Extrait du site https://www.france-jeunes.net

La Tchétchénie : une épine sous la botte russe !


Ce que les autorités russes ignorent des Tchétchènes, c'est que "la liberté est leur dieu, la guerre, leur unique loi".



Depuis la toute première invasion du Nord-Caucase en 1785, les Tchétchènes luttent pour leur liberté. Constituée en 1936, la Republique autonome des Tchétchènes-Ingouches fut abolie en 1944. Restaurée en 1957 puis dissoute de nouveau, elle sera enfin proclamée en 1991. Ceci n'a pour autant pas empêché les autorités russes à pilonner des opérations dites de nettoyage (zachitska) afin de buter "ces bandits jusque dans les chiottes" (V. Poutine). Pourquoi donc s'en prendre aux Tchétchènes et pas à d'autres Républiques autoproclamées comme l'Abkhazie, l'Ossetie du Sud ou la Transdniestrie dotées pourtant de leur propre législation et de leur monnaie locale ? Comment justifier les récents attentats meurtriers de mai 2003 à Grozny, attentats perpétrés par les nationalistes tchétchènes ? Lorsque face à deux siècles de massacres, l'Union Européenne n'y voit qu'une affaire d'Etat, on est en droit de se demander, au vu de l'intransigeance du Gouvernement Poutine et de l'inflexibilité de la résistance vaïnakh, si la Tchétchénie est prête de goûter de sitôt aux délices de la paix.
Le drame de la Tchétchénie depuis près de deux siècles, c'est d'avoir brandi comme identité la lutte infaillible pour son autonomie. Si ce paradoxe lourd de significations ne remet pas en cause les idéaux de liberté, chantre de la politique onusienne, il souligne néanmoins la résistance chevaleresque d'une poignée de "nobles" face à une horde surarmée, quatre fois plus nombreuse que son adversaire. Certes les Tchétchènes ont été défaits mais, jamais ils n'ont été véritablement assujettis, comme le montre d'ailleurs la prise d'otages au théâtre de Moscou en octobre 2002 (129 morts) et les récents attentats à Grozny.
Pour les Tchétchènes, ce sont les blessures de l'histoire qui ont du mal à cicatriser. Non seulement ils furent les premiers à peupler la terre qu'ils occupent aujourd'hui, mais mieux, le sang de leurs martyrs ( Cheikh Mansour, Ghazi Muhammed, Tachu-Hadji, l'iman Chamil et les activistes de l'OPKB en juin 1942) et celui versé durant la grande guerre caucasienne (1816-1864) , la période des déportations (1944-1956) et de l'intervention militaire russe (1994-1996) , continuent de hanter la conscience nationale "nokhtchi".
Pour Moscou, c'est d'abord une question d'honneur et de fierté. Le temps de la rigolade et des concessions honteuses accordées aux "terroristes" comme Shamil Bassaiev qui, en juin 1995 prit des otages à l'hôpital de Boudennovsk, est terminé. On se rappelle que le Premier ministre russe, Tchernomyrdine mena directement les négociations avec Bassaiev et un accord militaire fut signé en juillet 1995. Par ailleurs, l'intégration de la Tchétchénie dans la Fédération russe est plus que jamais nécessaire pour des raisons stratégiques. Comme le soulignent Brunot et Avioutski, "formidable barrière entre la mer Noir et la Caspienne, le Caucase se situe dans une zone de haute turbulescence sur la ligne de fracture entre les empires". Certes les gisements pétroliers de Tchétchénie sont les plus anciens de l'espace russe après ceux de Bakou et ont de ce fait joué un rôle décisif avant la mise en valeur des champs pétrolifères de Sibérie occidentale, mais, il convient de noter aussi que dès 1990, il avait été défini que le tracé du futur oléoduc soviétique devait traverser le sol tchétchène. En outre, le carrefour pétrolier de Grozny où fut crée l'Institut de l'Industrie Pétrolière, unique en URSS, canalise une part importante du pétrole kazakhstanais et turkanène.
Il est à craindre aujourd'hui, au regard de l'insécurité grandissante en Tchétchénie, que le taux d'émigration s'élève davantage et qu'une importante diaspora se forme aux côtés des "loups gris" de Turquie, des 70 000 exilés à Moscou, ou des nombreux compatriotes du Kazakhstan. Cette atmosphère propre à transformer la Tchétchénie en un champ d'expérimentation pour les terroristes du monde entier, est loin de conforter l'action des organisations humanitaires comme Médecin sans frontière, toujours à la recherche d'une secouriste, enlevé en août dernier. Les camps de tentes en Ingouchie ménacent de fermer, pendant que les enlèvements sporadiques de jeunes tchétchènes s'alternent avec la multiplication des points de blocus dans "le chaudron caucasien".
En effet, bien que les Etats-Unis et la Russie se soient reconcliés après les attentats du 11 septembre 2001 dans le cadre de la lutte anti-terroriste, les relations diplomatiques entre Moscou et Washington n'en demeurent pas moins tendues à cause des violations des droits de l'homme et le non respect des principes démocratiques qui prévalent en Tchétchénie. Conforté dans son assimilation au terrorisme du nationalisme tchétchène, et par la coupable indifférence des 15, Poutine en arrive à se croire tout permis au point d'organiser un reférendum constitutionnel truqué le dimanche 23 mars dernier, justifiant par ce fait même ses futures exactions en territoire tchétchène.
Extrait du site https://www.france-jeunes.net
Tous droits réservés