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Problématique de l'interprétation

La problématique de l'interprétation n'est pas née de théories littéraires mais elle constitue une préoccupation humaine millénaire.


La problématique de l'interprétation n'est pas née de théories littéraires mais elle constitue une préoccupation humaine millénaire. Car, depuis la création l'homme s'est soucié d'interpréter. Interpréter d'abord ses rêves car le rêve n'est il pas l'origine de toute écriture ? Dans toute écriture il y a une inscription de cette origine, aussi smullyan avait il raison de dire "je suis solipsiste, comme tout le monde".
Pour interpréter un texte, l'homme non seulement puise dans des conventions de fait issues de théories de réception qui vont de l'interprétation adamienne de l'interdit originel à celles d'aujourd'hui, mais aussi dans ce solipsisme qui est une partie intégrante de son être.

L'écriture procède donc aussi de cette situation onirique où la signifiance ne résulte plus de la linéarité des signifiants mais d'une poussée se développant en germe. Ce qui faisait dire à Barthes dés 1953 que "l'écriture irrévocablement enracinée dans un au-delà du langage se développe comme un germe et non comme une ligne". Aussi, si "l'écriture n'est pas la simple peinture de la voix", comme l'affirmait Voltaire, elle est l'espace dans lequel, dit Merlau-Ponty "L'écrivain est lui-même comme un nouvel idiome qui se construit".

Si les théories de l'interprétation se sont évertuées à apporter des outils théoriques permettant la réception des textes, il n'en reste pas moins que l'effet provoqué par l'œuvre sur le destinataire est un paramètre important dans le processus de lecture. De la catharsis aristotélicienne aux différentes poétiques qui se sont succédées au cours des siècles écoulés, aux esthétiques contemporaines : phénoménologie, herméneutique, sémiotique... Les apports en interprétation ont été abondants.

Notre propos n'est pas d'exposer sur ces différentes théories, mais d'esquisser un préambule emmenant à l'écriture de Mohamed Dib et partant à son interprétation car si Husserl dit (dans l'origine de la géométrie) : "que le sens doit attendre d'être écrit pour s'habiter lui même et devenir ce qu'à différer de soi il est : le sens", nous posons que le sens attend d'être lu pour se libérer et se dire, se renouvelant à chaque lecture. Actuellement nous assistons à une situation dialectique entre approche générative (qui prévoit les règles de production de l'objet textuel analysable indépendamment des effets qu'il provoque) et approche interprétative (qui focalise sur le destinataire). Umberto Eco pose cette apposition comme une trichtomie entre interprétation comme recherche de l'intentio auctoris, interprétation comme recherche de l'intentio opéris et interprétation comme prescription de l'intentio lectoris. Pour lui un texte à des possibilités incontestables de susciter des interprétations infinies. Il propose aussi une distinction entre interprétation et utilisation d'un texte.


L'incontournable Barthes dit que le texte est une productivité qui ne cesse, même figé, de travailler, d'entretenir un processus de production. Lire un texte est donc retrouver ce travail qu'il a effectué en traversant les dynamiques du chronotope. Interpréter un texte est donc trouver ce que le texte a produit dans la distanciation opérée depuis sa création. Miroir brisé, réification, homologie structurale, déterminisme psychique, texte ouvert... , tous ces concepts vont nous emmener de la signification à la signifiance. Pour en venir à notre propos qui est le texte de Dib, ce dernier une fois le devoir national assumé, entre résolument dans la problématique moderne de l'écriture. Il ne donnera désormais plus de représentation du réel mais ira vers une organisation signifiante qui bien que rendant compte du réel va s'écarter du vraisemblable. Et l'on assiste en suivant l'itinéraire commençant déjà dés son oeuvre qui se souvient de la mer jusqu'à la dernière œuvre parue l'arbre à dires, à ce qu'appelait Barthes "Une passion de l'écriture, suivant pas à pas le déchirement de la conscience bourgeoise".

L'écriture dibienne au fur et mesure de son avancée se dépouille des artifices de la doxa et s'épurant entame sa quête de ce rêve orphéen : une écriture sans littérature (littérature lue dans son sens de présence, de patrimoine social). Une écriture en quête d'absolu, d'absence. Ainsi va apparaître progressivement dans le texte dibien la quête du sens. La lecture va donc devenir errance à travers un itinéraire labyrinthique où temps et espace se trouvant confondus vont créer une rupture chronotopique rendant la langue autarcique. Les dimensions vont puiser dans l'espace onirique pour créer un fantastique, un lendemain apocalypse, une dimension de YOUM EL KIAMA, espace de seule vérité donc de seule réalité ?

Nous assistons de plus en plus à une représentation de la chose mystique dans une esotérisation textuelle évolutive. Une pléthore de mythes constituant une tour de Babel va inscrire la méditation de l'auteur sur le fait existentiel. Le texte dibien est cette philosophie dite par Montaigne comme étant l'apprentissage de la mort. Une mort donnée comme celle d'un réel non conforme aux vœux de vie, un réel ne portant ni la nostalgie du passé ni l'espoir du futur, une mort identitaire Aussi va apparaître dans le texte dibien une inscription de manque qui va se développant, exprimer que le Même ne peut atteindre sa plénitude qu'a travers sa complémentarité avec l'Autre. Appelant ainsi à l'échange entre les cultures, Dib va se faire le chantre de l'universalisme. Ainsi symbolisme et universalité vont joncher le texte dibien où l'on verra se succéder des mythes aussi bien arabes tel celui de Medjnoun Leila qu'universaux tel celui d'Adel et Cain ou celui de l'amour loup etc...

Cette quête du soi à travers l'autre procède d'un romanesque puisant aussi bien dans la mystique religieuse que dans l'androgynisation qui posait dans la tradition antique le modèle de la plénitude. C'est une écriture qui fait se côtoyer les dimensions majeures de l'humain : la vie, la mort, la folie.

L'écriture dibienne procède d'une trichotomie dédoublée : errance/absence /mort et amour/présence/folie où présence et absence vont s'androgyniser dans la folie. L'italique qui dans les premiers textes de Dib constituait un espace du Moi se disant dans son originalité, évolue à mesure de l'écriture en une parole originelle doublant une parole tourmentée réfractant un réel pas encore dit dans une écriture en quête de se dire. L'italique va donc surgir pour bouleverser l'ordre formel et se poser en oracle récitant la parole sacrée. Et pour n'en citer qu'un exemple nous nous référerons à l'œuvre Le Sommeil d'Eve, dans laquelle l'italique vient dans le texte étoffer l'aspect profane de ce dernier d'un double sacré. L'on retrouve ainsi des versets de deux sourates : contemporaines Meriam et Ennour. Parfois Dib intertextualise la parole sacrée, l'actualisant dans son texte.

L'écriture dibienne s'enfonce au fur des œuvre dans un espace où la littérature est placée à son niveau le plus mythique. Les derniers texte de Dib sont, pour reprendre la fameuse expression de Khatibi "des texte limites". Texte limites donc qui ne s'ouvrent désormais plus sur cette quête identitaire tant menée par Dib mais se ferment sur un silence irréversible : celui de la folie (Les héros de Dib sombrant dans la démence) Silence consommant la rupture identitaire. Ainsi l'écriture en crise d'identité va se mettre en quête de ce sens qui ne pouvant être dit tend à rejoindre ce rêve Flaubertien : une écriture sur rien, un rien fait d'absence, cette absence dont Derriba dit "une absence de tout où s'annonce toute présence". L'écriture ne rejoint-elle pas ainsi ce lieu de l'absence où tout peut se dire : l'espace onirique ?
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Re: Problématique de l'interprétation
Posté par swannpichon le 28/12/2004 11:17:12
J'ai peur que Voltaire ait été ici détourné. "l'écriture est la peinture de la voix", et non l'inverse.
Problème d'interpretation ???
BIEN JOUE!
Posté par jerome0901 le 13/12/2004 18:20:07
je ne te connais pas, mais pour reprendre la phrase de "mario wins":

bien joué, fatiha!!! :-)

c'est un super article que tu nous livres. meme si je ne suis pas d'accord sur toutes les idees, tu ecris tres bien, tres lisiblement, et tu presentes clairement une intertextualite que tout le monde n'a pas (en l'occurence, l'oeuvre de dib).

pour resumer: bien joué! ;-)
Re: problématique de l'interprétation
Posté par tom25-33 le 13/12/2004 16:16:09
c'est abstrait...en l'occurence, c'est la problématique de l'interprétation avec ton texte. Tu l'as fait pour tes études ?

Modifié le 13/12/2004 16:16:53
Re: Problématique de l'interprétation
Posté par wario wins!!! le 12/12/2004 12:01:38
bien joué Fatiha!!!!!!!!
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Publié le 12 décembre 2004
Modifié le 12 octobre 2004
Lu 4 058 fois

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