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Loin derrière

Un peu plus loin derrière il y a la mer. Azur, turquoise ou bleue. Toute simple, toute bleue. Comme un ciel de juillet dans lequel on voudrait se perdre, bleu comme le bleu qu'espèrent les gens les jours de pluie. Mais pourquoi ? Pourquoi espèrent-ils cela ? La pluie est si douce sur mon visage, si calme.


Un peu plus loin derrière il y a la mer. Azur, turquoise ou bleue. Toute simple, toute bleue. Comme un ciel de juillet dans lequel on voudrait se perdre, bleu comme le bleu qu'espèrent les gens les jours de pluie. Mais pourquoi ? Pourquoi espèrent-ils cela ? La pluie est si douce sur mon visage, si calme. Elle tombe, lentement. Elle n'est pas forte aujourd'hui, elle est apaisante. Les gens craignent la pluie comme ils craignent la guerre. Ils sont là à la redouter deux jours avant son arrivée. Ils préparent leur semaine en fonction de LA JOURNÉE où elle nous tombera dessus comme le plus grand cataclysme que la Terre ait porté.

Moi je l'aime cette pluie. Moi je la vis, je la vois. Je danse avec elle, je tournoie avec chacune de ses gouttelettes qui comme nous humains, sont uniques. Aucune n'est pareille. Comme les flocons de neige. La neige, si froide, si blanche, si pure.

Un peu plus loin derrière il y a la mer, mais dans mon coeur, les jours sont aussi beaux que sur ce bord de mer. Le lilas envahit mon coeur et mes yeux. Il est doux. Doux à mes yeux comme cette musique l'est à mon oreille. Doux comme la voix apaisante de ma grand-mère perdue. Doux comme son souvenir que j'entrevois encore dans mes rêves. Doux comme ce passé qui m'habite.

Il y a là, devant moi, tant de questions que je ne veux pas agripper. Elles se promènent sur la même route que moi, mais jamais nos regards ne se croisent, c'est volontaire. Je n'ai pas besoin d'elles pour avancer. La seule chose qui m'importe, c'est de regarder mes pieds et de les sentir bouger sous le poids de tout mon corps.

Un peu plus loin derrière il y a la mer. Et partout autour, il y a des trésors. Il y ces personnes, ces souvenirs qui animent mon souffle et mes espoirs. Il y a ceux qui me rendent éternelle par leur mémoire et qui me rendent lumineuse par leur sourire...

Sur cette route, il y a du sable, beaucoup de sable. Je suis à cet endroit spécial où rien n'est stable, où tout bouge, où tout change. Il y a la mer loin derrière et il y a du sable, là devant...

Il y a tant de choses autour de moi qui tournoient et qui semblent s'emboîter pour former un curieux mélange de simplicité et d'ivresse. Rien n'est terne, tout est exhaustif et étincelant. Chaque chose est à sa place. Ou plutôt, tout a trouvé sa place avec le temps qui les amenait à se joindre parfaitement au reste de mon existence.

Rien ne me semble important. Je ne fais qu'écouter le vent qui frémit partout autour de moi. Il emmêle mes cheveux, réduit ma vitesse de marche et m'impose un rythme qui est très agréable. Toute seule, ma démarche aurait été tout autre. J'aurais déambulé, comme toutes ces autres fois, à une cadence plus ou moins commune, habituelle et déjà connue. J'aurais marché, longtemps, sans me rendre compte que je marchais vraiment. Le vent m'amène à réaliser ce petit détail tout simple. Je marche, là, tout de suite. Je suis là, à cet endroit où il y a du sable devant et la mer derrière et je marche, à un nouveau rythme cadencé par le vent qui influence l'harmonie de mes pas. Je ressentais pour la première fois une émotion qui devait ressembler à celle que ressent un enfant qui se tient debout pour la première fois et qui réussit enfin à marcher. Il arrive à voir le monde à une toute autre hauteur. Pour la première fois de ma vie, je me sentais au niveau du monde. Ni plus haute, ni trop basse. Juste au bon emplacement pour le regarder et vibrer avec lui. Je marchais pour la première fois avec cette sensation spéciale qui me faisait réaliser cette chance que j'avais.

Le vent m'emporte au loin et c'est très bien. Il berce la mer, je l'entends derrière moi. J'imagine avec légèreté le doux murmure des vagues qui atteignent la plage. Le soleil qui déverse ses premiers rayons de la journée sur cette immensité bleue dans laquelle il fait bon se perdre.

Les gens prétendent souvent que les plus beaux yeux sont les yeux bleus. Moi je ne trouve pas, mes yeux préférés sont les yeux marrons, ou bruns. Les gens, trop habitués à les voir, en oublient leurs détails. Personne ne les regarde, ne les apprécie. Beaucoup trop habituel, commun. Non ! Chaque œil est différent, chaque couleur l'est tout autant. Le bleu est magnifique, mais à mon avis, il va mieux à la mer qu'aux yeux. Dans les yeux bruns, on a envie d'y planter des fleurs et de les regarder grandir à travers le regard et le cœur de la personne [qui en est l'auteur] ('à qui ils appartiennent', peut-être ?). Couleur de la terre, symbole de la vie.

Loin derrière il y a la mer. Il y a le vent aussi et le lever de soleil.

Et ici, il y a moi. Moi qui sens ce vent. Moi qui vis, crois au bonheur et en la particularité des yeux marron. Moi qui aime la pluie et le vent. Moi qui grandis.

Je croyais que loin derrière, il y avait la mer. Mais c'est faux. La mer, elle est partout. Je me retourne et je la vois, bien présente. J'ai tout à coup envie de pleurer. Elle est si belle. Si pure. Déchaînée, comme mon cœur l'était. Tout revient à la normale un jour. J'ai envie de la prendre dans mes bras, de l'apaiser, de lui dire que ce vent ne restera pas si fort pour toujours. Il se calmera, il demeurera présent, mais il sera moins rude, moins lourd un jour. En attendant, elle doit en saisir le meilleur de ce qu'il peut lui apporter. Elle doit le voir comme une expérience qui la rendra plus forte, plus vraie, plus bleue. Elle le fait déjà très bien, elle n'a pas besoin de moi.

Je m'étends dans le sable et je regarde cette mer que je croyais loin derrière moi. Elle est belle. Elle m'offre un spectacle fabuleux. Le soleil pointe son nez, le vent est fort et les vagues sont merveilleuses. Rien n'est plus beau que ce moment où je me sens en parfaite symbiose avec la vie, avec la mer, avec le vent.

Mon cœur est envahi d'une mélodie que je crois reconnaître. Le son d'un piano me fait fermer les yeux. Je repense à tout ce que j'ai vécu, à ce vent, à ces tumultes qui m'avaient tant accablée, qui m'avaient rendue lourde et triste. Ils m'avaient écrasée comme on écrase un simple moustique. Je ne me sentais plus à la hauteur de la vie. J'étais perdue, très loin de la mer et de sa brise salée. J'étais à cet endroit où le sable devant nous apparaît comme la plus longue des routes. Comme un chemin interminable. J'étais à cet endroit où il est impossible d'éviter les interrogations qui marchent avec nous. Elles nous épinglent, nous hantent, nous clouent sur place dans un présent qui est dès lors, teinté d'angoisse et de nuages à travers l'image d'un futur bien trop aléatoire.

J'ouvre les yeux à nouveau. Elle me semble encore plus belle. La musique continue de jouer dans ma tête.

Il y a quelque part, ici avec moi, un bonheur invisible qui est lié à moi. Il n'est pas apparent, mais je le sens toujours présent. Il alimente mes sourires et mon présent. Il y a partout dans ce vent, les reliquats de tous ces trésors qui ont peuplé ma courte existence. Il y a partout dans cette musique, le rythme de leur héritage. Il y a partout dans cette mer, l'infini qui s'offre à moi. Mais il y a surtout, dans ce sable, ce bonheur invisible qui me suivra à jamais.

Je marche vers un endroit inconnu, je marche sans direction, à quoi bon de toute façon, c'est notre regard qui donne son sens à la direction que nous empruntons. Je marche et je souris en écoutant le vent s'enlacer à la mélodie de mon cœur et de mon esprit. Je marche et je suis fière de ce qui m'entoure.

Je vis à travers cette beauté qui m'apparaît comme un trésor qu'on aurait enfoui dans son cœur par peur de simplicité. Il serait trop banal de ne voir que ce qui semble être si parfait.

Quelque chose a changé en moi. Je porte le souvenir de découvertes et de coïncidences qui à jamais auront marqué mon regard sur la vie. Je porte en moi le souvenir bleu de cette mer accueillante et de ces yeux marrons dans lesquels il fait bon semer des couleurs.

La mer est là, loin derrière, mais elle est aussi devant. Et sur les côtés et partout en moi. Elle est là, comme je suis vivante. Elle est là loin derrière, loin devant et jusqu'à toi...
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Re: Loin derrière
Posté par pepito.micolazon le 22/12/2006 23:58:46
voilà donc enfin ton article paru.....:-)

voilà qui me ravit au plus haut point, me toute belle......hhhmm.....à nouveau te lire, savourer chaque mot envolé tout droit de ta plume jusqu'à nous.......si juste...si pur.....si beau.....à l'image de son auteur.....:-D oh que oui :-)

(k) (l) (k)
Re: Loin derrière
Posté par cmoi001 le 22/12/2006 21:52:10
Merci !

(l)
Re: Loin derrière
Posté par soldail le 21/12/2006 16:35:36
(*)

(f)
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L'auteur : Somewhere Over the rainbow
35 ans, Montréal (Canada).
Publié le 21 décembre 2006
Modifié le 19 novembre 2006
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