Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Les Vieux


C'est avant tout pour dire qu'un l'on est tous le vieux de quelqu'un, que la roue tourne inéxorablement...



Les vieux,
A la lecture d'un avis la semaine dernière, je tenais aussi à en faire sur le même thème, car il m'a rappelé certains souvenirs.


Les vieux, je sais ils sont chiants.
Ils savent tout ur tout, ils ont fait la guerre eux!
Il faut toujours leurs dire merci, même pour rien.
Il faut faire leurs courses.
Leur laisser une place assise.
Leur laisser la priorité.
Leur donner du respect.
Passer les dimanches chez eux.
Manger leurs vieux gâteaux de la semaine passée.


Mais voilà.

Eux aussi sont passés par là.
Eux aussi ont laissé leurs places assises.
Eux aussi ont mangés du gâteau rassis.
Eux aussi ont respecté les autres.
Eux aussi ont passé du temps chez les plus âgés.


Et comme on le dit si bien « ne sommes nous pas tous, le vieux de quelqu'un ».


Moi aussi, je me suis tapée des dimanches interminable, chez mémé.
Avec les vieux gâteaux secs qui sentent le refermés. A toujours, dire oui, pour lui faire plaisir, pour ne pas l'énerver.

Et pourtant, qu'elle n'est plus là, qu'elle a quitté ce monde, ses gâteaux me manquent ainsi que son amour.

Émotion passagère, quand je sens encore le parfum de son eau de toilette ou quand j'ouvre le livre de mes souvenirs.
Oui, je l'aime très fort, bien qu'elle ne soit plus ici bas, mais ailleurs.


Ce long préambule terminé, pour vous dire que je connais ce monde de vieux, parce que j'ai beaucoup travaillé parmi eux.

J'ai travaillé dans un hospice, repaire de personnes âgées délaissées par la vie et par leurs familles.

Je crois que cet endroit ne valait pas mieux qu'un mouroir, elles attendaient là sans plus aucuns espoirs.
Elles étaient là, toutes cohabitant ensemble, attendant la mort comme ont attend le bus.

Parfois tristes et perdues, parfois ebetées de se retrouver ici seule mais ayant élevées une famille de 6 enfants.
Elles ne savent plus qui elles sont, la vieillesse et la maladie les ont rattrapé trop vite.
Elles sont seules ici, pas de chambres séparées, une grande salle coupée par de simple paravent pour seule intimité.

A chaque fois, que j'entrais dans cette pièce, mon coeur se soulevait, l'odeur d'urine, les cris et les pleurs me prenaient à la gorge.

J'ai travaillé deux mois, j'ai pas bien supporté cette inhumanité, ce manque de respect envers elles. J'ai craqué et je suis partie, mais j'ai continué à avoir des contacts avec certains pensionnaires, une visite de temps en temps, mais bien souvent la mort était venue avant moi.

Puis j'ai récidivé, ailleurs dans un centre hospitalier, un centre de gériatrie.
Bof pas mieux, les chambres étaient plus propres et l'air un peu moins vicié.

Mais elles étaient encore là, leurs pauvres mains tendues vers moi, elles espéraient une attention, un petit mot, un petit geste.

J'étais perdue parmi ce cirque, je voyais ces pauvres vieux sur leur matelas à eau, souffrant de terrible escarres, qui attendaient que l'on veuillent bien prendre la peine de s'arrêter une minute, juste pour un sourire, une parole gentille.

Le personnel me disait à moi pauvre petite stagiaire « laisse tomber, il va bientôt crever, que tu lui donnes de l'oxygène ou non ».
Même quand les sonnettes se faisaient entendre, si c'était la pause, il était hors de question de bouger, la pause c'est sacré!
Je tiens à vous dire aussi que j'ai rencontré aussi du personnel formidable, mais trop peu parmi le service.

Ces petits vieux ne voyaient même pas cette haine, pas de plaintes, seulement une tristesse sans nom. Elles acceptaient leurs traitements sans rechigner, le seul truc qui leurs faisait vraiment mal, était leur abandon familial, presque personne ne venait, pas le temps pour certains, trop loin pour d'autres, ainsi va la vie.
Seules, être seules au bout de temps d'années, après avoir donné leurs amours à leurs enfants, voici la réalité, l'oubli....


Pour finir voici l'extrait d'une chanson qui je trouve, résume bien ce qu'est la vieillesse.


Elle a des cerises sur son chapeau
La vieille
Elle se fait croire que c'est l'été
Au soleil on se sent rassuré

Il paraît qu'la dame à la faux
C'est l'hiver qu'elle fait son boulot
C'est pas qu'elle tienne tant à la vie
Mais les vieilles ça a des manies
Ca aime son fauteuil et son lit
Même si le monde s'arrête ici

Elle a la tête comme un placard
La vieille
Et des souvenirs bien rangés
Comme ses draps ses taies d'oreillers

Son tout premier carnet de bal
Du temps où la valse c'était mal
Un petit morceau de voile blanc
Du temps où l'on s'mariait enfant
De son feu héros une croix de guerre
De l'avant-dernière dernière guerre
Elle a des cerises sur son chapeau
La vieille
Elle se fait croire que c'est l'été

Elle ne fait plus partie du temps
Elle a cent ans elle a mille ans
Elle est pliée elle est froissée
Comme un journal du temps passé

Elle a sa famille en photos
La vieille
Sur le buffet ils sont en rangs
Et ça sourit de toutes ses dents

Y'a les p'tits enfants des enfants
Et les enfants des p'tits enfants
Y'a ceux qui viendraient bien des fois
Mais qui n'ont pas d'auto pour ça
Ceux qui ont pas l'temps qu'habitent pas là
Puis y'a les autres qui n'y pensent pas
Elle a des cerises sur son chapeau
La vieille
Elle veut s'faire croire que c'est l'été

Elle a des cerises sur son chapeau
La vieille
Elle se fait croire que c'est l'été.



Voilà, j'ai fini, alors si j'ai un message personnel à vous faire passer, et celui ci :
N'oubliez pas un jour ce seras votre tour, allez vers eux, tendez votre main, et une petite visite de temps en temps, juste comme ça leur donneras du baume au coeur sur leur coeur fatigué.
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