"À cinquante ans passés, Léon Van Bel, machiniste-mécanicien proche de la retraite, s'accroche passionnément à son métier de cheminot, et à la machine qui l'incarne : la 12.004, somptueuse loco à vapeur de plus de vingt mètres de long, avec laquelle il a déjà fait quatre fois le tour de la terre et qu'il surnomme affectueusement "la Douce". Mais au fond, il ne se fait guère d'illusions. Dans ce monde qui pourrait être le nôtre, les transports ferroviaires traditionnels seront très bientôt détrônés par le téléphérique, et Van Bel irrémédiablement mis au rancart, sacrifié comme sa machine aux exigences de la modernité. Pour protéger la loco du dépeçage, le vieux cheminot révolté tente, en vain, de voler la Douce. Persuadé néanmoins qu'elle a pu échapper aux ferrailleurs, et qu'il saura la retrouver, il embarque clandestinement à bord du téléphérique, en compagnie d'une jeune femme mutique dont il a déjà brièvement croisé la route, dans des circonstances dramatiques... " (Présentation Casterman)
François Schuiten revient à la bande dessinée, mais cette fois-ci sans son compère Benoit Peeters et pas pour un album des fameuses "Cités Obscures". Il réalise, aux éditions Casterman, un one-shot en forme d'hommage à une locomotive imaginée à la fin des années 1930 imaginée par l'ingénieur Raoul Notesse. Fasciné par l'univers des trains (on se souvient de l'album "Le Rail", réalisé en 1981 avec Claude Renard), l'auteur a été émerveillé par la puissance et le design futuriste de la locomotive Atlantic de type 12. Il décide alors de consacrer un album à cette machine qui, pour lui, vient à la fois du passé et appartient également au futur par son design si particulier. Une belle manière de faire revivre la patrimoine industriel.
Et pour raconter une histoire autour de cette locomotive, François Schuiten met en scène un machiniste-mécanicien, Léon Van Bel, littéralement amoureux comme lui de cette machine machine. Une mystérieuse montée des eaux va en rendre l'usage impossible et il est décidé en hauts lieux d'abandonner le train pour des téléphériques électriques plus modernes. Face à leur arrivée, Van Bel va organiser la résistance pour sauver sa "douce" de la destruction. Mais malgré ses efforts, celle-ci lui est enlevée et se retrouve dans un cimetière de ferraille. Le machiniste entame un voyage périlleux pour la retrouver. En chemin, il peut compter sur l'aide de l'énigmatique Elya. Une jolie histoire qui nous invite au voyage et nous emmène très loin.
Sur le plan graphique, François Schuiten revient au noir et blanc, déjà magistralement utilisé dans un des albums les plus réussis des "Cités Obscures", "La Tour". Chaque case de "La Douce" ressemble à une gravure, devant laquelle nous pouvons rester en admiration pendant des heures. Le dessinateur rend à merveille les lignes aérodynamiques de la 12, et les panaches de fumées qui en sortent.
L'auteur a décidé d'accompagner cette bande dessinée d'une expérience de réalité augmentée. Il s'est ainsi associé à Dassault Systèmes, dont les équipes ont réalisé une maquette industrielle en 3D. En vous connectant au site, http://www.12-ladouce.com/, et en présentant la page de garde devant une webcam, vous verrez s'animer la 12 en relief pour poursuivre encore un peu plus le voyage.
Titre : La Douce
Auteur : François Schuiten
Editeur : Casterman