Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Les yeux grands ouverts


Les yeux grands ouverts, aveugle dans le noir, je pense à toi. La chaleur de ton corps s'évapore lentement en douce volute dans l'air moite. Il m'est difficile de concevoir à quel point la chaleur d'un homme me manque.



Les yeux grands ouverts, aveugle dans le noir, je pense à toi. La chaleur de ton corps s'évapore lentement en douce volute dans l'air moite. Il m'est difficile de concevoir à quel point la chaleur d'un homme me manque. Tic- Tac. L'horloge égrène les minutes qui me séparent de toi. Le temps avance si lentement qu'il me semble reculer. L'air semble lourd de phrases non - dites, de menaces sous - jacentes qui pèsent. En ce moment, mon corps me semble tellement lourd que j'ai l'impression qu'il s'enfonce, coule entre les ressorts du matelas. J'ai jamais été bien seule. J'ai jamais été bien, avec moi-même, mes pensées. J'ai besoin de sensations fortes, de mots crus, de trucs vulgaires, de clichés, de lingerie rouge flamboyante et de diamants. Je bois ma vodka cul-sec, ma bière d'une traite, j'en suis rendue à mon troisième verre quand les gens autour de moi sirotent leur premier.




Les sensations extrêmes, ça me connait. Les baises torrides à en faire trembler les murs, les mots hurlés dans les vents, les courses à en perdre haleine... Me saouler jusqu'à en prendre plein la gueule, jusqu'à avoir mal au ventre, jusqu'à l'abandon total. T'embrasser comme si tu étais le dernier sur terre et que l'on devait mourir. Maintenant. Là où le mot demain n'aura plus d'importance. Là où le temps s'arrête.





Tu es revenu te coucher contre moi, mais tu es si raide, si tendu que l'absence ressentie plus tôt ne fait que se prolonger. Tic-Tac. Toujours ce murmure obsédant. Je n'ai même plus le gout de me retourner pour savoir si tes yeux me regardent, je sais que je ne vais rencontrer que le vide. C'est dur à admettre, mais que ce soit toi, lui, ou un autre, c'est du pareil au même. J'ai l'amour vide, désabusé. Pleine de ressentiment, j'suis recroquevillée dans mon petit monde plein de clou, j'ai peur de me faire mal. Je n'aime pas, je crois aimer. En fait, ai-je réellement aimé ? J'ai le désir physique facile, l'amour chaud, mais l'Amour difficile. Comment peut-on aimer quelqu'un quand on ne s'aime pas ? Tic-Tac. Tu te retournes. Tu trembles. J'ai peur. Peur d'être seule.

On est toujours seuls. Même au milieu d'une foule. On hurle et personne ne semble même remarquer notre figure défigurée. Je me sens toujours seule, mai encore plus pendant cette interminable nuit humide à tes côtés. Je me lève, je tourne en rond. Lion en cage. J'ai le goût de te mordre, de te griffer, de t'arracher les yeux, mais tout ce que tu fais c'est me regarder d'un regard torve et te recoucher dans la seconde qui suit. Je n'ai jamais su comment aimer. Personne ne m'a jamais appris. Est-ce que ça s'apprend ? J'suis complètement perdue, je comprends pas ce qui me retient de hurler, je ne comprends pas la main en moi qui me tord les entrailles, je ne comprends même pas pourquoi te faire l'amour me donner autant la haine. Tic-Tac. Tic-Tac. Tic-Tac. Le rythme s'accélère.

Te regarder ne me fait plus d'effet. T'embrasser me laisse de glace. Peut-être que je n'ai jamais su comment aimer... ? Dans le lit, à côté de moi, ta respiration est calme. Tu ne te doutes pas du tout du drame qui se joue dans ma tête. Tu dors tranquillement. Profondément. Dors tranquille. Demain, je serai encore là. Je ne t'aime plus. Je ne m'aime pas. Dors tranquille... Je ne t'aime plus. J'ai le goût de hurler. Un goût de sang dans ma bouche. Tic-Tac. Le jour se lève et je suis restée près de toi... J e n'e ta i m e p l'u s. JE NE T'AIME PLUS. Je ne t'aime plus, mais je n'ai jamais su comment quitter.
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