Extrait du site https://www.france-jeunes.net

L'évolution de l'idée de "nation" au cours de l'histoire


Ou comment une idée, à la base très positive, a évoluée vers une idée qui prête à polémiques...



Nous devons remonter à quelques années avant la révolution française afin de tenter d'analyser l'évolution de l'idée de "nation" (et de ses déclinaisons telles que "identité nationale", etc...) ainsi que les raisons de cette évolution.
En effet, le souverain de l'époque (qui n'est autre que Louis XVI) n'hésite pas à recourir au terme de "nation" afin de qualifier une communauté humaine dont le trait commun supposé est la conscience d'une appartenance à un même groupe.
Il n'y a donc aucun ressentiment dans l'emploi de ce terme employé par le roi-lui même et ce terme lui permet simplement designer un ensemble difficile à définir mais qui équivaudrait à peu près au "peuple français". La notion d"identité nationale" n'émerge pas encore, ou, tout du moins pas sous la forme qu'on la connaît de nos jours. Il est vrai que cette notion prendra un peu forme pendant la révolution française, mais elle ne va pas dominer la vie idéologique française pendant un bon moment de l'histoire. Pendant la révolution, l'on se battait pour la nation, pour un modèle qu'il fallait construire, il fallait changer le modèle politique, la nation combattait pour une idée saine, un idéal : la démocratie. Après la révolution, l'idée de nation ne prête donc pas à (de grosses) polémiques : il s'agit d'un modèle dont chacun constitue une partie intégrante de l'ensemble désigné par ce terme, qui connote donc l'inclusion, et personne n'est exclu de celui-ci, ce qui garantit son unité ainsi que sa pérennité.


Emergence et modification de l'idée de nation

Jusqu'au 20ème siècle, on ne note pas de modification spectaculaire de cette idée.
Puis, viennent les guerres mondiale. La première verra dbeaucoup d'hommes tomber sau front : le bilan humain est très lourd : beaucoup d'hommes sont tués. Au sortir de celle-ci donc, la France manque de main-d'oeuvre pour faire fonctionner le pays. Appel est donc volontairement fait à l'immigration afin de remédier à ce problème.
Il est à noter que la contestation contre cette solution reste très minoritaire et marginale. Puis intervient la seconde guerre mondiale, qui ne fait que corroborrer ce problème de manque de main-d'oeuvre, bien que cette deuxième guerre soit moins lourde que la première sur le plan des pertes humaines. L'extrême droite, qui dénonce ce recours à l'immigration comme une atteinte à la nation, reste cependant encore négligeable, son influence restant très faible voire (quasi) nulle.
Le vrai "détonateur" de ce changement dans l'idée de nation va être le choc pétrolier de 1973, suivi de celui de 1979-1980. Avant ces évènements, le chômage n'existe quasiment pas. Mais la situation va commencer à s'inverser nettement avec ses chocs pétroliers qui vont abattre un pays déjà fragilisé par des difficultées économiques (en partie dûes aux guerres). A la sortie de ce premier choc pétrolier, on dénombrera 1 million de chômeurs (en 1977), puis 2 millions (en 1982) à la sortie du 2ème choc pétrolier de 1979-1980. Le mécontentement se fait alors sentir parmi la population française qui commence à accuser les immigrés arrivés en France sur politique du gouvernement d'occuper les travaux qui pourraient être occupés par des travailleurs français présents depuis plus longtemps. Ce mécontentement grandissant va être totalement exploité par l'extrême droite via le parti politique du Front National créé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, à l'origine pour regrouper les "nationalistes anti-gaullistes".


Passage d'un état de nation "inclusive" à une envie de nation "exclusive"

D'une idée de nation qui se voulait encore quelques années auparavant "inclusive", certains partis politiques cherchent donc maintenant à la transformer en nation "exlusive" où la nation serait une entité en péril, étant dorénavant menaçée par ces "étrangers" qui viennent s'installer en France (idée que n'aura de cesse de développer l'extrême droite principalement via JM Le Pen). L'influence de cette branche de la vie politique va se développer lentement mais n'aura réellement pas une influence prépondérante sur le résultat final des votes jusqu'au début des années 2000. Mais, lors des élections présidentielles de 2002, l'influence de l'extrême droite, qui était restée jusque là très relative, se fait pleinement sentir.
Une partie de la population française, las de ce qu'elle considère comme des échecs tant de la gauche que de la droite, choisit le "vote-sanction" et exprime son mécontentement et sa protestation en choisissant de donner sa voix au Front National. Le PS de Lionel Jospin, non aidé par la fragmentation de l'électorat du à un nombre record de candidats (ils sont 16 à se présenter au premier tour), subit un échec cuisant. Jean-Marie Le Pen se retrouve au second tour et, bien que battu sans contestation possible par la droite de Jacques Chirac (82% contre 18% pour le FN), les conséquences de ce mouvement restent marquées : bon nombre de candidats à l'élection présidentielle de 2007 se sont en effet emparés de cette idée de "nation" et d"identité nationale" qu'il faut renforcer et protéger. Il est donc à noter qu'un changement radical s'est effectué au fil du temps dans l'idée de "nation", où l'on a commencé à parler d"identité nationale" afin de tenter de justifier une réaction d'exclusion, idée prêtant maintenant à énorméments de débats et polémiques en tout genre sur ce sujet.
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