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Excrementation laborieuse

Si vous avez moins de 21 ans, des problèmes cardiaques ou respiratoires, un excès de pudeur, une sensibilité maladive, un psychisme fragile, ou si Sade vous choque… alors ne cliquez pas dessus. Ce texte vous est vivement déconseillé…


Appuyant son front sur les barreaux de fer, il regardait les tours dont les silhouettes étaient effleurées par des nombreuses formes blanchâtres en mouvement et où maintenant personne n’y logeait pour des raisons à la fois ésotériques et presque scientifiques ; c’est que ces tours (dont le donjon faisait partie) étaient le scénario des expériences du seigneur Tibax. Souvent, quand celui-ci avait préparé une nouvelle formule, ce n’est qu’après plusieurs semaines voir plusieurs mois qu’on ne pouvait remettre les pieds dans l’enceinte remplie de cuvettes, éprouvettes de toutes les tailles, bassines, entonnoirs et autres ustensiles de l’apprenti chimiste. Après avoir vérifié les résultats de ces expériences –quand résultat il y avait- il ordonnait à ses domestiques tout simplement, sans prendre comme autrefois la précaution de surveiller les opérations, qu’ils pouvaient ouvrir les fenêtres, jeter les mixtures dans le profond fossé et nettoyer tout ce qui pouvait être nettoyable, c'est-à-dire, tout.

Bien que le divin marquis n’était pas sorti de l’asile de Charenton depuis plus de 10 ans, il se doutait bien que rien n’avait changé aux habitudes du château. Pendant qu’il appuyait son front sur les barreaux de fer, comme quand un vent du nord pénètre par le dessous de la porte, provoquant un frisson qui se promène sur toute la superficie de notre corps, tous les souvenirs qu’il avait des soirées au château se dressaient, secouaient la poussière que le temps posait sur eux. Il revoyait alors sa voiture pénétrant dans le vaste jardin qui précédait le bel édifice, comme fut le cas ce soir de pâques où le seigneur breton l’avait invité à participer à une de ses activités favorites.

Entrant par la façade est, comme c’était l’habitude les jours de fête, il suivit un laquais chaussant des sandales pourpres à travers la cour d’honneur, encadrée par des portiques qui dissimulaient les communs et les écuries. Ils empruntèrent la superbe rampe louis XV conduisant au premier étage et au bout de laquelle de grandes lanternes antillaises suspendues à des fils de verre éclairaient au gaz l’étroit vestibule précédant le petit salon où la plupart des invités étaient déjà assis, dispersés parmi les paravents et les éventails. Au moment où Sade venait juste de s’installer dans un de nombreux retraits mystérieux qui étaient ménagés dans les enfoncements du salon, le seigneur se présenta dans la plus délicieuse des nudités accompagné d’un vassal muni d’une bassine remplie d’eau que celui-ci posa par terre juste devant son seigneur dont il prit le pénis en érection dans le but de l’orienter vers la bassine. Tibax urina. Achevé ce rituel, les ovations des invités retentirent à l’intérieur des murs dorés par la tendre lumière des lanternes. Puis s’arrêtèrent brusquement : le prestigieux hôte allait prononcer la brève invitation tant attendue : « chers amis, la moquette est à vous »…
Publié le 25 février 2005
Modifié le 26 février 2005
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