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La maison de cire


La maison de cire, ou comment pondre un navet.



Devant la pléthore des navets actuels, vous vous êtes sans doute demandé : quelle est donc la recette miracle, secrète, infaillible pour rendre un film pitoyable au possible ? Soucieuse de répondre à vos questions intérieures et existentielles, mes chéris, je publie en exclusivité la recette qui fait immanquablement d'un film un vrai chou-rave cinématographique, la maison de cire par exemple.


Comment réussir un navet ?

Ingrédients : De jeunes acteurs au physique avantageux. De préférence, avoir au moins une jolie blonde sous la main et un noir américain amateur de Rap Us. Leur physique représente tout l'intérêt du film et constitue l'aimant à spectateurs !
"Un film nul, OUI mais un film vendeur !" semble être l'apophtegme des scénaristes et des producteurs.
Une histoire prévisible dès la première scène et/ou grâce au synopsis. Les neurones des spectateurs n'ont pas à être endommagés par l'effet de surprise. La production doit donc faire en sorte d'éviter de faire travailler des rouages cérébraux au chômage depuis apparemment fort longtemps.
Du gore raté. Pour cela, il faut que l'histoire soit assez niaise en elle-même pour que la vue du sang ne provoque aucune réaction, et ce, même chez les spectateurs les plus sensibles.
Une avalanche de clichés. Plus vous en mettez, plus votre navet sera exquisément réussi. Le spectateur lambda doit à tout prix se sentir intelligent à force d'anticiper les faits, et également se sentir en sécurité grâce à ses repères-clichés.
Surtout, ne pas innover dans le genre. Le spectateur lambda vient voir le film car il aime le genre "horreur aseptisée". Comblez ses attentes !

Tournez le tout à la sauce "tournage – académique – teen-movien" et vous obtiendrez un chef d'œuvre nanaresque !

Exemple d'un navet réussi :
La maison de cire.

Tout d'abord, je salue avec humilité et admiration les équipes technique et scénariste qui ont suivi en tous points la recette ci-dessus. L'application et le suivi minutieux de la recette ne pouvaient rester ingratement inconnus.

L'équipe compétente a veillé à choisir des acteurs dont la réputation de la beauté physique n'est plus à faire. Ainsi, on voit LE beau gosse, la jolie gueule qui fait fantasmer toutes les pucelles jouissives et mouiller toutes ces jolies petites culottes roses en coton (pardon !), LE frère Scott : Chad Michael Murray. L'acteur principal a une sœur jumelle, très jolie comme on s'en doute, la girl next door, qui a un copain très mignon (logique !). Leur pote est un noir américain bien lourd, bien fade qui aime le rap Us et les grosses voitures et surtout, qui le crie sur tous les toits.
La production ne s'est pas contentée d'une jolie blonde, elle jouait pas trop mal toute seule et c'était tout de même une honte cuisante pour un navet qui se respecte. Elle en a subséquemment rajouté une autre, Paris Hilton, petite amie du rappeur. La richissime héritière de l'empire Hilton s'est évertuée à mal jouer, c'est évident (Cf Illustration : même une vache a plus d'éclats d'intelligence dans le regard). Le talent (guère extraordinaire, mais existant quand même) des autres acteurs aurait peut-être pu in extremis sauver le film, mais le jeu de Paris Hilton enfonce le film à un point de non-retour possible. En cela elle mérite presque autant de remerciements que lesdites équipes compétantes.

Uniquemen donc grâce au casting, le film est un navet, vous le savez désormais. Mais les dimensions du pitoyable sont encore à découvrir avec le Scénario.
Effectivement, la production ne voulait pas d'un petit navet. Elle a voulu faire un GRAND navet, un vrai, un malodorant, d'où la mise sur la trame narrative "fondue". Première scène, à l'ancienne, on voit des jumeaux, un sage et un vilain. Tout de suite après, on apprend que Chad et Elisha sont jumeaux. Cet assemblement de scènes est volontairement choisi afin que toute personne dotée d'un iota de matière grise devine la suite : une confrontation entre les quatre jumeaux.
Mais pour arriver à ce combat final entre jumeaux, que la grandiose intelligence d'un mollusqye arrive à prévoir, nous sommes servis en clichés "Sex, drugs & rock'n'roll". Nous avons notamment le droit à un scénario qui vole très bas (pour faire dans l'euphémisme). Un groupe de six DjeunZ (deux jumeaux, le copain à la jumelle {qui ne s'entend pas fort bien avec le jumeau}, le rappeur, sa pin-up blonde et un autre décérébré) veulent assister à ZE match of ZE year. Ils aiment l'alcool et le foot, et en abusent comme tout DjeunZ qui se respecte. Le noir américain a une grosse voiture customisée, qu'il utilise non seulement pour exprimer son goût douteux pour le tuning ostentatoire mais également pour faire partager la musique qu'il aime à toute personne se trouvant dans un rayon de cinquante mètres.
Et quand on s'y attend (!), on assiste à la panne de la voiture miteuse du petit ami de l'héroïne. Ils se perdent donc dans la forêt, comme prévu, se séparent, comme prévu, et meurent petit à petit, comme prévu _classic slasher movie pow4_, étant la cible de deux frères jumeaux tueurs qui ont l'étonnante particularité de survivre à tout et de souffrir sans broncher. (Peut-être est-ce un glorieux hommage à Highlandeur, l'immortel ?) On assiste entres autres à des lèvres collées avec de la glu, à un doigt coupé avec une pince, à plein de sang et à de la peau arrachée sans le moindre frisson de peur ou de dégoût.


Sincèrement, un grand bravo et un grand merci à la production qui a fait des efforts pour illustrer parfaitement ma recette.
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