Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Ta Mère nous appartient


Le cinéma américain moderne est un tsunami sans fin, face auquel les médias français adoptent le plus souvent une passivité affligeante. Comme spécimen de ce fléau réccurent : La Nuit nous appartient.



C'est vendredi soir et on se ferait bien un petit cinoche, puisque de toute manière, le samedi, la plupart du temps, ça ne demande pas trop d'énergie. Et voilà que le choix du film survient, si problématique : adaptations qui ne plairont jamais à ceux qui ont lu le bouquin, films à la mode écolo pour les gosses, comédies françaises toutes dans le même bateau à la dérive... On tente un polar américain ? Will Smith est pas trop accrocheur. Les critiques vont plutôt dans le sens du dernier film de James Gray, alors pourquoi pas.


La nuit nous appartient.

Derrière ce titre, deux fils, deux mondes. L'un est rangé avec papa chez les "cops", l'autre tient une boîte branchée, et en subit les conséquences plus ou moins alléchantes : drogues à gogo et belles portoricaines. Le duel entre les deux est annoncé, on croirait voir revivre un mythe grec (merci les scénaristes en grève ?). Alors évidemment, ça va partir en vrille, le bon fiston va chercher un méchant dealer (russe !), et celui-ci attérira forcèment chez le méchant fils. Puis le soviétique va décimer le trio. Autour d'un enterrement. Lors de cette scène, telle une image subliminale, deux enfants noirs d'un ghetto lointain nous apparaissent, bien contents de voir un policier de plus sous terre.


Après cette minute de réflexion profonde, au cours de laquelle les plus-immigrés-historiquement-tu-meurs (aussi connus sous le sobriquet de ricains) auront fait preuve d'un manichéisme sur les bons et les mauvais étrangers, il faut se préparer à ce que l'écran nous vomisse encore bien d'autres morales. Au programme des réjouissances, l'indignation discrète face aux droits accordés aux prisonniers, qui leur permettent de s'enfuir injustement, scène digérée entre deux doses de bon sentiments racolleurs, et une fin – ô combien sans pudeur ? ! – lors de laquelle les fils nous lient définitivement à notre siège. "Je t'aime, tu sais. – Je t'aime aussi." et la foule de clamer "Amen !".


Une oeuvre éblouie

Et c'est CA que nos journaux appellent "un grand film" (Télérama) ? "Somptueux" (Libé) ? "Une oeuvre éblouissante" (Le Monde) ? A quoi est donc condamnée la critique française, si critique d'ordinaire, sinon à servir la propagande américaine ? Avec l'Outre-atlantique comme berceau, l'ère des Films Idéologiquement Modifiés est ouverte, à l'image des censures chinoises, russes ou iraniennes. Diverti, laisse-toi enrôler, et paye ta place.
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