Cependant je reste perplexe devant les thèmes abordés : la Race (sic !), le Sexe (faut voir sous quel angle !), la Mort (le moins original). Parce que ce Métis (il le précise dans ses textes à la troisième personne du singulier) a des névroses, comme il a longtemps douté sur sa personnalité, le voilà qui brouille les pistes. La première écoute nous surprend : on ne sait quoi penser. Le talent est là. La seconde écoute, ça va pas du tout, on se rappelle où sont les médicaments à absorber plein pot en cas de déprime. La troisième fois, on aime et en même temps, on supporte.


L'époque brasillach 1945

Jann Halexander aurait pu nous faire quelque chose de plus simple, c'est son premier album, après tout. L'univers Halexander est basé sur des codes difficilement accessibles. J'ai mis du temps à comprendre que l'Inconnu (e) dans ma Maison (le moins bien de l'album, le plus commercial) parlait de... Bisexualité. Pourquoi a t-il choisi de parler de l'écrivain Brasillach ? Certains parleront de provocation : qui sait, si Jann fait parler (un peu) de lui c'est bien parce qu'il s'est moqué d'un écrivain fasciste. A ce jour, Brasillach 1945 reste son titre le plus connu, celui qui a été le plus aimé ou le plus critiqué avec son rythme entraînant, ses paroles simples et étranges, un titre qui fait encore parler de lui bien que sa sortie en édition limitée remonte à novembre 2004. Je n'en démordrais pas. La plus belle chanson reste l'Ombre Mauve (le mauve est la couleur symbole du chanteur) : il y est question de l'être aimé qui ne reviendra plus, de l'épreuve du deuil. La Dame Blanche conte les souffrances d'une femme blanche qui accouche d'un bébé métis dans une ville coloniale. Texte et mélodie tortueux et forts.


L'influence contemporaine

Pour clore, avant d'aimer, ou plutôt d'essayer d'aimer Jann Halexander, il faut aimer le piano-voix. Pas celui de la NCF (Nouvelle Chanson Française), non, celui de l'entre-deux-guerre, quand la chanson réaliste régnait dans les cabarets de Paris à Berlin. Jann Halexander c'est un peu cela, avec une touche de musique contemporaine (Schönberg, Poulenc). Le chanteur est assez casse-cou, mais avec un style aussi marginal et aussi inimitable, il ne risque pas d'avoir de rivaux et peut continuer sa route sans crainte. Attendons de voir la suite.
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