Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Tu aurais pu attendre...


Tu aurais pu attendre. J'aurais voulu que tu me donnes une raison même mensongère de ton départ. Comme tu sais tellement bien faire. Une raison que j'aurais avalé de bon coeur, contente d'en avoir eu une. Mais cette fois, je ny ai pas eu droit...



J'aurais peut être voulu te dire au revoir, j'aurais voulu m'habiller et me faire belle et puis mettre mon délicieux parfum Chanel et mes chaussures luisantes, et presser le pas. Parce que je suis toujours ponctuelle, même quand il s'agit d'une séparation. Alors pourquoi cet empressement ? Pourquoi avoir quitté aussi vite ?


J'aurais voulu prendre un café avec toi, et te parler de choses dont je ne me rappelle plus aujourd'hui. Des choses futiles et banales mais qui auraient pu soutirer un sourire de tes lèvres appétissantes.


Je me serais rassurée sur ta santé, et si ton mal de tête est guéri. Si tu prenais soin de toi, dormais tôt et travaillais moins.


Je serais venue comme une enfant pour te serrer comme si tu arrivais et non pas partais.

Je ne m'attendais pas à ton départ soudain. Mais ça ne m'étonne pas que tu aies voulu prendre ton café sans moi.


Quel rêve t'a emporté loin d'ici ? Quel courant, quelle tristesse, quel ennui ? Quel parfum ? Tu es parti précocement, tu t'es replié, tu as préféré le silence et tu t'es retiré sans bruit...


Ton tempérament ne change jamais même quand ton pouls lunatique joue avec les battements de ton cœur, et tu vis tes quatre saisons en un jour. Lâcheté, orgueil, entêtement et ruse. Mais toujours imperturbable. Le problème n'est pas que tu es calme, mais que ton calme ressemble à celui qui paraît dans les yeux du commetteur du crime parfait.



Ce n'est pas de ma faute si tu aimes la solitude et détestes les adieu et que tu te comportes comme un amant de six ans.


Comment pourrais je savoir où tu es parti ? Et ce qui t'as poussé à partir ? Traînant derrière toi tes brisures et tes mensonges ? Tu as le droit de ne dire adieu à personne et garder tes raisons en secret absolu. Tu as le droit d'annuler les autres et de les effacer de ta mémoire sans avoir à mentir. Le problème n'est pas que tu mens, mais que tu consommes le mensonge en doses mortelles.


Chacun a ses secrets, quels sont les tiens ? Que caches tu ? Quelle peine dissimules-tu ? Quel lourd secret portes-tu dans ton coffre ?


J'ai résisté à ma curiosité mais j'ai échoué, les questions me bombardent et la peur, l'espoir et le désespoir me harcèlent. Où es tu ? As-tu raté la trajectoire de ta vie ou ne l'as-tu pas encore trouvée ? Tu as fait tes valises, pris mes rêves et tu es parti. Etait il nécessaire de partir aussi vite ? N'aurais t il pas été mieux d'attendre ?


Peut être que tu es parti compter tes nombreux défauts, feuilleter les pages de ta vie et compter les photos des femmes qui emplissent les galeries de ton cœur constamment fermé.


Etais tu angoissé ou satisfait ? Indifférent ou curieux ? Ou simplement un voyageur desespéré et harassé par les questions, les souvenirs amers, et la peur de l'avenir.


Si un jour tu décides de revenir, reviens sans tes obsessions et les malédictions qui te poursuivent...


Si un jour tu reviens, t'ignorerai-je comme si je ne te voyais pas ? Comme si tu n'existais pas ? Vais-je te traiter avec la froideur ou la cruauté des ennemis ? Ou vais-je m'habiller et me faire belle une autre fois, mettre mon exquis parfum Chanel et presser le pas en cadence militaire ?


Vais-je te blâmer et te crier que tu es lâche, que tu as quitté en te faufilant comme un voleur ?


Non, jamais.

Je ne te disputerai pas.

Je ne te prendrai pas dans les couloirs d'une blessure narcissique profonde dont les racines s'enfoncent aussi loin que ma mémoire, et dans ces vagues d'espoirs qui se sont éclatées sur les rochers de ton absence.

Non.

Je vais seulement t'avouer avec mon plus beau sourire dans les yeux qu'après tout, ma vie n'est pas si mal que ça sans toi.
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