Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Les Ados et le Porno


Faut-il censurer le porno ? Le CSA vient de recommander l'interdiction totale des films X à la télévision. Selon eux, même diffusés à des heures tardives sur des chaînes cryptées, les mineurs sont tout de même exposés à ce genre de films, et cela peut en effet engendrer des conséquences néfastes...



C’est un enfant de 6 ans qui débarque un matin dans la cuisine en demandant: « C’est quoi une pipe ? » Un autre qui voudrait savoir si toutes les mamans font ça avec les chiens. Une petite, surprise en train de faire une fellation à son cousin, qui, à 7 ans, dit : « Ben quoi, on fait du sexe comme dans les films. » C’est un ado, à peine pubère, qui raconte que les meufs sont toutes « des chaudes, folles de la bite ». Un qui rêve de balancer à sa copine une « bonne éjac faciale ». Et une jeune fille qui craque à l’infirmerie parce qu’elle a « peur de la sodomie ». Ces scènes que l'on croit rares ou anecdotiques et auxquelles personnes n'a jamais prété attention ont été observés depuis quelques temps aux quatre coins de la France. Or, on sait bien que depuis Freud, les enfants aussi ne pensent qu'à ça, que les ados adorent la provoc'.

Professionels, éducateurs, médecins et magistrats se sont penchés sur le sujet, jusqu'à se demander si les jeunes faisaient vraiment comme dans les films, si on pouvait expliquer, en partie, leur précocité, la crudité de leurs mots, la brutalité parfois de leurs actes ?

Le CSA aurait donc recommandé la suppression des films érotiques et pornographiques de toutes les chaines. Suppression qui ne serait pas envisageable au regard des enjeux économiques. Mais elle a le mérite d'ouvrir le débat.

Autrefois, on découvrait la sexualité en lisant Sade ou « Lui» en cachette sous la couette. Aujourd’hui, ce sont souvent des films aux titres explicites, « Jute-moi sur la gueule » ou « Explosion anale », qui initient des adolescents toujours plus jeunes. Selon le Ciem, à 11 ans deux enfants sur trois ont déjà vu un film porno. Claude Rozier, médecin scolaire qui anime des séances d'éducation sexuelles depuis dix ans déclare « Quand je leur demande, à 14-15 ans, s’ils ont déjà vu un porno, tous lèvent la main, quels que soient le milieu et le sexe. » D'après une de ses enquêtes, près de 86% des filles et garçons majeurs ont déjà regardé un film X, dont près de la moitié entre 11 et 15 ans.

Certains se vantent d'avoir regardé un porno pendant que leur grand-mère dormait, une autre a commencé toute seule avec le film érotique de M6, ou alors entre plusieurs copains entre 11 et 12 ans ; ils allument la télé et tombent sur le porno de Canal+. La pornographie est banalisée dans leur tête, sans doute parce qu’elle l’est aussi dans la société. « Le consensus pornographique gagne toute la création actuelle, du cinéma aux émissions de télévision, de la littérature aux clips, de la presse à internet », écrit le journaliste Xavier Deleu. Une ancienne actrice de X, Estelle Desanges, lit des textes érotiques chez Beigbeder, Catherine Millet conte ses talents de pipeuse chez Pivot, Ardisson demande à ses invités s’ils ont déjà goûté aux partouzes.

Les magazines pour jeunes demoiselles écrivent et conseillent leurs lectrices "Comment être une bombe sexuelle", "La fellation est-elle plus agréable avec un piercing ?" "Faut-il faire comme dans les pornos ?" Difool sur Skyrock le soir à 22 heures invitent leurs auditeurs/trices au pays de la poésie : « Va faire un tour dans le trou de ta copine, c’est sympa. Si c’est trop serré, fais lui un annunlingus, ou mets lui un peu de gel douche. Après ta bite devrait rentrer comme dans du beurre. »

Les enfants d'aujourd'hui ont grandi avec ces images. De grands blasés de 13 ans, bouilles d’ange et sucettes au bec. En cinq minutes, ils étalent leur savoir sur « les fist fucking, les gang bangs et la zoophilie », conseillent «"Condamné à jouir" ou "Black and Blond", le film où les meufs se font déchirer à quatre pattes ». Mais où en sont-ils avec les filles, eux ? Silence, rougissements: « A la vérité, on n’en a même jamais embrassé une, madame. » Voilà où ils en sont ! Des bébés qui ont grandis trop vite, un mélange de précocité et d'immaturité, de dureté et de tendresse.

Pour le psychiatre Philippe Jeammet, « toutes ces images viennent forcément perturber le processus de construction de l’enfant ». Les séquences de sexualité brute renverraient les tout-petits à la scène primitive. « Ils risquent alors de se dire : c’est comme ça que mes parents m’ont conçu, sans tendresse, sans amour ? », explique le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron. « Le porno peut alors déclencher chez eux une angoisse et un dégoût d’eux-mêmes. »

Des psys et des éducateurs confient qu’ils voient de plus en plus d’enfants obsédés par ces questions et amateurs, très tôt, de jeux sexuels poussés. « Avant ils jouaient au docteur, aujourd’hui ils jouent directement à papa-maman. » Les adolescents, eux, vont regarder des films X pour tenter de comprendre ce qui, là-dedans, plaît tant aux grands, « savoir aussi comment ça se passe chez eux. C’est un peu comme un cours de sexe », note un mordu de scoutisme, Mathieu, 11 ans. Car au collège, en famille, on parle peu ou mal de sexualité, on la réduit souvent à un risque, MST, sida, grossesse, en oubliant le désir et les sentiments.

Certains ont ainsi appris les rudiments, « comment est faite une femme» ou «comment se masturber ». Il n’y a rien de mal en soi à voir un film X à cet âge. Simplement, la porno banalisée d’aujourd’hui distille de manière insidieuse, très tôt, dans l’esprit des ados, une image violente, génitale de la sexualité. Les femmes y sont peintes comme des poupées gémissantes, soumises au désir masculin. Ce sont ces « chiennes qui adorent sucer », « ces salopes qui ne pensent qu’à se faire péter les fesses », dont parlent certains jeunes.

Beaucoup s’inquiètent de la taille de leur pénis, parce que « dans les films les mecs sont montés comme des taureaux, et tiennent une heure avec trois nanas différentes ». A 20 ans, Karim ne s’est toujours pas lancée. « Au départ, on a une image de l’amour plutôt littéraire, un homme et une femme tendrement enlacés. Quand on voit les pornos, les meufs qui se font prendre par tous les trous, ça fout les boules. Sincèrement, j’ai peur, je voudrais de la tendresse et des sentiments. »
Cindy a décidé d’attendre, de rester vierge. Ses amis la traitent de « pucelle », et son flirt de deux ans vient de rompre avec elle: « Il m’a dit qu’il avait trouvé une meuf en colo qui voulait bien le sucer. Comme ça, il n’avait plus honte devant ses copains. »
Ancien grand amateur, Alex, qui a aujourd’hui 17 ans, n’y touche plus : « Le porno, c’est pour les frustrés. Depuis que j’ai une copine, j’ai arrêté. » Il maîtrise le vocabulaire et la technique. Maintenant, il voudrait bien savoir : « Comment sait-on qu’on est vraiment amoureux ? Est-ce que ça dure ? Et pourquoi les filles veulent qu’on leur dise "Je t’aime" cent fois par jour ? » Si seulement la télé pouvait aussi apprendre tout ça...

Interdit aux moins de 18 ans
(œuvre à caractère pornographique, susceptible
de nuire gravement à l'épanouissement des mineurs.
Ces œuvres font l'objet d'une interdiction totale de diffusion).




L'article n'est pas de moi et est beaucoup plus long, si cela vous interesse voici le lien :
http://archives.nouvelobs.com/ il vous faut ensuite taper le mot-clé "pornographie" dans les parutions de Juillet-Août 2002.
Vous pouvez également avoir l'avis du CSA sur son site : http://www.csa.fr/themes/television/television_signaletique_accueil.php

Maintenant j'aimerais savoir votre avis à propos des films X, mais aussi si vous pouviez préciser votre sexe, à quel âge vous avez regardé votre premier film porno et ce que vous avez ressenti en voyant ça la première fois ?
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
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