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Pensées d'un pendu

Je suis ici depuis bien trop longtemps, les oiseaux n'en finissent pas d'arracher mes cheveux, de me trouer la peau, d'aspirer mon sang. Je me balance au gré des bourrasques du vent brutalisant mon corps pendu. Accroché à mon poteau pourri, pestiféré du bien, persévérance du mal, la honte m'envahit à chaque regard des passants.


Je suis ici depuis bien trop longtemps, les oiseaux n'en finissent pas d'arracher mes cheveux, de me trouer la peau, d'aspirer mon sang. Je me balance au gré des bourrasques brutalisant mon corps pendu. Accroché à mon poteau pourri, pestiféré du paradis, persévérance des enfers, la honte m'envahit à chaque regard des passants. Ils défilent comme des pantins, pourtant c'est moi qui suis accroché et qui suis balancé par la main agile du vent.

Mon collier de corde s'accrochant à la potence fait craquer le bois, une lueur d'espoir, tomber au sol, m'enterrer totalement de la tête au pied, je pourrai enfin ne plus trembler. Sentir la terre me recouvrir, ne plus être empreint aux aléas du temps, ne plus être balancé, mon corps est fatigué, transpercé, déchiqueté, dévoré. Les vers ont trouvés un nouveau refuge, les oiseaux un nouveau perchoir, les humains une nouvelles personne à humilier.

Je suis pendu, probablement mort, je ne suis même pas digne de reposer en paix avec les miens allongée dans une tombe. Je n'ai droit qu'à la vision des passants traînant leur vie de la même façon que mon corps se traîne à la corde qui me pend. Mes yeux crevés me laisse penser que je suis pendu depuis plusieurs jours, je ne vois que le sol du haut de ma tête penchée. Je vois mes pieds puants qui pendent à ma peau, odeur de décomposition exaspérante qui opère dans les narines des passants toujours plus pressés de passer devant mon corps décomposé.

Pas une seule fois je n'aurai penser finir ma vie pendu par une corde par le cou violet de mon corps que je ne contrôle plus.

Même par la mort maintenant je suis puni, virevoltant ça et là, j'aimerai tomber.

Aujourd'hui, je prie jour après jour pour que mon corps repose en paix, mon corps a assez souffert des coups de becs des oiseaux, ou des morsures des chiens errants essayant de m'arracher les pieds. Je prie pour tomber de la potence et une fois à terre, m'enfoncer dans le sol, rejoindre les miens.

Je veux reposer en paix.

Ecce Homo....
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Re: Pensées d'un pendu
Posté par ainsi soit-je le 24/03/2007 14:50:11
moi j'adore, c'est original et très bien imaginé. le genre de sujet qu'on ne voit pas partout, peut-être parce que c'est très dur à écrire, mais tu t'en sors très bien ;-) très belle vision quoi!
Re: Pensées d'un pendu
Posté par aliceaupaysdesmerveilles le 24/11/2006 17:29:33
je sais que j'ai tendance a mettre un commentaire 7 mois apres tout le monde mais c'est rien, ça va vous permettre d'y rejetter un coup d'oeil! et c aussi paske je viens de retomber sur la ballade des pandus alors j'ai voulu relir ton texte,
moi j'adorer en tous cas, un vrai françois villon junior
Re: Pensées d'un pendu
Posté par damien le 21/04/2006 02:11:36
héhé lol On ne sait jamais ce que cache l'esprit d'une personne. Je ne raconte pas un homme qui aime être pendu lol je raconte sa vision du monde et son desespoire :)
Re: Pensées d'un pendu
Posté par zion_thieum le 21/04/2006 00:16:13
damien...ouais mais bon de là à aimer être pendu *-)
Re: Pensées d'un pendu
Posté par damien le 20/04/2006 11:52:05
Oh... On peut aimer la mort, le sang, la vue du dégout... Il ne faut pas rester figé dans la vision "normal" des choses. (Je ne prétend pas aimer la mort ;) )
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L'auteur : Vieux Gouranga
36 ans, Reims (France).
Publié le 29 janvier 2006
Modifié le 23 janvier 2006
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