Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Chasseur de dragons


Histoire d'un jeune homme que la drogue à emporté dans le doute, l'angoisse... Un jeune homme qui a tout perdu...



Qu'est-ce qui fait qu'un homme, celui qui fait attention aux voitures en traversant la rue, qui fait attentions aux marches en montant l'escalier, qui fait attention au vide en se penchant à la fenêtre, qu'est-ce qui fait que cet homme cherche la mort ?
Tant de réponses à cette question, pourtant aucune n'est la bonne.
Si grâce au texte qui suit, j'arrive à faire réfléchir ne serait-ce qu'une personne, alors je ne l'aurais pas écrit en vain.

Dans la lueur faible d'un briquet, un sac se remplit silencieusement de choses qui font battre le coeur plus vite, qui rendent les mains froides, les joues chaudes, et qui coupent le souffle ! ça y est, le trésor est enfin rassemblé au fond du sac sale. Les doigts tremblants de désir, une ombre s'en empare et rejoint une arrière-cour en sautant d'une fenêtre. Voici un étrange voleur, un voleur au visage fantomatique et aux mains décharnées, qui passent et repassent, cent fois pesées, sur les joyaux du trésor.
C'est maintenant que cette ombre va connaître le doute et l'angoisse !
Malgré çà, il se sent puissant, il a eu une bonne idée, il a fracturé, il a volé, il va distribuer.
Il a traversé le village et s'approche de sa caverne d'Ali Baba, tout est calme.
Perdu dans la forêt, quatre murs et un toit en béton, une planche de bois fait office de porte. A l'intérieur, un vieux matelas troué, des couvertures, une caisse en bois et un feu au milieu de la pièce qui brûle à même le sol. Personne ne connaît cet endroit, ou plutôt les gens le craignent, les gamins du village l'ont baptisé "maison de la sorcière" à causes des histoires que leurs parents racontent pour les empêcher d'y aller.
En compagnie des cafards et des araignées, notre ombre ouvre son sac et en sort de l'opium, de la morphine, ainsi que leurs dérivés. Posé sur la caisse en bois, éclairé par le feu, la totalité du butin se laisse contempler : vasodilatateurs, hypotenseurs, sédatifs, anti-spasmodiques, stupéfiants...
Il va revendre son butin, mais avant, il prépare la cérémonie. C'est la première fois qu'il ne paie pas, la première fois que, poussé par l'angoisse et le manque, il vole. Plus d'argent depuis une semaine, chômeur depuis des mois, il grelotte de convoitise devant dix grammes de morphine, dix grammes d'horreur. Il ouvre le flacon et laisse glisser quelques cristaux dans une cuillère remplie d'eau. Chacun de ses gestes sont lents et précis, de peur de perdre l'un de ces précieux diamants blancs. Habituellement, ne touche pas à la morphine, son truc, c'est plutôt la chasse au dragon : l'opium. Il fait chauffer le contenu de la cuillère pour faire fondre les cristaux. Il sort la seringue de son emballage, il n'a pas peur du poison qui grésille sous ses yeux... Après le "flash", il prépare des petits paquets avec des pages de journaux qu'il avait conservé, avec les noms de ses amis inscrits en gras, rubrique nécrologique, cause : overdose.
Depuis longtemps, son univers a basculé, un an, peut être deux, ou quelques mois, il ne sait plus... Il a atteint le point de non-retour, celui où on ne travaille plus, celui où on a plus de famille, celui où on n'a plus d'amis... Si tout va bien, il ne recommencera à voler que dans deux semaines, si tout va mal, demain. Son sac à nouveau plein, notre ombre repart pour revendre une grande partie de son trésor, il a faim, il est tard, le "flash" a duré plus longtemps que prévu. Il décide de se rendre à la gare pas très loin de là. Il y retrouve d'autres ombres, des amis, des connaissances, des clients. Il leur montre son trésor et vend le contenu de son sac sale. Le sac se remplit rapidement d'argent aussi sale que lui, mais peu importe la provenance, c'est la valeur qui compte.
Son travail est achevé, il quitte doucement la place et retourne dans sa cachette. Notre ombre n'a gardé de son butin que quelques cristaux de morphine et de l'opium. N'ayant rien mangé depuis deux jours, il décide de fumer un peu pour apaiser sa faim. L'opium coup la faim.
Il prend l'opium qui, en chauffant, devient une sorte de pâte, il y glisse quelques cristaux d'horreur, met le tout dans sa pipe à opium, boit le reste de "Label 5" et fume. Mais la dose était plus forte que d'habitude, un peu trop, notre ombre s'écroule, plongé dans un profond coma, un dernier combat contre le dragon, qui cette fois-ci a pris le dessus et qui laisse à notre ombre sa cachette comme dernier tombeau...


A mourir et aller où nous ne savons,
Couché dans la froidure de la tombe et pourrir...

Marylin Manson


Merci à Nicolas KRESS pour ce texte
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