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Elexirs


Hé oui une autre histoire de ma plume, lisez-la et critiquez, donnez-vous en à coeur de joie. Je suis sûre que vous ne vous priverez pas...



Elle regarda par la fenêtre, satisfaite de le voir partir. Elle savait qu'il reviendrai un jour, mais elle lui dirait la même chose qu'aujourd'hui : rien. Même si elle lui avait parlé, il n'aurait pas compris. L'homme qui viendra te voir n'a rien dans la tête, il ne mérite pas d'entendre ta voix, avait dit son ange. Ne lui dit jamais rien, quoi qu'il fasse. Henka avait fait ce se que son ange lui avait dit de faire, donc elle était heureuse. Elle se rassit et ferma les yeux. Elle entendit les pas de son gardien dans le couloir, le cliquetis de la clé dans la serrure, son grognement déguelasse. Puis il l'agrippa par le bras et la tira jusqu'à sa chambre. Cet homme était un vrai porc : il puait, rotait, grognait et ressemblait à un ignoble cochon. Il était un suppôt de Satan ! Elle le détestait pour toutes ces raisons. Une chance que son ailé lui avait ouvert les yeux sur le mal qui rongeait les hommes! Le porc infernal l'emmena dans sa chambre et ferma la porte. Elle était seule. Il n'y avait aucun arôme de lavande dans la pièce, e t cela était si triste au nez d'Henka qu'elle se mit à brailler. Son ange n'était pas encore revenu. Elle s'étendit sur son lit, patiente, et réfléchit aux derniers jours.
Avant vendredi, rien. Son mémoire ne se souvenait d'absolument rien, le néant total. C'était bien ainsi car le vide laissait toute la place pour son ange aux effluves de lavande. Henka n'existait que pour son ange, uniquement pour lui obéir. Même pas pour être respectée par lui, non, uniquement pour le servir. Il sentait tellement bon ! Henka était prête à tout, absolument tout pour son ange. Elle luttait contre le mal, il l'avait bien dit. Elle était l'élue ! Servir son maître était sa raison de vivre. Elle se consacrerait tout le long de son existence pour lui. Tout ce qu'il lui disait, elle le faisait. Comme samedi, ou elle avait tué un homme diabolique pour lui.
Elle avait été récompensée par une lampée de la liqueur de son ange. C'était la plus bonne chose qu'elle ait bue de sa vie. Henka ne pouvait être plus heureuse.
Aujourd'hui on était dimanche et elle savait que son parfumé viendrait. Elle ferait tout pour lui.

*

- Monsieur, cette fille est débile. Je sais qu'ici il n'y a que des débiles, mais elle a quelque chose de plus sauté que les autres. On dirait qu'elle n'est pas elle-même, du genre possédée. Pas que je croie au diable, non, mais j'vous dit que ce n'est pas une folle normale.
- Avez-vous déjà vu un fou normal ? Je crois que vous ne vous y connaissez pas beaucoup en psychologie, mon cher. Faites votre job, je ferai le mien. J'ai intégré cette fille dans ce bâtiment pour la guérir, je ne vais pas la faire sortir parce qu'elle est folle, c'est pour cette raison qu'elle est ici ! Vous êtes un médiocre personnage, monsieur Cauchon. S'il n'en tenait qu'à moi je vois renvoierai. Allez, Ouste ! Disparaissez de ma vue.
Le gardien regarda l'homme puis baissa les yeux et tourna les talons en bougonnant. « Un jour, cette folle va me faire du mal, je le sens », se dit le gardien. Une chance que je prends mes vacances dès ce soir.

*

Henka se réveilla en sursaut. Son ange était de retour ! La pièce embaumait la lavande.
Elle le vit, debout, serein dans sa chambre. Elle se pissa dessus tellement elle était contente.
- Écoute moi bien. J'ai une autre quête à te faire accomplir. Ton gardien est méchant, tu le sais bien. Il est un servant du démon, alors il doit disparaître. Ce soir, lorsqu'il sera dans ta chambre, frappe-le avec ceci. Son ange lui tendit un bâton de baseball. Quand il sera évanoui, tu le traîneras jusqu'à dehors, par la porte de l'aile C. Ne t'inquiète pas, personne ne vas te voir. Enterre-le dans la cour, le plus profond que tu peux. Ensuite reviens et lave-toi. Si tu n'as pas fini à minuit, tu auras échoué et tu ne seras plus digne de me servir. Mais je sais que tu vas faire ça pour moi, Henka.
Son ange lui donna encore de la liqueur qu'elle but avidement. Le liquide lui chauffa la tête et son envie d'obéir se fit plus forte.
- Merci mon ange ! Je vais tout faire parfaitement, tout faire ce que tu me demandes. Henka rayonnait de joie. Mais son ange partit, aussi vite qu'il était venu.
Henka sourit niaisement, fière d'avoir une autre mission. Elle la remplit comme prévu.
Ce fut facile, le cochon n'avait pas un crâne très résistant. Il s'évanoui au premier coup. Elle le tira jusqu'à dehors sans se faire voir : les couloirs étaient déserts, et il n'y avait personne dans la cour. Elle creusa un trou pendant trois heures et enterra le gardien qui était encore vivant mais inconscient. Elle revient et se lava.
« Je suis la combattante du mal la plus fidèle », pensa-elle en s'endormant.

*
Le directeur se leva avec un sourire aux lèvres. La fête qu'il avait organisé la veille avait été une réussite sur tout les plans : ses employés s'étaient bien amusés au restaurant, ils avaient ri, mangé et chanté dans la bonne humeur. Leur donner une soirée de répit avait été une très bonne idée. Ils avaient tous mérité cette fête, excepté M. Cauchon, mais il n'était pas venu, peut-être parce qu'il prenait ses vacances, peut-être parce qu'il savait qu'il n'aurait pas été à sa place. Le directeur avait laissé le petit hôpital psychiatrique aux soins d'étudiants en médecine. De toute manière, il n'était pas bien difficile de s'occuper de ces fous pendant une nuit : il ne fallait que les veiller. Et la ville se foutait bien de la manière dont étaient traité les malades, pourvu qu'ils ne sortent pas. Il avait dit aux étudiants : « Ne vous occupez pas de l'aile C, elle est complètement vide. Ce serait du temps perdu de surveiller des lits inoccupés, n'est-ce pas ? » Les étudiants avaient ri et accepté. Vraiment, cela avait été une soirée mémorable.

*
Pendant plusieurs semaines, Henka eut des visites de son ange, qui lui donnait à chaque fois une nouvelle mission, qu'elle remplissait toujours à la perfection. Puis elle sortit de l'hôpital psychiatrique parce qu'elle avait réussi son test de sortie, bien sur aidée par son maître. Un jour, elle eut la charge de trouver un homme, qui était suppôt de Satan, et devait aller le tuer pour le libérer. Mais le chemin pour se rendre était long, puisqu'elle n'avait pas le droit de prendre les transports en commun. Elle prit la liberté de demander un raccourci à un passant qui lui indiqua le meilleur moyen de se rendre à sa destination à pied.
Sur le chemin, elle passa devant une boutique puis eut la surprise de son vie : Il y a avait un odeur identique à celle de son ange ! Elle prit une grande respiration et n'eut plus de doute, c'était la même odeur : de la lavande accompagnée d'autres effluves subtiles. Son ange devait être à l'intérieur. Henka était devant un dilemme : il lui avait dit d'arrêter nulle part, uniquement à l'endroit qu'il lui avait désigné. Mais la tentation était trop forte, l'odeur restait trop attirante. Henka entra. L'homme à la caisse bondit en la voyant et il en échappa le bocal de verre qu'il tenait à la main. Elle regarda toutes les fioles sur les étagères et son regard se posa sur une. Une étiquette était apposée sur la bouteille mauve. « Lavande divine». Henka voulu l'ouvrir mais le caissier arriva à la course et lui arracha des mains. Il cria au client qui était à la caisse de partir.
- On ferme ! Allez sortez immédiatement, j'ai des choses urgentes à régler. Le client sortit, abasourdi.
- Allez, donnez-moi sa ! Le caissier vociférait pour ravoir la fiole, mais elle tomba par terre et se brisa en milles miettes.
Henka s'aplatit au sol et commença à lécher le liquide à la lavande.
- Mais elle est dingue... Le caissier était consterné.
- J'ai trop mis de quelque chose là dedans... Ou pas assez. Elle n'est pas supposée me désobéir...Va falloir que je révise ma formule. C'est trop dangereux, elle pourrait me reconnaître à hôpital si je ne me lave pas parfaitement de cette odeur... Elle est trop accro. C'est dommage, elle a fait du bon travail, mes ennemis sont presque tous morts.
Le caissier prit un bâton et cogna la pauvre fille qui perdit connaissance. Il la tuerait plus tard. Pour l'instant, il devait changer son formule et tester « Lavande divine » sur quelqu'un d'autre. Il voyait bien, à l'hôpital qu'elle était trop collante. Quand même, se pisser dessus. Mais il c'était bien amusé, cet imbécile de Cauchon étouffait six pieds sous terre. Le caissier devait passer à autre chose et quitter hôpital, sinon tôt ou tard il serait soupçonné du meurtre du gardien. Aller travailler dans un hôtel l'intéressait, la clientèle était si diversifiée ! Bien sur, il devait consacrer du temps pour sa boutique et ses mélanges. Un jour, il aurait le dessus sur tous... Tout les gens qui lui avaient fait mal durant sa vie payaient maintenant. Ils se moquaient de lui et de ses potions ? Ils en payaient le prix.
Cette Henka était venue dans sa boutique un soir d'automne, un jeudi, et lui avait dit qu'elle cherchait quelque chose pour voir clair dans les gens, pour mieux les juger. Ha ! Il lui avait recommandé de goûter à « lavande divine ». Le produit avait tout de suite fait effet tellement il était puissant. Il lui avait montré un homme dans la rue et lui dit : cet homme est le démon. Elle sursauta et se rua dans la rue pour allez crier au gars des choses du genre : suppôt de Satan ! Maudit soit ton maître ! Le cassier avait tellement ri ! Henka fut internée dans hôpital ou le caissier était le directeur. Avoir deux métiers n'était pas très fatiguant, surtout qu'il ne ressentait pas le besoin de dormir parce qu'il buvait un de ses produits contre le sommeil. Il avait trouvé la faille dans la formule de « Lavande divine » et par pure précaution il devait tuer Henka pour ne laisser aucune trace. Il prit le corps de la jeune fille et le cacha dans la garde-robe. Ça tombait bien, un client entrait.
-Bonjour ! Je vois que ce magasin vient d'ouvrir. C'est original, vendre des élixirs. Mais vous ne pensez pas que les gens n'y croient pas, à toutes ces fioles soi-disant magiques ?
Le caissier lui décocha son plus beau sourire.
- La magie, mon cher, peut faire bien des choses. Il suffit d'y croire...
Il s'approcha du client et le regarda dans les yeux.
- Certains sont mêmes prêts à tuer pour la magie.
Le client de dévisagea, les sourcils froncés.
- Mais ne me regarder pas de cette manière, c'est une plaisanterie !
Il tendit la main vers son étalage de fioles.
- Je suis sûr qu'il y a ici quelque chose pour vous. Vous avez sûrement un petit défaut à effacer, un désir de changer quelque chose que vous n'aimez pas dans votre personnalité, non ?


FIN
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