Extrait du site https://www.france-jeunes.net

L'Étranger d'Albert Camus


Si je ne devais résumer ce livre qu'en une seule et unique phrase, je dirais : voici l'histoire d'un homme qui commet un crime mais qui est incarcéré pour un autre. Pour s'en rendre compte il a fallu d'abord constater l'absurdité de la chose, car le roman est si bien construit que les contradictions ne ressortent pas sans mûre réflexion...



Le livre se compose de deux parties : dans un premier temps, le meurtre, dans un deuxième, le procès.

Première partie
Le livre commence par la réception d'un télégramme annonçant la mort de la mère de Meursault. Après son retour des funérailles, Meursault décide d'aller à la piscine, où il rencontre une ancienne collègue du bureau, Marie, dont il (re)tombe amoureux. Le lendemain, en retournant du travail, Meursault introduit dans son récit quelques voisins de paliers dont Raymond, qui lui sollicite son aide en lui demandant conseil pour une histoire de coeur. Meursault convient du fait que l'infidèle devrait être punie et accepte d'écrire une lettre pour Raymond. Raymond utilisera cette lettre pour l'envoyer à la fille, afin de l'attirer chez lui pour lui donner une leçon, mais la situation tourne mal et il finit par la battre. À partir de ce moment, le frère de la maîtresse surveille les allées-venues de Raymond, s'apprêtant à se venger. Une semaine plus tard, meursault et Marie reçoivent une invitation pour une passer une journée à la plage avec Raymond et ses amis, Suite à un bataille avec la gang du frère de celle qui a trompé Raymond, Meursault revient sur les lieux et tue ce dernier.

Seconde partie
Tout ici se déroule de manière continue, ce qui donne l'impression que tout se succède immédiatement dans l'espace de quelques semaines voire mois, alors qu'en réalité, ce n'est pas le cas; le dossier de Meursault dura plus d'un an.

Dès le premier chapitre on apprend que Meursault a été interrogé à plusieurs reprises et on assiste à sa première confrontation avec le juge d'instruction, qui, dès ce premier ''interview'', a déjà, selon moi, pris part contre lui. Puis, Meursault passe un petit séjour en taule, après quoi on le retrouvera à l'audition des témoins qui, pour la plupart, se retournent finalement contre lui. Par la suite, il sera ''spectateur'' à la plaidoirie et enfin au réquisitoire. Après avoir entendu ce débat de pours et contres , Meurault sera jugé coupable, et condamné à mort. La dernière scène se termine avec le départ de l'aumônier, après une dispute entre ce dernier et Meursault, et le livre se referme sur cette histoire avec une sorte de monologue interne qui émeut à travers lequel on lit la résignation de Meursault face à la vie et à son destin.



Meursault qui ?

Maintenant, je vais analyser le comportement et la psychologie de Meursault parce qu'il se détache de l'ensemble et parce qu'il m'intrigue encore même après la lecture du livre.

Meursault, à première vue, serait un homme qui manque de finesse; son langage est élémentaire, tout comme son mode de vie est simple. Mais à certains moments, notamment à la fin (les derniers chapitres), j'en viens à voir à travers Meursault une âme sensible. Meursault est si contradictoire qu'on ne sait plus où donner la tête. Il est à la fois rationnel et poète, artiste et tristement réaliste. Il dépeint la vérité et, dans son innocence, il dénonce l'absurdité de notre monde avec une telle simplicité que nul ne pourrait mieux faire. Ce qui met le lecteur le plus mal à l'aise c'est, je crois, cette infraction aux lois les plus élémentaires qui sont universellement respectées. Meursault pense ce qu'il dit et dit ce qu'il pense. Une si pure honnêteté dénudé de toute hypocrisie ou sarcasme nous rend plus sensibles aux défaut de cette société qui entoure le protagoniste et nous les fait mieux accepter. Meursault est un homme curieux mais qui ne communique pas du tout (ou presque pas) avec son entourage. En ce sens, Meursault refuse de s'intégrer à la société. Mais d'un autre côté, ne serait-ce pas qu'un effort que de prendre la peine d'emprunter une cravate noire pour l'enterrement dans l'unique but de se conformer aux formalités?

On remarque également autre chose : Camus n'a pas doté son personnage principal d'un prénom. De même, il s'est gardé de nous parler de son passer, de ses espoirs pour l'avenir, etc. Pourquoi? Pourquoi écrire un roman sur une personne dont on refuse de faire découvrir la personnalité, les pensées et les motivations aux lecteurs? Peut-être pour décentraliser l'histoire de cet individu, afin de laisser aux personnes qui lisent le livre voir le réel motif, le message de l'oeuvre. Mais même à la fin du roman, on ne sait que penser de lui.... Ou de sa sentence.

En conclusion, je ne dirais qu'une chose : Meursault, c'est à la fois blanc et noir, jour et nuit, pluie et soleil.



Analyse d'une phrase

<< Nous nous regardions, sans baisser les yeux et tout s'arrêtait ici entre la mer, le sable et le soleil, le double silence de la flûte et de l'eau. >>

J'ai adoré ce passage car c'est un des premiers où Meursault, qui paraissait jusque là indifférent à tout, démontre un peu de sensibilité à travers ce qu'il dit, mais surtout de la manière qu'il le dit. Après des lignes et des lignes en narration désuète et trop simpliste au goût de certains, narration directe et sans sous-entendus, Meursault entre dans cette nouvelle dimension, pour de brefs instants, et on dirait qu'il se détache alors de la réalité. Je trouve cela merveilleux, voire touchant.

Ensuite, il y a le fait que Camus s'est gardé de rendre le roman symbolique. On ne peut donc interpréter ces symbols mais on voit que des associations ont été faites : la mer avec l'amour, le soleil avec l'insupportable... bref c'est un peu une réflexion, une image, si on veut, de sa personnalité contrastante et contradictoire. Il faut bien comprendre : Meursault, mer et sol(eil).

Je termine ici par des paroles de Camus que je trouve très jolies et très vraies aussi :

<< Meursault est un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres. Loin qu'il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace, l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité. Il existe comme, une pierre ou la mer ou le vent, sous le soleil, qui, eux, ne mentent jamais. >>
(préface de l'édition américaine)
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