Les jeunes devraient-ils faire du "Rock indé-débile" dixit Les fatals Picards pour se faire entendre dans une société où 28% d'entre eux dans le monde vivent encore dans l'extême pauvreté ? Qu'en pensent nos amis musiciens ?
Disons que si l'on se fie à ces statistiques qui font au passage froid dans le dos, malgré une grosse doudoune pour passer l'hiver, on peut en déduire que non, le rock indé-débile n'est pas une solution. Et puis si tous les jeunes se mettent à faire comme les vieux (les Fatals Picards sont vieux - c'est triste mais c'est comme ça), il n'y aura plus de travail pour nous, et un Fatals Picards qui perd son emploi, c'est un papillon qui meurt au Liban.
Et en 2011, est-ce aussi dur que cela d'être "un fils de père de gauche" ? Bien au contraire, ça permet de faire rapidement la différence entre Jean Ferrat et Michel Sardou. Peut-être aurions-nous fait tout de même cette chanson si nous avions été de droite, mais personne n'est imparfait, à part peut-être le subjonctif ?
Quels sont les sujets de société qui vous inspirent ? Pourquoi tel thème ?
Pour le dernier album qui sortira début mars, on est allé piocher un peu partout : le coming-out, la pédophilie, l'immigration, les bébés congelés, les Moonboots, les soirées un peu trop arrosées. C'est vrai, que l'album précédent était plutôt orienté, plus politique, mais cette fois-ci ont est allé défricher de nouvelles terres. Pour le thème, c'est le potentiel comique, on essaie toujours de voir de qu'elle manière le sujet peut-être abordé, et comme notre fil rouge est l'humour sous toutes ses formes, sous toutes ses couleurs, on voit si l'on peut injecter un peu d'humour dedans, et si cela ne marche pas, on laisse tomber et on retourne jouer au flipper (je vous rappelle que nous sommes vieux, et que donc, nous avons des loisirs de vieux, le flipper en fait partie !) Nos chansons sont là pour évoquer avec humour des sujets graves, comme l'exclusion sociale, le chômage, le totalitarisme, Bernard Lavilliers, mais nous ne nous posons jamais en donneurs de leçons, en mecs qui se doivent de le faire savoir au monde entier.
Vos textes peuvent être mordants, c'est facile de s'engager en chansons ?
Nous sommes plutôt un "groupe concerné", nous préférons que "groupe engagé". L'engagement poilitique, social, intellectuel est une chose sérieuse qui suppose une réelle participation : s'engager dans une société humanitaire, un parti politique, un groupe de réflexion... Nous nous sentons "concernés" par ce qui se passe autour de nous, la manière dont notre société évolue, ses excès, ses dérives, mais pour ce qui est de l'engagement, c'est pour nous une démarche qui se doit d'être individuelle : on ne va pas à quatre aux toilettes par exemple, et aller aux toilettes c'est déjà un engagement en soi.
La violence des jeunes rythme-t-elle avec faillite des adultes ?
"-pas seulement quand ils visitent Sarcelles-" C'est vrai que même si on passe pour des garçons non violents, et pratiquement incapables de faire du mal à une mouche, on peut parfois être envahis par de violentes pulsions destructives en traînant nos pas dans certaines banlieues françaises. Il est probablement injuste de faire rétrospectivement le procès des plans d'urbanisme d'après-guerre, mais force est de constater que, même s'il ne faut pas leur rejeter l'intégralité de la pierre, certains architectes mériteraient la torture. La violence des jeunes et la violence de nos sociétés existent depuis que l'homme a découvert qu'un fémur de mamouth pouvait non seulement servir pour construire sa maison mais aussi, pour s'en aller chasser pour se nourrir. Plus sérieusement, les adultes ont évidemment leur part de responsabilité, car ils sont les garants et les défendeurs de valeurs morales, le bien vivre en société à l'école, au travail, entre copains... Mais les parents doivent demeurer l'Alpha et l'Oméga.
Pourquoi soutenez-vous la Fondation Abbé Pierre contre le mal-logement ?
Pour plusieurs raisons : L'abbé Pierre on connaît, on était pas nés en hiver 54, mais son combat permanent contre l'exclusion, jusqu'à son dernier souffle, a été quelque chose qui a marqué les gens de notre génération, en plus, même pour des personnes comme nous, qui gagnons bien notre vie, la question du mal-logement n'est pas une vue de l'esprit, et nous avons été confrontés, au moins une fois dans notre vie à la difficulté qu'il peut y avoir pour obtenir un logement décent. Nous avons évoqué cela en chanson, dans "Canal St Martin", mais aussi dans "Le jardin", un titre qui évoquait ces gens pleins d'humanité et d'amour du prochain que sont les marchands de sommeil.
Et si nous parlions de votre actualité : un clip, un disque, une scène ?
Nous venons de finir le tournage d'un clip "Coming-out", un clip qui devrait être visible à partir du mois de février, le disque est quant à lui enregistré et n'attend plus qu'une jolie pochette. Il sortira la première semaine de mars, juste pour le commencement de notre nouvelle tournée qui devrait comporter une bonne centaine de dates et nous emmener aux quatre coins de l'Hexagone et aux trois coins de Belgique, et oui, peu de gens le savent, mais la Belgique n'a que trois coins !
Les textes et des extraits de musique des Fatals Picards peuvent être lus et entendus sur Francejeunes.net
Les CD sont disponibles chez tous bons disquaires. Plus d'informations sur le groupe : http://www.fatalspicards.com |