Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Starting love...


Un départ pour une histoire d'amour, mièvre et fleur bleue. Comment on trouve des gens aux moments où on les attend le moins. Comment imaginez-vous la suite de cette histoire ? Proposez chacun votre fin...



Je me le rappelle parfaitement.
Il pleuvait. C’était un lundi matin et l’abri de bus débordait. En conséquence, mes habits étaient trempés et je ne rêvais que d’une baignoire remplie d’eau chaude. En plus, j’étais épuisée par la soirée d’hier, que j’avais passée à corriger les copies des élèves de ma classe de philo. On avait déjà vu plus palpitant.

Et je restais à ma place, à couler du nez et à pester contre ces bus et la RATP –qui m’avait dit la blague, déjà ? Ah ! Oui, Eric, lorsque nous étions encore ensemble. Excellente, la RATP, Rentre Avec Tes Pieds. Toujours en retard. Je fouillais dans mon sac à main et trouvais une raison de plus d’être de mauvaise humeur. Pas de mouchoirs, et oubliée, la carte de bus.
Je reniflais tristement, lorsque, agréable surprise, une main généreuse me tendit un mouchoir. Un Lotus à l’eucalyptus. Je m’en saisis et me tournai afin de remercier cette personne si avenante.

Je ne vis qu’un homme dont la capuche retombait sur le visage. Je distinguai seulement son menton mal rasé. Je bafouillai des excuses, mais lui me dit simplement :

- Ce fut un plaisir.

Allons bon. Un homme dans un jean usé, la barbe de trois jours et les ongles rongés avec une voix pareille. Et ce "parler bizarre" si étrange, si inadapté. Je n’étais qu’une femme seule, tristement célibataire. Je ne savais pas que quatre malheureux mots pouvaient autant me toucher.

Ainsi, il y avait encore quelques malheureuses personnes qui cherchaient le bonheur des autres à n’importe quel prix (notez qu’un mouchoir en papier, ce n’était pas particulièrement coûteux, mais c’était l’intention qui comptait).

Je savais que j’avais l’air particulièrement stupide, mais tant pis. Je me mouchais le plus discrètement possible. Quand j’eus fini ma délicate besogne, il ajouta :

- Vous devriez rentrer chez vous. Vous allez prendre froid.

Je lui adressai un sourire qui en dit long. Du genre : « Mais je suis seule, j’ai besoin de travailler, pour gagner de l’argent, vous savez, ce qui me sert à vivre dans mon appartement vide et triste. »

Finalement, à cause (grâce ?) à lui, je ratai le bus, ce maudit bus que j’attendais depuis une éternité. Je faillis fondre en larme, mais la perspective de passer la journée dans ma chambre, sous la couette avec un bon livre et un chocolat chaud me réconforta. Au fond, au moment même où il me l’avait suggéré, je savais bien que je n’irais pas au lycée.

Finalement, je ramassai mon sac, posé à mes pieds et qui avait pris l’eau (pourvu que les copies ne soient pas abîmées) et je remontai l’avenue.

En bas de l’immeuble, je composai le code et rentrai chez moi. Il m’avait suivi, aussi le fis-je entrer et lui proposai une tasse de café, tout en me demandant pourquoi je l’avais invité, ignorant tout de lui, pourquoi il m’avait suivi, ignorant tout de moi, et je me surpris à sourire.
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