Extrait du site https://www.france-jeunes.net

Photo obsession


Dernier long métrage de Mark Romanek, bientôt en DVD ! Alors peut-être dans votre médiathèque ?



Qui peut rester indifférent en sachant qu'un inconnu peut avoir accès à notre intimité ? Qui peut nier le fait que ce fantasme ne lui a pas au moins une fois effleuré l'esprit ? Imaginez un instant l'angoisse pouvant être ressentie lorsque vous réalisez que vos photos de famille passent entre les mains d'un adorable détraqué mentale qui peut faire de vous ce qu'il souhaite. Son nom est Sy... Sy Parrish ; alias Robin Williams.


De cette situation pour le moins originale est né le second long métrage du réalisateur et scénariste Mark Romanek, je parle de Photo Obsession (pour les puristes), en Anglais One Hour Photos (pour les intimes). Son premier film fut Statix (1986). Romanek après cette première tentative dans l'impitoyable monde du cinéma, s'est retiré durant 16 ans pour devenir réalisateur de clips ("clippeur" : les journalistes sont apparemment plus indulgents avec eux)...
... Avant de tenter à nouveau sa chance dans le septième art. Pourquoi ce pèlerinage me demanderez-vous ? Mais parce que la presse ne connaît ni la tendresse ni l'existence du talent lorsqu'elle regarde la première oeuvre d'un jeune metteur en scène ambitieux. Il est vrai qu'il s'agissait de la période phare des films fantastiques, d'épouvantes, et d'horreurs, dont seuls John Carpenter, David Cronenberg, ou encore Paul Romero détenaient le secret. Enfin... il n'empêche que Romanek revient avec ce nouvel opus pour notre plus grand plaisir.


Résumé :

Sy Parrish est un brave photographe orphelin solitaire, travaillant dans une boutique de développement photo en une heure dans un hypermarché (d'où One Our Photos !!). Il se prend d'amitié avec une de ses clientes, Nina Yorkin (Connie Nielsen : Gladiator) et avec son fils, Jake (Dylan Smith : Gilmore Girls). Il envie beaucoup leur vie familiale qu'il juge réussie par le biais des photos qu'il développe. Lorsqu'il s'aperçoit que William Yorkin (Mickael Vartan : Alias), trompe sa femme avec une autre de ses clientes, Maya Burson (Erin Daniels : Chill Factor), il tente de briser leur mariage par compassion envers Nina et par jalousie auprès de William. Mais ses actes le mèneront à la prison.


Koiteske jenpense :

Certains vous diront que le film est lent, qu'il manque de rythme, de rebondissements, de vie. Il n'en devient que plus intéressant. En effet, ce tempo suffit à maintenir le spectateur en haleine durant toute l'intrigue avant de lui montrer Sy péter les plombs. Les décors et les objets sont riches en symboles ; aucune scène n'est inutile ; aucun détail n'est laissé à l'abandon. Le climax (point culminant du suspense du film) en devient encore plus stressant, tant l'ambiance et longtemps maintenue dans le calme. L'esthétique va alors de pair : au début basée sur les tons bleus et blancs, elle est à la scène finale uniquement orientée sur la blancheur des lumières dans l'obscurité, comme si celles-ci représentaient l'issue de secours que Sy recherche (voyez-le, vous comprendrez mieux).

La réalisation est signée de main de maître. Elle nous propose une large panoplie de mises en abîme (cadres dans le cadre), et des plans relativement clairs quant à l'engrenage dans lequel s'enfonce Sy. Je pense entre autres à un jouet muni d'une arme qui donne à Sy des idées noires, ou encore à un travelling arrière décrivant un mouvement de spirale duquel Sy n'est pas prêt de sortir. Autant de plans conotatifs et dénotatifs qui ne peuvent laisser le spectateur indifférent.
La plupart du temps, tout règne dans un silence d'aquarium. En particulier les moments de solitude, justes ponctués par des thèmes musicaux au glockenspiel (sorte de carillon avec un clavier de piano). Cet instrument, vous le comprendrez, rappelle bien l'état d'esprit puéril persistant du héros. Ce trait de caractère ne le quitte jamais ; il est présent dans de nombreuses images notamment celle où il est assis, seul, sur le lit d'une chambre en exposition dans le supermarché au milieu du monde extérieure qui l'ignore.


Les acteurs sont excellent car remplis de conviction. Les personnages sont tous attachants, même William Yorkin (pourtant très mal placé pour cela). Robin Williams nous propose une prestation pour le moins décapante à travers cet adulte capricieux, frustré, et sans passé : Sy Parrish ! Pourtant, celui-ci n'a pas l'habitude d'interpréter des rôles purement dramatique où il ne ressemble à personne. Au contraire ses personnages sont basés sur le sens de l'humour, la joie, et les affections. Seul le dérangeant Insomnia rejoint Photo Obsession sur ce point (il y joue le rôle d'un psychopathe face à Al Pacino)... Connie Nielsen, l'actrice récompensée pour son interprétation dans Gladiator, en mériterait un autre pour l'accomplissement de son image de femme au foyer modèle (dépensière, certes, mais modèle), image claire simple et efficace dans le contexte. Enfin, il faut noter que le tout jeune Dylan Smith se débrouille particulièrement bien dans son rôle de gamin sensible et bien élevé (un peu trop fashion, certes, mais bien élevé).

Par ailleurs il faut savoir qu'il existe deux montages de ce film. Un premier fut destiné au public américain et un second au public européen (ainsi qu'au reste du monde, en principe). Pourquoi ? Parce que la première version a diffusé le thème originale de Requiem For A Dream durant la scène finale, et qu'elle n'y apparaît plus dans l'autre. Les droits sur la musique étaient-ils trop coûteux ? En outre la version américaine suit un schéma didactique rigoureux, alors que la version européenne démarre par la fin, et est amputée d'une scène et de quelques plans au début du film.

Ce chef-d'oeuvre, loin d'essayer de nous effrayer de notre technicien photo, tente de nous réapprendre le sens de la famille et des souvenirs en s'appuyant sur l'exemple efficace de quelqu'un qui n'en a pas. Mais ne vous inquiétez pas, si cette critique vous paraît à première vue trop trop révélatrice sachez qu'il n'y est dit que très peu de chose et que le coup de théâtre final est conservé (je m'suis vachement appliqué à ce boulot). Quelque soit la version que vous verrez, elle sera bien, je vous le garantie. Toutefois le montage américain me semble un peut trop explicite à propos de la scène finale qui dans l'autre version est raccourcie. Néanmoins, Photo Obsession est le prototype du petit long métrage audacieux et réussi que l'on aimerait voir plus souvent dans le cinéma américain, et dans les cinémas de quartier. Il faut noter qu'il a rencontré un vif succès proportionnellement à son coût notamment en France (environ + de 300 000 entrées), et que l'accueil des critique furent cette fois là favorables (Romanek= OUF !!). Avec + de 30 millions de $ de recette et destiné, à la base, à quelques 170 salles aux Etats-Unis où il a fini par en monopolyser 3500, One hour Photos est devenu l'un des plus précieux bijoux de la "Fox Searchlight". Alors voyez-le,... soyez digne.
Voilà, bonne séance !


Sites sur le film : http://www.foxsearchlight.com/onehourphoto/
Ainsi que http://www.hollywood.com/movies/detail/movie/417332
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