Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Homme/Femme : les mains disent tout


Les différences entre les deux sexes sont nombreuses et très facilement repérables, que ce soit de leur vivant ou de leur mort. Mais alors, comment les paléontologues ont-ils été en mesure de donner le sexe des individus préhistoriques qui ont peint sur les parois de grottes anciennes, les traces de leurs mains ?



L'art pariétal est, avec certaines formes de statuaire (les Vénus préhistoriques), l'unique forme d'activité artistique que nous puissions connaître de la préhistoire.
Il est vrai qu'en pensant à "Art préhistorique", l'image qui vient en tête est avant tout celle de dessins peints sur les parois de grottes, représentant le plus souvent des animaux, parfois aussi des hommes, occasionnellement coloriés...
Mais un art pariétal très connu aussi, est celui que l'on nomme "mains négatives", à savoir, l'image du contour de mains.




Les mains négatives

La main négative est un procédé artistique simple, qui est, avec les peintures d'animaux et d'hommes, celui qui orne le plus les grottes préhistoriques.
Le principe est simple : l'individu pose sa main à plat sur la paroi de la grotte, et en enduit le pourtour avec des pigments colorés; une fois la main enlevée, la marque sur le mur représente bien le contour du membre.
On comprend alors aisément le terme de "mains négatives", puisque ce qui est représenté sur le mur n'est pas une main, mais l'extérieur du main, son pourtour.


Une activité artistique sexuée ?

Les paléontologues et anthropologues qui ont étudié les "mains négatives" se sont demandés si l'activité artistique préhistorique (en général) était sexuée, c'est-à-dire, si elle était typiquement masculine ou féminine, mais en aucun cas mixte.
Leur première hypothèse fut celle de l'art masculin, à savoir, que les "mains négatives" étaient toutes des mains d'hommes.
Puis, un chercheur britannique du nom de Manning découvrit une morphologie particulière des mains, qui permit aux paléontologues de différencier dans cet amas de "mains négatives", celles qui étaient féminines et celles qui étaient négatives.


L'indice de Manning

Manning découvrit une différence morphologique capitale entre les mains d'hommes et les mains de femmes; cette différence se situe au niveau des doigts, et plus particulièrement au niveau de l'index et l'annulaire.
Pour différencier les deux sexes, un petit calcul simple s'impose : il faut mesurer la longueur de l'index (du bout du doigt jusqu'à la jointure qui relie le doigt à la main), puis la diviser par la longueur de l'annulaire.
Deux sortes de résultats sont attendus : si le résultat du rapport index/annulaire tourne autour de 1, l'individu étudié est de sexe féminin. Pour un homme, le rapport tourne autour de 0,96.
(Pour traduire, les femmes ont l'index et l'annulaire à peu près de la même longueur, alors que les hommes ont l'index plus court que l'annulaire).


Explication hormonale

L'explication de cette différence sensible, vient des hormones propres à chaque sexe, c'est-à-dire les hormones sexuelles, qui sont l'œstrogène pour la femme, et la testostérone pour l'homme.
Or, Manning a découvert que la testostérone avait un impact important sur la croissance de l'annulaire au cours du développement fœtal, alors que l'œstrogène avait plus d'influence sur la croissance de l'index.
Ceci explique le dimorphisme des mains masculines et féminines.


Et ces grottes, alors ?

L'indice de Manning a permis une avancée dans l'étude de l'art pariétal, puisque les paléontologues ont pu découvrir que les "mains négatives" étaient, indifféremment, des mains masculines et féminines, ce qui a permis de dire que l'activité artistique préhistorique n'était pas sexuée, mais bien mixte.


La limite de l'âge

L'utilisation de cet indice a cependant des limites.
Je n'ai pas les connaissances requises pour toutes les exposer dans cet article, c'est pourquoi je ne parlerai que de la limite qui touche au développement hormonal chez l'enfant.
On sait que la croissance des doigts provient de la testostérone pour l'homme, et de l'œstrogène pour la femme.
Or, d'un point de vue strictement hormonal, on observe une différence notable entre les deux sexes : dès son développement fœtal, l'individu masculin possède un taux testostéronémique qui restera constant jusqu'à la fin de sa vie. La croissance de l'annulaire est donc complète, "entière" dès sa naissance.
Tandis que pour l'individu féminin, le taux d'œstrogène est très faible au stade fœtal et durant l'enfance, et ne commence à s'élever réellement qu'à partir de la puberté; chez les petites filles donc, la croissance de l'index n'est pas "terminée" durant une période qui tourne entre 9 et 12 ans (date moyenne de la puberté).
Cela pourrait – pourquoi pas ? – expliquer les "mains négatives" des parois de grottes, auxquelles les paléontologues n'ont pas réussi à attribuer un sexe.
Mais tout cela n'est qu'une maigre hypothèse, que la science ira détruisant ou consolidant.
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