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Qu'on me donne un empire |
Interprété par Yann-Gael Poncet Trio. |
Qu'on me donne un empire Qu'on me donne un empire, Je ferai des heureux Il n'y aura qu'une règle, Honorer l'Eternel ; Et pour les orgueilleux, Pour les infidèles, Je ferai creuser des trous, Ensevelir leurs aveux. Je les ferai pendre par les pieds, Je leur ferai brûler les yeux, Pour exorciser l'espiègle, Le démon qui demeure en eux. Et pour qu'ils deviennent fange, Quant ils seront charogne, Je ferai venir choquards Et chiens pour la besogne. Et à tous les carrefours De tous les chemins de croix, Pousseront des cathédrales Excroissances de la foi, Pansu, large d'en bas, Sanctuaire, forteresse, Conservant bien au froid Des millions de promesses, Et pour les siècles après, Pour la descendance Leurs clochers animés Serviront de beffroi Et rythmeront la vie Comme la plus longue danse, Musique assourdissante Exutoire à l'effroi. Arrêtes, arrêtes pour mon amour ! De combien d'intransigeances feras-tu montre en ce jour ? Crois-tu que j'ai créé tant d'hommes pour qu'un seul puisse penser ? Crois-tu que je fantasme à l'idée de voir des pierres s'entasser ? Et puis, une action n'est pas bonne parce qu'elle est faite en mon nom ; Moi-même, je laisse aux hommes le droit de décision. La servante a parfois plus de valeur que la maîtresse, Et une cuite reste une cuite même si elle est au vin de messe. La liberté n'est pas un privilège. Tu n'auras pas d'empire. Qu'on me donne un royaume, Une mer de soldats, Qui pour la liberté Iront fiers au trépas. Ils serviront l'état comme on sert une cause ; Leur sang pour une guerre, Comme l'eau pour une rose. Et quel que soit le nombre, La vigueur de l'ennemie, Nous seuls contre le monde Et dans la violence des cris, Point d'huile assez bouillante, Ou de flammes assez folles, Point de fusils ni lances Qui nous interdisent un sol. Et sous un étendard Aux armes du divin, Je montrerai aux hommes Quel est le bon chemin. Et mon peuple en croisade, Officier libertaire, Ira chercher la vie Jusque dessous la terre. A toute révolution Emeutes ou coup d'état, Je donnerai raison Et livrerai combat. Et tous les êtres libres Prêts à donner leur sang Trouveront une place Au milieu de mes rangs. Grand Dieu que je suis ! De combien d'ignorance feras-tu montre aujourd'hui ? Crois-tu que les hommes puissent aller le cour leste au trépas ? La vie est un miracle, Un cadeau que j'envoie ; On se doit d'y tenir. Et s'il est beau de l'offrir, On a toujours tort de donner sa mort. Tu n'auras pas de royaume. Qu'on me donne un duché, un comté, un village, Ou -- ne sais-je - quelques terres qui n'auraient pas d'usage, Une famille peut-être : une femme, des enfants. Je suis plein de courage, je serai bon paysan. J'inculquerai aux mômes les bonnes traditions, Ils iront à l'église, et le soir ils prieront. Mes idées seront les leurs, et ils feront la fierté D'un Dieu qui, bienveillant, veillera sur mon blé. Ma femme sera douce, fidèle, et dévouée, Et pour nous, jour et nuit, elle saura s'affairer. Dans mes ivresses du soir, elle ne verra pas de vice, Mais plutôt la fatigue d'une vie qui, trop lisse, Emporte vers nulle part mais en tout cas trop loin Les sensations d'aimer, de vivre, et d'être bien. Ma porte sera ouverte à tous les voyageurs, Et générosité sera devise en ma demeure. Tu n'auras ni duché, ni comté, ni village, Pas même le bout de terre d'un quelconque paysage. Ou sont tes ambitions ? Que te reste-il donc ? Tu voulais être empereur, Et voici que tu pleures. Tu voulais être roi, Toi seul, tu apprendras : Le risque sera ta maîtresse, Le désir ta richesse, Tu n'aura ni famille, ni enfant qu'on te donne. La cloche doit être frappée si l'on veut qu'elle résonne. Vas, Vis, Apprends, et Reviens. Qu'on lui donne comme aux autres. Qu'on lui donne une misère, Un baluchon de rêves, Rempli des milles sons Et couleurs de l'Eden. Et puis, qu'il court les routes Jusqu'à corner ses pieds, Jusqu'à apprendre le doute, Le silence, la piété. Qu'il sache aussi que vivre, C'est chercher un trésor Fait d'autre chose que de gloire, D'argent ou de confort. Qu'on le fasse bel Adam, Mais qu'on ne lui donne pas d'Eve, Afin qu'il pleure longtemps D'avoir tâté mon glaive. |
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