Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Raiatea... Mythes et réalités


Perdu dans le Pacifique, c'est un p'tit caillou de 170 km², chargé d'histoires, de mythes et de légendes, qui a étendu, à une époque révolue maintenant, son influence de la Nouvelle Zélande à l'île de Pâques. Qui connaît aujourd'hui son existence ?



Atea, guerrier polynésien, fut séduit par la beauté de la reine Rai, souveraine de Havai'i Nui. De leur union naquit Rainuiatea – grand ciel éloigné. Lorsqu'elle fut en age de gouverner sur Havai'i Nui, Rainuiatea, en mémoire de sa mère et de son père qu'elle ne connu jamais, rebaptisa l'île "Raiatea".





L'île sacrée

Oublions Tahiti et Bora Bora ! Contrairement à ces îles, Raiatea échappe aux vagues – dévastatrices – de touristes en mal de paysages paradisiaques. Elle est pourtant le berceau de la culture polynésienne et le centre politique, culturel et religieux des anciennes civilisations de l'ensemble du Pacifique. A vos atlas ! Avec un crayon et une règle, relier les îles Hawaï à l'île de Pâques, puis l'île de Pâques à la Nouvelle Zélande et la Nouvelle Zélande aux îles Hawaï. Tout le monde y est ? Si la résolution en pixel de la carte est suffisante, vous pouvez voir au centre de ce triangle – appelé aussi triangle polynésien – l'île de Raiatea.
Bien avant les missions exploratrices européennes (Bougainville, Cook...), le pacifique était parcouru par des grandes migrations colonisatrices. Les légendes racontent que c'est à partir de Raiatea que les Polynésiens ont conquis l'ensemble de la Polynésie Française actuelle, l'île de Pâques, les îles Hawaï et la Nouvelle Zélande. Plus fort encore, le surf aurait été inventé à Raiatea et, ensuite, exporté aux îles Hawaï...


Quoiqu'il en soit, sur Raiatea, il reste de nombreux vestiges de cette hégémonie. Le plus spectaculaire est le Marae de Taputapuatea, on reprend T-a-p-u-t-a-p-u-a-t-e-a. On respire...
Qu'est ce qu'un marae ? C'est un temple religieux et politique de la culture traditionnelle polynésienne. Construite en pierre et blocs de corail, le marae était le lieu des manifestations religieuses (offrandes, sacrifices humains, prières, chants...)
Le marae de Taputapuatea est le plus grand d'Océanie. Il a était le pôle religieux des civilisations insulaires du Pacifique : régulièrement, les grands chefs religieux de tous les archipels, de Hawaï, de Nouvelle Zélande se rassemblaient à cet endroit pour de grandes cérémonies religieuses. C'est ce passé historique qui a donné, à Raiatea, son surnom d'île "sacrée".
Imaginez que toutes ces civilisations océaniennes, éparpillées sur le plus grand océan, étaient tributaires de ce marae. Je trouve ça énorme ! Pas vous ?


L'île de légendes

La montagne dominante de Raiatea est le mont Temehani. C'est un peu l'Olympe de la culture polynésienne. Culminant à 800 mètres seulement, les légendes polynésiennes en font le siège des dieux maohi et le lieu ultime du séjour des âmes. Il faut avouer que l'ascension de cette montagne présente toujours un aspect mystique. Souvent noyés dans les nuages, les plateaux du Temehani gardent jalousement certains trésors des légendes polynésiennes. La plus célèbre d'entre toutes reste la légende du Tiare Apetahi.


"Tiaitau avait à peine seize ans. Elle était belle. De son corps hâlé coulait cette beauté langoureuse et suave particulière aux vahinés des mers du sud. Elle n'avait pas de sang royal. C'était une jeune fille du peuple qui vivait paisiblement avec ses parents dans un village au pied du mont Temehani, le plus haut sommet sur l'île de Raiatea. Depuis qu'elle avait aperçu Tamatoa rentrant de Bora Bora sur sa pirogue guerrière, son cœur ne battait plus que pour lui.
Tamatoa est le prince de Raiatea, l'Ile Sacrée, berceau de la culture "maohi" et centre religieux du pacifique sud avant l'arrivée des européens en Polynésie. Son rang lui donnait beaucoup de privilèges, excepté celui d'aimer une fille du peuple.
C'est pourquoi son indifférence accabla Tiaitau de peine et de chagrin. Désespérée, elle se rendit un soir au sommet du mont Temehani. Là, elle se coupa le bras droit et le planta dans la terre. Affaiblie, se vidant de son sang, elle mourut de désespoir au sommet de la montagne.
A l'endroit où elle planta son bras poussa une fleur aux blancs pétales. Cette fleur a gardé la forme de sa main, un pétale pour chaque doigt. Elle fleurit au petit matin, quand le soleil se lève, s'ouvrant vers le ciel telle la main d'une jeune fille cherchant à atteindre un amour inaccessible."


Le tiare apetahi est une fleur endémique de Raiatea. Elle ne pousse qu'au sommet du mont Temehani. Nombreux sont ceux qui ont essayé de cultiver cette fleur ailleurs. Aucun n'a réussi. Actuellement, l'espèce est protégée. Si vous passer par là, n'en cueillez pas mais planter votre tente et attendez l'aube pour entendre le petit claquement que produit la fleur lorsqu'elle s'ouvre aux premiers rayons du soleil.







Remarques

La Polynésie Française ne se résume pas uniquement à ses plages et ses lagons. C'est tout d'abord une culture à part entière inscrite dans l'histoire des civilisations océaniennes. Cette histoire reste souvent méconnu en métropole. Logique ! C'est la culture traditionnelle de peuples de l'autre bout du monde. Elle fait partie pourtant de l'histoire de la France, en tout cas du peuple Français : jusqu'à preuve du contraire, c'est un territoire Français !
Prendre conscience de la richesse des cultures qui composent une même population pour ensuite les respecter et les préserver – et tout ça, dans la paix et la bonne humeur s'il vous plait ! – est, à mon avis, nécessaire. Quoi de plus intéressant et enrichissant que la diversité ! La protection de l'unicité culturelle prend de nos jours des tournants dramatiques. Ce n'est pas en se refermant sur soi – et tout ce qui s'en suit – que l'on peut préserver une culture mais en s'ouvrant au monde et en présentant son unicité, ses trésors et sa magie. C'est peut-être ainsi qu'on apprendra – pacifiquement – à se connaître et se reconnaître les uns des autres.


Pratique

Raiatea ne fait pas parti des parcours balisés du tourisme de masse. Les sites naturels y sont pourtant nombreux. On peut citer, entre autres, la randonnée des trois cascades, les balades sur le lagon, les nombreux sites de plonger sous-marines, les "motu" autour de l'île principal etc. Si vous faites un petit tour par la Polynésie Française et que vous aimez le tourisme d'aventure, passez-y. Les hôtels sont peu nombreux, préférez les pensions, beaucoup moins cher et plus proche de la population. Bon voyage...
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